Vendée Globe 2024 : « Est-ce que tu pêches ? »… Yoann Richomme échange avec des écoliers en pleine course
Si Yoann Richomme rate le podium de cette dixième édition du Vendée Globe, et pire encore la victoire, pour quelques mètres, il se souviendra de ces trois quarts d’heure passés à échanger avec des enfants, juste avant de passer le cap Leeuwin, juste avant l’Australie. Plusieurs écoles étaient connectées en visio et, pour le bon déroulé de la séance, le troisième de la course a décidé de baisser un peu le pied.
« Quand il y a de l’eau qui passe sur le pont, on perd un peu la connexion, explique le skippeur de Paprec-Arkéa. Je vais essayer de calmer un peu le rythme, le temps de l’échange. » Et de Ploemeur à Grenoble, une dizaine d’écoles élémentaires ont donc pu discuter avec le marin, dans un calme absolu, loin de l’agitation des cours de récréation, pendant que les vagues faisaient bouger l’hôte du soir, pourtant bien calé dans son siège.
« En mer, on se salit moins »
Parmi tous les bambins les yeux rivés sur l’écran, certains ont osé prendre le micro pour poser leur question, entre ceux qui connaissent la voile et vont jusqu’à demander comment réparer une voie d’eau à bord du bateau ou quelle est sa voile préférée aux autres qui ont des demandes beaucoup plus pratiques, comme savoir combien de douches a pu prendre le skippeur depuis le départ de la course, il y a un mois. « Deux douches, répond Richomme sous les cris de dégoût de la foule. En mer, on se salit moins. »
Ce qui a le plus intrigué nos intervieweurs du jour est le sommeil d’un skippeur à bord, alors que la tempête, avec des vagues de 8-9 mètres de haut, dans l’océan Indien a mis bateau et marin sous tension. « Hier soir (lundi), j’étais vraiment cramé, donc j’ai réussi à m’endormir assez facilement. Après, on peut voir aussi que j’ai un casque antibruit pour essayer d’avoir un peu plus de silence, j’ai quelques petites astuces comme ça. Après, je me mets dans ma bannette, je ne peux pas rouler dedans. C’est le seul endroit où j’arrive vraiment bien à dormir. »
« Je crois que je n’ai rien pour pêcher »
Durant les premiers jours de course, Yoann Richomme a fait plusieurs nuits blanches, pour tenter de gérer au mieux des conditions de navigations compliquées, sans vent. Depuis, ses périodes de repos n’excèdent pas quatre heures, explique-t-il aux écoliers, qui l’ont également interrogé sur son repas préféré à bord. « Un poulet du dimanche, un peu comme celui qu’on mange avec nos parents. Des patates, une bonne sauce et un bon poulet grillé, ça marche bien. »
Et s’il n’y a plus de nourriture à bord, pourrait-il se mettre à la pêche, demande Isia ? « J’ai de quoi manger pendant quatre-vingt-dix jours, répond l’invité, donc j’ai normalement assez pour aller au bout. Mais si jamais ce n’était pas assez, oui, je pêcherai, mais je ne sais pas si j’ai du matériel de pêche à bord. Je crois que je n’ai rien pour pêcher. » La séance de questions-réponses s’est terminée par de nombreux encouragements, bruyants cette fois, pour le skippeur.
« C’est un plaisir de faire ça, je n’ai pas des journées hyper remplies, a conclu le troisième de la flotte à passer le cap Leeuwin. C’est génial de partager ça avec autant d’écoles, d’enseignants, qui arrivent à inclure le Vendée Globe dans leur feuille de route, et d’enfants. On peut partager tellement de choses. C’est rare de faire voyager des enfants à l’opposé du globe, je suis trop content de participer à ça. » Allez, maintenant on remet les gaz et on finit sur le podium.