Suisse

Comment des femmes nourries au surréalisme ont combattu l’héritage du fascisme

Oeuvre de Bady Minck, «La Belle est la Bête/ Beauty is the Beast», 2005


Oeuvre de Bady Minck, «La Belle est la Bête/ Beauty is the Beast», 2005


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Pour le centenaire du surréalisme, un regard neuf sur ce mouvement est posé dans le cadre d’une exposition dans le nord de la Grande-Bretagne. L’angle féministe est mis en avant dans «The Traumatic Surreal» au-travers d’œuvres datant des années d’après-guerre et réalisées par des femmes de Suisse, d’Allemagne et d’Autriche.

Porte-flambeau  

L’exposition nous projette enfin en 2017 avec l’œuvre «Öffne meine Lichtung/ Open My Glade (Flatten)» (2000-2017) de Pipilotti Rist, laquelle se compose de neuf petits films d’une minute réalisés à partir d’une caméra placée à l’extérieur d’une fenêtre d’un logement haut perché. Cette dernière filme l’artiste pressant son visage contre la vitre.

L’effet est grotesque, sensuel et surréaliste. Son rouge à lèvres devient une éclaboussure amorphe, ses cheveux ressemblant à des herbes sont coincés entre son corps et la fenêtre. Au-travers de cette performance et fixant la caméra, l’artiste critique la façon dont le cinéma déforme, piège et fétichise souvent le mirage de la féminité.

Extrait video de «Open My Glade (Flatten)», installation de Pipilotti Rist (2000).


Extrait vidéo de «Open My Glade (Flatten)», installation de Pipilotti Rist (2000).


© Pipilotti Rist

Bien que le surréalisme ait souvent lui-même mis en boîte les femmes dans une vision absolue de la sensualité et de l’irrationnel, une forme de tradition est réappropriée ici de façon ludique et autoréflexive, prouvant le potentiel de dissidence du mouvement. 

Alors que les droits des femmes sont à nouveau menacés de par le monde et face à la montée de l’extrême-droite en Europe et au-delà, l’exposition montre avec pertinence comment des déchets bricolés du quotidien peuvent devenir objets de résistance.  

«The Traumatic Surreal» est présentée à l’Institut Henry Moore de Leeds jusqu’au 16 mars 2025. Une exposition sœur intitulée «Forbidden Territories: 100 Years of Surreal Landscapes» est visible pour sa part au Hepworth Wakefield jusqu’au 21 avril prochain.

Texte relu et vérifié par Reto Gysi von Wartburg et Eduardo Simantob, traduit de l’anglais par Alain Meyer/sj