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Tennis de table : Flavien Coton, la nouvelle météorite du ping français qu’il faudra avoir vu arriver

«Le ping il a changé ! » Simon Gauzy se marre tout seul, la citation mbappienne lui est venue comme ça. Le numéro 3 français, qui fait désormais partie des anciens du haut de ses 30 ans, était en train de débriefer son 8e de finale remporté quelques minutes plus tôt face à Flavien Coton, ce samedi lors des championnats de France. Ce dernier, 16 ans, est la nouvelle pépite sortie du vivier français. Premier champion du monde tricolore U15, en 2022, le petit gars de Lambres-Lez-Douai, non loin de Lens (Hauts-de-France) est catalogué « future star du ping français », reprenant le flambeau de Félix Lebrun, qui a largement dépassé ce statut aujourd’hui.

« Le ping il a changé », parce que tout va de plus en plus vite avec ces petits génies. Comme le benjamin des frères Lebrun, Flavien Coton est une météorite, qui déboule sur le circuit senior sans se poser de questions. « La nouvelle génération joue encore plus vite, c’est impressionnant, reprend Gauzy. Flavien sert très bien, il est très agressif. C’est vrai que si je me relâchais deux ou trois secondes, il y avait trois points qui défilaient direct. »

Découverte du grand monde

Dans cette première rencontre vraiment frisson du tableau simple messieurs, pour ce qu’elle représentait entre la tête du pont du ping français depuis dix ans et la nouvelle curiosité de la discipline, l’aîné s’est finalement imposé sans trop trembler (4-1), même si Coton n’était pas loin de tourner à deux sets à un en sa faveur. Qui sait ce qui aurait pu se passer ensuite ? « C’est un petit regret », concède le Nordiste, que l’on a retrouvé deux heures plus tard, après sa qualification pour la finale du double mixte. Mais il retient surtout de ce match qu’il a « beaucoup plus accroché que la dernière fois » le médaillé de bronze olympique par équipes.

C’était il y a trois semaines en Turquie, et il avait mangé un 3-0 sans appel dans les dents. Rien à voir ce samedi, où Gauzy a dû s’employer et sortir quelques « contre tops » à mi-distance dont il a le secret sur certains points chauds pour mettre le gamin au pas. « C’était vachement serré sur les trois premiers sets. Après, je manque un peu de caisse, et d’expérience, forcément, raconte Flavien Coton d’une voix encore timide. Lui est resté au même niveau pendant tout le match, moi j’ai eu un petit coup de mou sur certains moments, je fais quelques fautes bêtes qui valent cher. C’est surtout cette régularité pendant tout le match qui fait la différence. »

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C’est ce qu’on appelle l’apprentissage du très haut niveau. Ça tombe bien, le jeune pongiste du CTT Bruille, 23e joueur français et 109e mondial, est là pour ça. Cette année constitue vraiment la découverte du grand monde pour lui. En janvier, il a été invité par World Table Tennis, l’organisation qui s’occupe du circuit mondial, au WTT Star Contender de Doha (Qatar), c’est-à-dire un tournoi de troisième catégorie, juste derrière les Grands Smashs et les WTT Champions (équivalent d’un ATP 500 au tennis).

Bien qu’éliminé au premier tour, il en a pris plein la vue, et compte déjà faire un peu mieux à Chennai (Inde), où une deuxième expérience à ce niveau l’attend dès la semaine prochaine. « Il y a beaucoup de choses à apprendre, sait-il. Ce qui me frappe c’est à quel point tout le monde est professionnel. Chez les jeunes ce n’est pas le cas. Là c’est impressionnant. » Le jeune joueur, qui aura 17 ans en avril, emmagasine tout ce qu’il peut.

Pour l’instant, les choses avancent dans le bon sens et à la bonne vitesse, estime sa coach Alice Joneau. Et cette défaite contre Simon Gauzy, mine de rien, a été riche en enseignements, nous confie-t-elle :

« Je suis contente parce que j’ai vu plein de bonnes choses, notamment sur le plan physique. Même si on voit qu’il est un petit peu émoussé à un moment, il y a quand même une grosse évolution sur son coup droit. Il est plus puissant, il a réussi à lui faire mal avec, ce qui était loin d’être gagné il y a un an. » »

La marche est encore trop haute pour l’instant pour aller taper un éminent membre de l’équipe de France, mais le fossé se réduit. « C’est vrai que pour moi, c’est un peu stressant de jouer contre un très jeune qui veut me prendre ma place, reconnaît Gauzy. Je suis content qu’il ait encore un peu de chemin. »

"La prochaine fois, je te bats."
« La prochaine fois, je te bats. » - FFTT / Rémy Gros

« On a le temps, il ne faut pas s’exciter »

C’est dit avec bienveillance. D’autant plus que Gauzy est un peu comme un grand frère pour Flavien Coton, qui va régulièrement s’entraîner au club d’Oschenhausen, où évolue le 51e joueur mondial depuis 2013. Les deux joueurs ont beaucoup pratiqué ensemble ces derniers mois. « Il a beaucoup de talent, observe l’aîné. On sait très bien qu’il sera très fort. Après, savoir jusqu’où il ira, c’est dur de se projeter. Ça dépend de lui, et de la manière dont il gère sa carrière. Mais je ne me fais pas de soucis, il est très bien entouré. »

En plus d’Alice Joneau, formatrice très respectée dans le milieu, Flavien Coton peut également compter sur les bons conseils de ses parents, Xavier et Carole, qui ont tous les deux évoluer au niveau national. Premiers entraîneurs de leur fils, ils restent très présents au quotidien, avec l’objectif de le porter là-haut. « On le prépare pour être le plus fort possible, énonce sa coach, sans faux-semblant. On sait qu’il a tout ce qu’il faut pour être peut-être top 10 [mondial]. Mais voilà, on a le temps, il ne faut pas s’exciter. »

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Au-delà de sa progression à la table, la cellule constituée autour du garçon veille à ce qu’il ne se laisse pas bouffer par les attentes. « Il est plutôt serein là-dessus, décrit Alice Joneau. Après, il a une personnalité hyer calme, hyper cool. Ça lui permet de bien gérer tout ça. » Avantage également, la présence juste au-dessus de lui des frères Lebrun, pas beaucoup plus âgés et qui prennent toute la lumière, en même temps qu’ils constituent des exemples à suivre. « Les meilleurs des moteurs, observe la technicienne. Ça ne peut que l’aider à avancer. » Nous voilà donc déjà en train de parler de la « next next gen » du ping français… Si ça c’est pas un signe de bonne santé de la discipline.