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Va-t-on se baigner dans des piscines publiques crados ?

Jusqu’à 2016, la réglementation imposait quatre vidanges annuelles des bassins pour permettre leur nettoyage et le remplacement de l’eau. Mercredi, les ministres des Sports et de la Santé ont abrogé cet arrêté par décret, signant la fin des vidanges annuelles obligatoires.


On sait bien, même si cela n’est pas agréable à entendre, ce que certains font dans les piscines publiques. Cela, ainsi que d’autres facteurs, entraîne une qualité de l’eau parfois décevante malgré les traitements en place. Jusqu’en 2016, la réglementation imposait ainsi quatre vidanges annuelles des bassins pour permettre leur nettoyage et le remplacement de l’eau. Ce chiffre a été réduit à une vidange annuelle obligatoire avec l’arrêté du 7 septembre 2016. Mercredi, les ministres des Sports et de la Santé ont abrogé cet arrêté par décret, mettant fin à l’obligation des vidanges annuelles.

Stéphanie Rist, ministre de la Santé, et Marina Ferrari, ministre des Sports, n’ont pas pris cette mesure à la légère. Le décret signé mercredi s’inscrit dans le cadre des travaux réalisés par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (Anses) concernant la nécessité de maintenir l’obligation d’une vidange annuelle pour les piscines publiques. Ce rapport avait été demandé par le ministère de la Santé « à la suite de la sécheresse de 2022 ». L’abandon de cette mesure était également soutenu par la majorité des collectivités gérant des piscines, principalement en raison des coûts et des temps de fermeture des bassins que cela entraînait.

Cependant, la question suscitait des avis partagés et avait été évoquée, il y a un an, par la sénatrice Catherine Dumas. Celle-ci faisait référence à une étude antérieure de l’Anses, de 2019, qui soulignait « une dégradation de la qualité de l’eau et de l’air dans les piscines » ayant des « répercussions néfastes sur les professionnels et les usagers ». En réponse, le ministère de la Santé a affirmé qu’il ne s’agissait que de mettre fin aux vidanges annuelles pour privilégier les vidanges « au cas par cas », tout en maintenant le « renouvellement de l’eau de la piscine lorsque sa qualité ne peut plus être assurée par le traitement habituel ».

Il ne s’agit donc pas de permettre aux usagers de se baigner dans une eau sale, mais plutôt « d’adapter la fréquence des vidanges en fonction de la qualité réelle de l’eau », ont de nouveau précisé les ministres des Sports et de la Santé, mercredi. Le contrôle de la qualité des eaux des piscines reste une prérogative des agences régionales de santé (ARS).

Contactée par *20 Minutes*, l’ARS des Hauts-de-France a confirmé que les mesures à prendre par les gestionnaires des piscines publiques dépendaient des résultats des contrôles de la qualité des eaux. Ces mesures peuvent aller jusqu’à la vidange complète des bassins si les traitements habituels s’avèrent insuffisants. L’ARS assure que cela n’entraînera aucun changement en matière de santé publique, soulignant que les contrôles resteront fréquents. Par ailleurs, l’arrêt des vidanges obligatoires ne s’applique pas aux pédiluves, qui continuent à être vidangés et nettoyés quotidiennement.

Malgré les assurances que cela ne nuira pas à la qualité des eaux des piscines, le Syndicat national professionnel des maîtres nageurs sauveteurs (SNPMNS) insiste pour dire qu’il est « totalement opposé à la suppression de la vidange annuelle obligatoire ». Pour le syndicat, cela reste « la seule garantie d’un certain maintien de l’hygiène au sein des piscines ». En effet, le renouvellement de l’eau permet de « repartir sur une bonne base physico-chimique », mais surtout, rien ne peut « compenser les vidanges annuelles ». Cela inclut les produits censés éliminer les chlorures qui provoquent « des réactions chimiques rendant totalement irrespirable l’air des bassins », ainsi que les robots nettoyeurs qui ne permettent pas de « constater d’éventuelles dégradations ou fuites ».