Vendée Globe 2024 : Bestaven le poissard abandonne, une bagarre historique à l’avant… Le journal de la course
Le Vendée Globe perd son tenant du titre. Yannick Bestaven, dont le bateau avait déjà été affaibli par la perte d’une voile et des dégâts sur le foil tribord, a été contraint d’abandonner ce lundi matin, juste après le passage du Cap Horn. A l’avant, Yoann Richomme et Charlie Dalin se tirent plus que jamais la bourre, le second étant revenu à 5 petits kilomètres du premier.
Le coup dur de trop pour Bestaven
Fin du voyage pour Yannick Bestaven. Le vainqueur du Vendée Globe en 2021 a été contraint d’abandonner la course ce lundi matin, juste après avoir passé le Cap Horn. Le skippeur de Saint-Nazaire, victime d’une importante avarie sur son système de barre vendredi, ne peut plus réparer seul son bateau, pas épargné dans l’océan Pacifique.
Auteur d’une première moitié de course solide, passée au chaud dans le top 10 du classement, Bestaven a vécu une terrible série noire la semaine dernière, dans une mer formée entre le point Némo et le Cap Horn. Après avoir perdu une voile puis subi de gros dégâts sur son foil tribord, il a tout de même persévéré, jusqu’à l’avarie de trop sur son système de barre, qui rend son bateau difficilement dirigeable et donc dangereux avant la remontée de l’Atlantique.
« L’arrière tribord de Maître CoQ V est cassé, le fond de coque est délaminé, couplé à mes problèmes de barre ce n’était pas possible de continuer plus loin, a expliqué le skippeur dans une vidéo transmise aux organisateurs. J’aurais aimé passer le Cap Horn dans de meilleures conditions, mais le bateau et la mer en ont décidé autrement. Je vais devoir faire une escale technique à Ushuaïa. »
Le voilà donc en train de naviguer à petite vitesse vers la pointe sud de l’Argentine, où il est attendu à terre dans la journée. Il sera rejoint dans quelques jours par une partie de son équipe pour entamer des réparations et, si tout va bien, terminer son tour du monde jusqu’aux Sables d’Olonne. Hors course, mais pour le plaisir de naviguer.
Bagarre historique à l’avant
Yoann Richomme (Paprec Arkéa) sera-t-il toujours leader au moment de basculer en 2025 ? Rien n’est moins sûr, car Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) est en train de revenir comme une balle dans le sillage du leader. Le Havrais est pointé à un peu plus de 5 km de la tête ce lundi matin, étirant ainsi toujours plus le suspense qui règne dans ce Vendée Globe quasiment depuis le départ.
Un si petit écart alors que la remontée de l’Atlantique est déjà bien entamée, c’est du jamais-vu. Et pour ne rien gâcher, il n’est pas dit que Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), qui a récupéré énormément de terrain ces dernières 24 heures grâce à son choix de venir longer les côtes brésiliennes, ne se joigne pas à la fête.
Le classement lundi à 11 heures
1. Yoann Richomme (Paprec Arkéa)
2. Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) à 5,9 km du premier
3. Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) à 455 km
4. Thomas Ruyant (Vulnerable) à 2.289 km
5. Paul Meilhat (Biotherm) à 2.712 km
Joschke accumule les pépins
Comme disait un ancien président de la République, « les emmerdes, ça vole toujours en escadrille ». Demandez à Isabelle Joschke (MACSF, 19e) ce qu’elle en pense. Après des problèmes moteur, des soucis de capteur de quille et une avarie sur son chariot de grand-voile et sur sa grand-voile ces derniers jours, la navigatrice franco-allemande vient de casser son foil tribord. Son bateau n’a plus qu’une aile, et la suite s’annonce très (très) compliquée.
« Ça va être une course qui va se continuer pas à pas, une course différente, il faut faire avec, ça fait franchement suer, mais j’ai pas le choix, j’espère que tous les autres pépins vont pas m’handicaper davantage, et que la météo sera clémente après le Horn. Il y a beaucoup de si en fait ! Mais le Vendée Globe c’est ça », a-t-elle observé lundi matin lors de sa vacation.
La skippeuse se veut combative, mais le moral est touché, comme le physique. « Ça a été très éprouvant de bricoler alors que le bateau continuait d’aller vite, ça engendre des tassements de vertèbres, ça tape et on n’est pas dans une bonne position, ça crée des grosses crispations dans le corps, a-t-elle expliqué. J’ai beaucoup de tensions dans le haut du dos, j’avais déjà une côte en vrac, ça a fait que s’amplifier, donc je me sens bien crevée. » Courage Isabelle.
Des nouvelles de Marina Foils
Ça galope pour Marina dans le Pacifique ! Pas abattu par son mauvais choix tactique après le passage de la Nouvelle-Zélande, notre skippeur virtuel s’est ressaisi et fonce désormais à plus de 22 nœuds de moyenne sur ces dernières 24 heures qui l’ont vu passer juste en dessous du point Nemo, ce fameux point de l’océan le plus éloigné de toute terre émergée.
Résultat, encore 15.000 concurrents déposés sur le bas-côté, et une 107.000e place au classement plus conforme aux ambitions. A ce rythme-là, Marina pourra bientôt profiter d’un petit cocktail au passage du Cap Horn.