Sport

Ultra-trail : Mathieu Blanchard héros du glacial Yukon Arctic Ultra (608 km), malgré un problème respiratoire

Evidemment, le caractère extrême et intimiste du Yukon Arctic Ultra, au fin fond du nord-ouest du Canada, n’aura jamais l’éclat d’un sacre sur la Diagonale des Fous (en octobre 2024 à La Réunion) ou de deux podiums sur l’UTMB (3e en 2021 et 2e en 2022 à Chamonix) sur le CV de Mathieu Blanchard. Mais l’ultra-traileur français de 37 ans vient de conclure une expérience épique, lundi à Faro. Accueilli par une cinquantaine de locaux dans ce village à l’est de l’Alaska, celui-ci a bouclé les 608 km de course (et 6.564 m de dénivelé positif), intégralement sous la neige, en 7 jours et 22 heures.

Pour prendre la mesure de l’exploit de l’athlète Salomon, révélé au grand public via sa participation à Koh-Lanta en 2019, il faut savoir que seulement 4 des 38 participants à pied de ce Yukon Arctic Ultra 2025 au Canada n’ont pas abandonné. Et seuls Mathieu Blanchard et son compatriote Guillaume Grima, musher et traileur deuxième de l’épreuve lundi en un peu plus de huit jours, sont pour l’instant finishers (hors catégorie fatbike).

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Une luge de 30 kg d’équipements et de vivres à se coltiner pour être en autonomie, des températures atteignant les -50°C, et des mini-repos dans des cabanes, l’aventure solitaire a été absolue pour les deux athlètes français sur leurs 76 km quotidiens en moyenne. Non sans une grosse frayeur pour Mathieu Blanchard.

« Mes poumons sont bloqués, un pneumologue ? »

Le 5 février, à son arrivée au checkpoint numéro 5 (au km 293), le traileur des 2 Alpes a ainsi lancé un message d’alerte à ses abonnés sur Instagram : « Mes poumons sont bloqués. J’ai la sensation de ne plus pouvoir respirer correctement, comme si je n’avais qu’un quart de ma capacité. Impossible de faire trois pas sans être extrêmement essoufflé ! Très dangereux quand tu comptes sur le mouvement pour survivre à -40°C. Je m’inquiète ! Un pneumologue dans cette belle communauté qui pourrait m’appeler ? ».

Sa compagne Alix Noblat a heureusement donné des nouvelles rassurantes quelques heures plus tard au sujet de cet inquiétant problème respiratoire. Plusieurs athlètes ayant abandonné ont d’ailleurs dû se rendre urgemment à l’hôpital, et deux d’entre eux ont été évacués par hélicoptère. En 2018, le traileur italien Roberto Zanda, qui s’était gelé mains et pieds lors du Yukon Arctic Ultra, après avoir été perdu de vue sur la course durant dix-huit heures, avait dû subir une amputation des quatre membres.

« Un retour à l’essentiel, à ma nature sauvage »

Autant de terribles coups durs sur cette aventure canadienne autoproclamée « ultra le plus froid et le plus dur au monde » qui ont poussé Mathieu Blanchard à un message poétique après son héroïque arrivée à Faro lundi, option barbe gelée activée. « Une larme. Elle contient tout. La douleur, la joie, la folie, la survie, l’accomplissement, le combat, la souffrance, l’euphorie, la peur. Ce n’est pas une victoire contre le froid ou la distance. C’est un retour à l’essentiel. À l’instinct. À ma nature sauvage. »

La veille, il était encore loin de songer à cet épilogue heureux, après une avant-dernière étape galère : « C’était un chemin de croix. J’étais tellement épuisé que je titubais. Ça fait très peur à cette température, j’avais l’impression d’être un marcheur blanc de Game of Thrones ».

Notre dossieur sur l’ultra-trail

Moins de quatre mois après avoir triomphé sur la Diagonale des Fous (175 km sans neige), notre « white walker » ne compte pas s’arrêter là dans les défis de zinzin sous la neige. Il a en effet ciblé pour les prochaines années l’Iditarod Trail Invitational en Alaska (350 km) et le Lapland Arctic Ultra en Suède (500 km). Des terrains de jeu si loin de son Cavaillon natal.