Suisse

En Suisse, des proches aidants en mal de reconnaissance

La démission soudaine de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a donné un coup de projecteur sur les proches aidants en Suisse. Keystone / Anthony Anex

Le sort des proches aidants n’est guère enviable en Suisse où rares sont les cantons à leur fournir un soutien financier direct. Mais des stratégies se dessinent afin de mieux encadrer ce soutien essentiel pour faire face au vieillissement de la population et à la pénurie de personnel dans la santé.    

Ce contenu a été publié le 27 mars 2023


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+ Retour sur la démission de Simonetta Sommaruga du gouvernement suisse

Statut national à définir  

Pas loin de 15% de la population, dont une large majorité de femmes, est au chevet de proches en Suisse, le plus souvent bénévolement. Avec la pénurie de personnel dans le secteur de la santé, leur dévouement soulage les hôpitaux et les EMS. Mais ce pensum use. D’autant que leur statut n’est toujours pas reconnu.    

Selon une étude menée conjointement par l’organisation syndicale Travail.Suisse et la Haute École spécialisée bernoise, pas loin d’une personne sur cinq ayant une activité professionnelle soutient un proche adulte. Mais seul un tiers de ces 860’000 personnes reçoit un soutien de leur employeur. L’Office fédéral de la santé publique estime jusqu’à 1,4 million le nombre de personnes proches aidantes tous âges confondus.

Leur sort s’est toutefois un peu amélioré depuis 2021 avec l’introduction dans la législation suisse d’un congé de courte durée (3 jours payés) pour les proches et d’un congé de prise en charge payé jusqu’à 14 semaines pour les parents d’enfants gravement malades ou accidentés. En avril, la Commission fédérale de la santé publique doit également débattre de la nécessité de définir un statut national.

Santé et vie sociale impactées  

«Nous sommes encore loin d’avoir une base légale nationale, même cantonale, qui reconnaisse financièrement ce labeur», lâche Rémy Pingoud, président de l’Association de proches aidants du canton de Vaud.

Son comité poursuit une démarche citoyenne en visitant des entreprises. Objectif: sensibiliser le secteur privé aux problèmes de la perte de salaire et de la prévoyance professionnelle. «Pour les personnes actives, la priorité est de convenir avec leur employeur de l’aménagement d’horaires pour éviter de devoir diminuer leur taux d’activité et ne pas créer de lacunes dans les cotisations de retraite», souligne-t-il.

«Sur les 86’000 proches aidants du canton de Vaud, environ 60% poursuivent une activité professionnelle», confirme Rémy Pingoud. Parmi d’autres aides, son canton a lancé un dispositif de soutien moral. La permanence téléphonique mise en place reçoit environ 1500 appels par an, un chiffre qui a doublé en dix ans. Des antennes psychologiques régionales enregistrent quant à elles plus de 1700 consultations par année.

Plus de sept millions de francs pour des prestations financières cantonales, et tout autant pour subventionner des prestations de soutien, ont été débloqués en 2019 dans le canton de Vaud. Un dixième des prestations financières est consacré à la perte de gain, mais sans qu’aucun dédommagement direct ne soit accordé.

>> Le reportage du 19h30 de la RTS consacré au difficile travail des proches aidants:

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