Tennis de table : Félix contre Alexis, le feu d’artifice ultime que tout le monde attend

Pour l’instant, le plan se déroule sans accroc. Titrés en double pour la deuxième année d’affilée et qualifiés pour les demi-finales en simple, Alexis et Félix Lebrun étalent comme attendu leur implacable supériorité domestique lors des championnats de France de tennis de table, qui vont s’achever ce dimanche soir.
On était curieux, pourtant, de les voir à l’œuvre samedi en finale face à la paire qui monte qui monte au niveau international, composée d’Esteban Dorr et Florian Bourrassaud. Les deux hommes, qui se sont hissés récemment jusqu’à la 3e place mondiale de la catégorie grâce notamment à une médaille de bronze arrachée lors du premier Grand Chelem de la saison à Singapour, constituent une opposition de choix. Mais hormis lors d’un deuxième set cataclysmique où ils ont frôlé la roue de vélo (menés 0-10), les deux frangins de Montpellier ont semblé en contrôle à chaque moment (11-4, 2-11, 11-8, 12-10).
« Je suis lancé, et même plus que ça »
« C’est une paire qui joue super bien ensemble et on est très heureux de s’en sortir à 3-1 », se félicitait Félix à la sortie. Pas le temps de trop profiter non plus, les quarts de finale les attendaient une petite heure plus tard. Premier de cordée, le benjamin (18 ans) n’a laissé aucune chance à Antoine Hachard (numéro 6). Victoire quatre sets à un, et la sensation que le moteur est désormais bien chaud. « Je le ressens dans l’impact physique que je mets à la table, dans les petites fautes d’ajustements, il y en a beaucoup moins qu’en début de compétition. Je suis lancé, et même plus que ça. »
Le numéro 6 mondial est surmotivé. Les deux médailles de bronze olympiques, la victoire lors du WTT Champions de Montpellier, tout ça c’est très bien, mais l’unique chose qui compte aujourd’hui c’est de taper son frangin, enfin, dans cette compétition qui lui tient tant à cœur. « C’est un rêve quand on est petit [d’être champion de France], et Alexis est celui qui m’a éliminé les trois dernières éditions », rappelle-t-il.
La revanche à un pas
Tout le monde se souvient de la finale l’an dernier, quand l’aîné (21 ans) était monté sur la table en hurlant de joie, laissant son petit frère à ses larmes. La revanche tant attendue n’est plus qu’à un pas, mais ce dernier ne se projette pas encore, il y a d’abord une demi-finale à jouer. On ne voit toutefois pas bien comment Romain Ruiz (16e), même s’il est dans la forme de sa vie, pourrait arrêter la fusée.
Opposé de son côté à la grosse surprise de ce tournoi, le Lillois Romain Brard (21 ans, 109e joueur français), tombeur de deux membres du top 10 lors des tours précédents, Alexis Lebrun a connu quelques difficultés, après pourtant un début de match à sens unique. Mais à trois sets à rien en sa faveur, le grand frère a desserré l’étreinte, en même temps que son adversaire a commencé à lâcher les coups. S’il a régalé avec quelques contres longue distance exceptionnels et une défense main gauche de l’autre côté de la balustrade (!!), le triple tenant du titre a finalement eu besoin de six manches pour l’emporter, en toute fin de soirée.
Emoussé de son propre aveu au terme de cette journée à rallonge, commencée à 10h30 et achevée à près de 23 heures après le podium du double, le numéro 9 mondial ne veut se concentrer pour l’instant que sur « la grosse bagarre » qui s’annonce ce dimanche matin. Il sera opposé en demi-finale à Jules Rolland, qui a sorti Simon Gauzy dans un match grandiose, remporté 13-11 au 7e set.
Alexis en train de surpasser Félix ?
Ça n’empêche pas le public et les observateurs de piaffer d’impatience avant la grande finale annoncée… dont il est bien difficile d’imaginer l’issue, si elle doit bien avoir lieu. Si Félix reste le mieux classé, les résultats depuis les JO dessinent des courbes en train de s’inverser entre les deux frères. Alexis est devenu champion d’Europe en octobre, avant de confirmer en parvenant en demi-finale du premier Grand Smash de l’année disputé à Singapour puis en s’adjugeant le Top 16 Européen, en février. Trois compétitions où le benjamin s’était fait sortir prématurément. La dynamique plaide donc en faveur du plus grand, qui a profité de ces excellents résultats pour faire son entrée parmi les 10 meilleurs joueurs du monde pour la première fois de sa carrière.
Mais attention, les derniers mois en dents de scie de Félix s’expliquent aussi. En ce début de nouveau cycle olympique, il est en train d’effectuer un gros travail de fond, technique et surtout physique, pour franchir les dernières marches qui le séparent du top 3 mondial dans la perspective de Los Angeles 2028.
« On a fait cinq mois de travail sur la prise de force et prise de puissance. Au début, il avait du mal à s’organiser dans l’espace, à la table, ce qui expliquait que c’était compliqué sur certains matchs, nous racontait son préparateur physique Jérémy Surault avant le début de la compétition. Aujourd’hui ça va mieux, il a grandi, pris de l’envergure, et il a accepté qu’il faille parfois quelques mois, ou même une année, pour automatiser de nouvelles choses d’un point de vue proprioceptif. »
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Pas besoin d’un tel boulot pour Alexis, « abouti physiquement » selon son coach, avec ses trois années de plus que son frère. L’impression visuelle sur ces championnats de France confirme l’idée qu’Alexis est en ce moment plus en place, plus solide à la table. Suffisant pour mettre une nouvelle fois au pas Félix et remporter une quatrième couronne nationale d’affilée ? On n’oubliera pas que lors de leur dernier duel, en octobre à Montpellier, le benjamin a enfin vaincu le signe indien, s’imposant pour la première fois en six rencontres officielles. On n’y est pas encore tout à fait, mais le nouvel épisode de la saga nous excite déjà.