Roland-Garros 2025 : Une finale légendaire, la folie Boisson, Rafa et plein d’autres choses, il était grand ce Roland
De nos envoyés spéciaux à Roland-Garros,
Il fallait bien que ce lundi soit férié pour se remettre de nos émotions après un Roland-Garros 2025 fou, magnifié par une finale entre Carlos Alcaraz et Jannik Sinner entrée dans la légende de ce sport. Carlitos a continué de marquer de son empreinte un tournoi qui semble désormais la propriété exclusive des Espagnols. Heureusement, d’autres nous auront fait vibrer, à commencer par la Française Loïs Boisson.
Comme à chaque Roland-Garros, il y a eu des déceptions, des moments sympas, des coups de gueule, des matchs fous et on attend déjà l’année prochaine pour vibrer autant. S’il sera dur de faire mieux sur le niveau atteint en finale, les organisateurs peuvent espérer que le record de fréquentation le soit : 685.000 personnes sont venues dans le stade Roland-Garros tout au long de ces trois semaines. Un record qui ne demande qu’à être battu.
La folie Loïs Boisson
Obligé de commencer par là. Qui aurait pu prédire que la France entière allait vibrer avec la 361e joueuse mondiale pendant une dizaine de jours ? Un an après sa rupture des ligaments croisés juste avant l’édition 2024, Loïs Boisson a été l’énorme révélation de ces Internationaux de France, en arrivant jusqu’en demi-finale, où elle a été logiquement battue parla future vainqueure Coco Gauff. Avec ses coups droits liftés uniques sur le circuit et son mental à toute épreuve, la Dijonnaise a écarté de son chemin les numéros 3 et 6 mondiales, et conquis le public.
Désormais 65e au classement WTA, Boisson va découvrir une nouvelle vie, celle d’une joueuse qui peut entrer dans les tableaux de tous les plus grands tournois. Elle va devoir aussi apprendre à gérer son nouveau statut de fer de lance du tennis féminin français, et les attentes qu’elle va susciter. « Chaque semaine, elle va jouer des filles de top niveau, se confronter. Ça va lui permettre de travailler plein de choses, en salive son coach, Florian Reynet. Je n’ai pas de doute sur son niveau de jeu, la suite sera forcément belle. »
Le tennis féminin français en souffrance
La transition est toute trouvée avec ce deuxième point. Car derrière Loïs Boisson, qui va encore continuer de grimper au classement et dont la marge de progression, à 22 ans, est immense, c’est le désert. Elles étaient ainsi seulement neuf au départ de ce Roland-Garros 2025, dont six invitées, pire millésime depuis 1983. La Fédération française de tennis est bien consciente du problème, le président Gilles Moretton évoquant « un trou dans la raquette », mais peut-être pas de son énormité.

« C’est sûr qu’avant, il y avait beaucoup plus de joueuses dans le top 100, explique à 20 Minutes Chloé Paquet (119e mondiale). Il y en a moins, mais je peux vous dire qu’on fait toutes le boulot. On se donne à fond. On est pas mal entre 100 et 200, il y a vraiment très peu de différences. » Du côté de la FFT, on préfère mettre en avant le travail fait autour de la formation (notamment sur la tranche 7-10 ans), qui devrait payer dans quelques années.
« Disons qu’ils sélectionnent qu’en fonction des résultats, et en fait, ils prennent juste parce qu’ils sont bons jeunes et croient qu’ils vont aller loin, déplore une autre joueuse française qui a disputé Roland-Garros. Je pense que c’est un travail constant sur du long terme, et pour gagner jeune, c’est pas du tout le même jeu que pour gagner chez les pros. Ils repèrent selon les résultats, au lieu de voir réellement le talent. »
Le casse-tête des night sessions (et de la programmation de manière générale)
Notre marronnier préféré depuis l’instauration des night sessions en 2021. Cette année encore, aucune rencontre du tableau féminin n’a été retenue pour être la grande affiche du jour. Ce qui a fortement agacé quelques joueuses de premier plan, comme Aryna Sabalenka et Ons Jabbeur. Du côté de l’organisation, toujours le même argument : « Le divertissement et le spectacle sont là dans les deux cas, c’est la longueur éventuelle des matchs qui complique les choses pour nous en termes d’horaires », a résumé la directrice Amélie Mauresmo dimanche. Comprendre, les spectateurs paient un billet pour un match unique, il est compliqué de prendre le risque de leur proposer un match en deux sets gagnants qui peut être plié en un peu plus d’une heure.
Quelles solutions, alors ? Instaurer une session de soirée à deux matchs, par exemple. « On va se reposer ces questions. Quand on en avait parlé les premières fois, c’était la capacité du stade, le flux dans le stade qui posait problème. Est-ce que l’on peut organiser autrement ? On se reposera la question », promet l’ancienne numéro 1 mondiale.
Une édition féminine passionnante
Même si on ne l’a pas vu le soir, le tournoi féminin aura accouché d’une édition emballante. On retiendra, en vrac, ce 8e de finale de haute volée remporté par Elina Svitolina face à la finaliste de l’an dernier Jasmine Paolini en 2h24, les batailles intestines entre Américaines version thrillers (Keys-Kenin, Keys-Baptiste, Keys-Gauff) ou le parcours de future grande de Mirra Andreeva (18 ans, pas un set perdu avant d’être emportée par la tornade Boisson).
La fin de quinzaine a été à l’avenant, avec la chute de la reine Iga Swiatek, quadruple lauréate Porte d’Auteuil et triple tenante du titre. La numéro 1 mondiale Aryna Sabalenka a enfin eu sa peau en demi-finale, avant de chuter sur la dernière marche face à Coco Gauff, qui à 21 ans commence doucement à se bâtir un statut d’icône. Pas forcément besoin de jouer en trois sets gagnants pour être attractif.

L’hommage magnifique à Rafael Nadal
Compliqué de mieux commencer cette édition 2025. Après le troisième match de la journée sur le Philippe-Chatrier, tout le court s’est paré d’ocre pour rendre hommage au propriétaire des lieux, Rafael Nadal, vainqueur à 14 reprises de la Coupe des Mousquetaires. Une cérémonie grandiose, à la hauteur du leg de l’Espagnol, avec en point d’orgue cette plaque gravée sur le Central sur laquelle tous les regards se sont posés dans la quinzaine.
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L’histoire entre les Internationaux de France et le Taureau de Manacor n’est d’ailleurs pas encore terminée, Nadal pouvant occuper un rôle dans l’organisation. « C’est l’envie et le souhait communs du tournoi et de Rafa de pouvoir avoir une forme de collaboration, assure Amélie Mauresmo. Les discussions vont reprendre, tout simplement pour que cette histoire commune que le tournoi a avec Rafa depuis vingt ans perdure d’une façon ou d’une autre. Il y a une envie commune. On va trouver la façon de faire. »
Les variantes du « Popopopopopopopololo »
Quinze jours à Roland, c’est l’assurance de vouloir se fracasser la tête contre les coups droits de Jannik Sinner en entendant des « Popopopopopopopololo Olééé » matin, midi et soir. Heureusement pour notre santé mentale, certains spectateurs ont décidé de sampler le refrain préféré des tennix. On a ainsi eu droit, lors des demi-finales, à une version sifflée (avec réponse en sifflet incluse) qui a fait son petit effet. Mais nos remix préférés viennent de ceux qui font exprès de se tromper de « lyrics ». Fous rires garantis sur les courts.
Alcaraz-Sinner, une finale dans la légende
C’était la finale attendue à Roland-Garros et après un parcours parfait, Carlos Alcaraz et Jannick Sinner se sont retrouvés dimanche. Mais, ce qu’on attendait moins, c’était la dimension épique prise par cette finale, entrée dans la légende de Roland-Garros, voire même du tennis tout court. Quasiment 5h30 de combat acharné, un niveau qui ne faiblit jamais, des coups incroyables, un scénario que même Harlan Coben ne pouvait imaginer. C’était fou, c’était dingue, c’était magnifique. Merci messieurs.
Monfils-Gasquet, derniers feux des Mousquetaires
Richie, c’est fini. Le plus beau revers de l’histoire du tennis français a tiré sa révérence sur ce tournoi. Il aura décoché ses derniers passings long de ligne au 2e tour face au patron, Jannik Sinner, qui l’a éconduit en trois sets (6/3, 6/0, 6/4) et deux heures de jeu. Score anecdotique, contrairement à la cérémonie qui a eu lieu sur le Central à la fin de la rencontre. Un hommage à l’image du Tigrounet de Sérignan, simple, authentique, émouvante mais sans violons. De toute façon, on retrouvera vite Richard, passionné parmi les passionnés, sur les bords des courts.
Gaël Monfils, lui, n’a pas encore rangé la raquette. A 38 ans, il a prouvé lors de ses deux night sessions face à Hugo Dellien puis au numéro 5 mondial Jack Draper qu’il avait toujours le sens du spectacle, et quelques coups magiques dans la raquette. Après les retraites de Jo-Wilfried Tsonga, Gilles Simon et donc Richard Gasquet, il est le dernier survivant des Mousquetaires. Profitons-en tant qu’il est encore temps.
La nouveauté qui a de la gueule
Pour la première fois de son histoire, Roland-Garros a retenu cette année trois ramasseurs de balle en situation de handicap : Eliott, atteint de surdité, ainsi que Cléo et Marceau, en fauteuil roulant. Une ouverture tout sauf anecdotique pour ces ados. « Il y une super ambiance, on profite à fond de ces instants, de tout ce qu’il se passe, disait Marceau, 17 ans, à nos confrères de France Bleu. On est bien inclus dans le dispositif. Et ce côté accessibilité en fauteuil, c’est parfait. Ça fait vraiment plaisir ! »
Marceau a été le premier à entrer sur le court Central dimanche, avant les finalistes Jannik Sinner et Carlos Alcaraz. Un moment gravé à vie. Roland-Garros est le premier des quatre tournois du Grand Chelem à avoir mis en place ce dispositif inclusif.