Laurent Wehrli tente de sensibiliser les parlementaires réfractaires au vote électronique à son importance pour les Suisses de l’étranger.
Katy Romy / SWI swissinfo.ch
Vote électronique, relations avec les banques suisses, élection au Conseil fédéral: le député libéral-radical Laurent Wehrli fait le point sur les dossiers politiques qui impactent les Suisses de l’étranger. Dans notre série «La Cinquième Suisse sous la Coupole», il explique pourquoi il défend les intérêts des personnes expatriées.
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20 mars 2025 – 08:09
Laurent Wehrli, député du Parti libéral-radical (PLR / droite) depuis 2015, est un politicien tourné vers l’international. Il préside la Commission de politique extérieureLien externe du Conseil national (Chambre basse) et fait partie du bureau de l’intergroupe parlementaire «Suisses de l’étranger». Âgé de 59 ans, il est marié, père de deux enfants et a deux petites-filles. Professionnellement, il dirige une entreprise dans le secteur de l’événementiel, active à l’international.
La Cinquième Suisse sous la Coupole: Contrairement à la France ou l’Italie, qui accordent des circonscriptions électorales à leurs citoyens expatriés, les Suisses de l’étranger ne disposent pas de représentation directe sous la Coupole fédérale. Cela ne signifie pas pour autant que leurs intérêts ne sont pas pris en compte. Plus de 60 députés et sénateurs (sur 246) sont membres de l’intergroupe parlementaire «Suisses de l’étranger»Lien externe. Chaque semaine de session, nous donnons la parole à l’un d’entre eux dans notre nouveau format «La Cinquième Suisse sous la Coupole».
swissinfo.ch: Quelle a été, pour vous, la priorité au cours de la session qui se termine ce vendredi?
Laurent Wehrli: Évidemment, comme cela ne se fait pas lors de chaque session, la priorité a été l’élection d’un nouveau membre du Conseil fédéral. C’est un événement important, car la composition du gouvernement influence ses forces et ses visions. Il est intéressant de noter que le nouveau ministre de la Défense centriste, Martin Pfister, a une ouverture très personnelle sur l’international, puisque son épouse est Brésilienne. Cela constitue une bonne nouvelle pour les Suisses de l’étranger, même si son rival Markus Ritter se montrait également ouvert à la Cinquième Suisse.
Avez-vous également débattu de thèmes particulièrement importants pour les Suisses de l’étranger?
Nous avons par exemple débattu des mesures proposées par la Commission d’enquête parlementaire sur la chute de Credit Suisse pour éviter une nouvelle débâcle bancaire. Cette discussion pourrait avoir un impact indirect sur la Cinquième Suisse. Si on impose plus de contrôles aux banques, il pourrait devenir plus difficile pour les Suisses de l’étranger de montrer patte blanche pour maintenir ou ouvrir un compte en Suisse. Or, il est important pour les personnes expatriées de pouvoir conserver des liens bancaires avec leur pays d’origine. Lorsque je rencontre des Suisses de l’étranger, c’est l’un des sujets dont on me parle le plus souvent.
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Comment voyez-vous la Suisse dans le monde en ce moment?
La situation géopolitique est bousculée, avec l’abandon du multilatéralisme au profit de la rencontre bilatérale, dans un climat de polarisation. Dans ce contexte, la Suisse doit continuer à servir le monde en offrant ses bons offices et en s’engageant en faveur du droit international humanitaire, qui est mis à mal actuellement dans plusieurs conflits. Ce rôle est reconnu et utilisé à l’international.
La Confédération n’a pas perdu sa neutralité comme certains le prétendent. Elle a pris des sanctions contre la Russie, qui a violé le droit international en envahissant l’Ukraine. Malgré cela, la Russie reconnaît qu’il revient à la Suisse de présider l’Organisation pour la sécurité et de la coopération en Europe. Elle n’a pas non plus dénoncé le mandat qu’elle a confié à la Suisse depuis 2009 de représenter ses intérêts en Géorgie.
Vous faites partie du bureau de l’intergroupe parlementaire «Suisses de l’étranger». Pourquoi vous engagez-vous en faveur de l’électorat des Suisses à l’étranger?
Je ne m’engage pas pour les Suisses de l’étranger dans l’idée qu’il s’agit d’un électorat et que cela pourrait me rapporter des voix. Je le fais car mon rôle d’élu est d’agir pour tous les Suisses, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Comme je suis membre de la Commission de politique extérieure et engagé depuis de nombreuses années dans les relations internationales, je trouve qu’il est important d’être en contact et de représenter les Suisses de l’étranger dans nos discussions au Parlement.
Quels sont vos liens avec la communauté des Suisses de l’étranger?
J’ai été assistant universitaire aux États-Unis, mais il y a de nombreuses années et pour une courte période. Je ne me considère donc pas comme un Suisse de l’étranger. Certes, j’ai des enfants qui ont vécu à l’étranger ou qui y vivent encore, mais ce n’est pas ce lien personnel qui me motive à m’engager pour la diaspora.
Quelles victoires avez-vous pu obtenir en défendant les intérêts des Suisses de l’étranger?
Ce qui me réjouit le plus est d’avoir pu remettre sur la table le vote électronique pour les Suisses de l’étranger. Lorsque Genève a mis fin à son projet, l’e-voting a subi un coup d’arrêt, empêchant de nombreux Suisses de l’étranger de voter, car ils ne recevaient pas le matériel de vote à temps.
Lors des élections fédérales de 2023, six cantons ont testé un système de vote électronique qui a prouvé son bon fonctionnement. J’ai bon espoir que pour les élections fédérales de 2027, tous les Suisses de l’étranger pourront utiliser ce système.
J’ai beaucoup de contacts avec des élus opposés au vote électronique pour leur faire comprendre la nécessité de cette solution pour la diaspora. Récemment, l’un des responsables du dossier au sein de l’UDC [Union démocratique du Centre / droite conservatrice], qui est opposé au vote électronique, a reconnu qu’il comprenait son utilité pour les Suisses de l’étranger. Il a confié que la position de son parti pourrait évoluer et qu’il pourrait soutenir un système d’e-voting pour les citoyens de l’étranger.
Avez-vous aussi dû concéder des défaites?
J’espère constamment que nous trouvions des solutions, mais la question du maintien d’un compte bancaire en Suisse est très problématique. Pour de nombreux Suisses de l’étranger, cela reste impossible en raison des frais élevés imposés par les établissements bancaires. Nous avons tenté de forcer PostFinance à proposer une offre spéciale, mais le Parlement a refusé. Cependant, nous avons une bonne solution avec les banques cantonales de Genève et de Zurich.
Si vous deviez émigrer, quelle destination choisiriez-vous?
Comme j’ai une entreprise en Afrique du Sud, c’est certainement un endroit où j’irais. Cependant, c’est délicat de dire où je voudrais aller, car cela pourrait signifier que je ne souhaite pas me rendre ailleurs. J’aime tellement le monde et j’ai de nombreux amis et relations dans différents pays.
Relu et vérifié par Samuel Jaberg
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