Ecole inclusive: une école pour tout le monde, est-ce que ça fonctionne?
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27 juin 2024 – 15:00
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“L’inclusion est souhaitable, mais la vouloir à tout prix ne mène à rien”, clame pour sa part le PLR dans son document sur la formation scolaireLien externe adopté le 22 juin. L’école inclusive “désavantage les enfants rencontrant des difficultés d’apprentissage et entrave l’enseignement ordinaire”, peut-on y lire. Les libéraux-radicaux dénoncent “une uniformisation artificielle et très coûteuse” qui ne profiterait à personne et saperait l’égalité des chances.
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Fortes tensions dans certains cantons alémaniques
La prise de position du PLR fait suite aux polémiques sur l’école inclusive qui ont émergé ces dernières années en Suisse, surtout côté alémanique. Si le principe même est largement soutenu, la mise en oeuvre de cet idéal diffère en effet fortement d’un canton à l’autre. La résistance est particulièrement forte à Bâle-Ville. Lancée par le syndicat des enseignants, une initiative réclame des classes spéciales de rattrapage pour les enfants qui ont des difficultés à s’intégrer dans une classe ordinaire.
C’est exactement l’approche adoptée à Lucerne. Lors de la rentrée l’an dernier, le Canton a introduit quatre classes spéciales à titre d’essai pendant trois ans. Elles sont destinées aux enfants présentant des problèmes de comportement et des difficultés de développement socio-affectif, explique Martina Krieg, directrice du département cantonal de l’enseignement primaire, sur SRFLien externe. Pour elle, il ne s’agit toutefois pas d’une rupture avec le principe de l’école inclusive.
>> Ecoutez le reportage de SRF à Lucerne (22.05.2023):
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Le Tessin et le Valais, cantons précurseurs
Parmi les bons élèves, le Tessin est souvent considéré comme un modèle à suivre. Sans y être parfaite, l’intégration scolaire y est la plus avancée de Suisse, rapporte Swissinfo. Le canton italophone bénéficierait de sa proximité avec l’Italie, où les élèves en situation de handicap sont inclus dans les classes ordinaires depuis les années 1970.
En Valais, canton lui aussi pionnier, l’école inclusive ne semble pas non plus poser de gros problèmes. L’été dernier, la RTS a ainsi pu suivre la rentrée scolaire d’Audrey à Monthey (VS). Cette enfant de 11 ans aux besoins spécifiques suit un enseignement classique avec le soutien d’une enseignante spécialisée. Ses parents n’ont jamais souhaité la placer en institut spécialisé, afin de lui offrir une vie la plus normale qui soit.
>> Le reportage de RTS dans une école à Monthey :
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La grogne monte aussi en Suisse romande
“On essaie d’intégrer lorsque c’est possible, mais on ne peut pas le faire dans tous les cas. (…) L’inclusion n’est pas une fin en soi mais un objectif”, commente le conseiller d’Etat valaisan Christophe Darbellay. Alors que plusieurs cantons romands ont annoncé quelques reculs en matière d’école inclusive, le chef du Département de la formation relève toutefois qu’”on est allés très loin dans l’individualisation de l’enseignement”. Selon lui, “il faudra peut-être revoir un certain nombre de priorités”.
>> L’interview du conseiller d’Etat valaisan Christophe Darbellay sur l’école inclusive :
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Car la grogne commence à monter en Suisse romande aussi. “Le soutien à l’école à visée inclusive s’est étiolé, le mécontentement se renforce”, écrivaient mercredi les syndicats des enseignants romands à la fin mai au terme d’une enquête menée auprès de plus de 2500 membres du corps enseignant. En premier lieu, le manque de ressources et la forte augmentation de la charge de travail sont pointés du doigt. Mais la résistance est forte vis-à-vis du principe même de l’école inclusive telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui.
>> Les explications de RTS sur l’enquête menée auprès des enseignants:
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