Roger Laboureur, voix de la RTBF, meurt à 90 ans
Roger Laboureur fait ses débuts en 1962 et a huit Coupes du Monde à son actif, dont celle de Mexico 86. Le 29 mai 1985, il est dépêché pour couvrir la finale de la Coupe des Champions opposant Liverpool à la Juventus.
Avec une audace qui le caractérisera tout au long de sa carrière, Roger Laboureur se présente un jour sans rendez-vous au bureau de Marc Jeuniau, alors chef de la rédaction des sports de la RTBF, pour lui demander… du travail. « Je fais un petit peu de radio, et je suis dingue du métier que vous faites », lui confie-t-il. C’était le début d’une histoire exceptionnelle.
« Depuis tout jeune, j’étais fasciné par Luc Varenne, qui était la star des commentateurs sportifs. Je rêvais de faire de la radio ou de la télé, comme lui. C’était mon idole. »
Roger Laboureur fait ses débuts en 1962. Avec un sens journalistique pointu, il signe des portraits de sportifs ainsi que de nombreuses interviews, un exercice où il excelle grâce à son sens de la repartie, son humour et sa clairvoyance.
On l’a oublié, mais le Tour de France l’a passionné pendant des années, notamment lors de l’époque d’Eddy Merckx. Roger Laboureur et son chauffeur Jean Branckart suivaient la course avant de réaliser le résumé de l’étape diffusé en début de soirée. Cependant, son terrain de jeu préféré reste les grands directs de football.
Huit Coupes du Monde à son actif, dont celle de Mexico 86, représentent un moment de gloire pour lui. Tout le monde se souvient de ses « Goaaaaaal…Goal, goal, goal, goaaaaaal! » et de son éternel « Oh Léo, marque-nous ça, Léo… » lors de la célèbre séance de tirs au but en quart de finale contre l’Espagne. « Attention il s’avance… ouiiiiii, nous sommes en demi-finale, c’est extraordinaire, goaaaaaaaaaal… »
L’homme avait le sens de la formule. À Mexico, après un but belge, il s’exclame : « Ah, si j’avais une tequila je l’avalerais tout de suite ! »
Le sens de la mesure, il l’avait peut-être un peu moins ! En 1995, ovationné par le public sur la pelouse de Sclessin à l’occasion de son départ à la retraite, il saluait les supporters tout en oubliant la présence du Prince Laurent, venu pour donner le coup d’envoi à ses côtés.
On se souvient également de la controverse qui avait entouré son commentaire du match Belgique-Tchécoslovaquie en novembre 1993. Après avoir critiqué l’arbitre pour une décision défavorable aux Diables, de nombreux téléspectateurs croyaient l’avoir entendu dire « salopard », alors que lui jure avoir dit « Ça repart ». À la Rédaction des Sports, on en rit encore, même si Roger s’est toujours défendu de n’avoir jamais utilisé cette expression qui ne faisait pas partie de son vocabulaire.
Mais la carrière de Roger ne se limite pas à une série de moments joyeux. Le 29 mai 1985, avec son collègue Arsène Vaillant, il est dépêché pour couvrir la finale de la Coupe des Champions opposant Liverpool à la Juventus. Ce qui devait être une célébration éclatante du football s’est rapidement transformé en tragédie. Le journaliste sportif a alors dû, presque malgré lui, assumer le rôle de reporter de guerre, témoin de scènes d’une brutalité inouïe qu’il a décrites avec une pudeur et une retenue exemplaires.
Si la RTBF fut sa maison pendant 33 ans, la ville d’Andenne est toujours restée son jardin où il aimait lever son verre à l’amitié. « Je ne peux pas vivre sans mes amis, disait-il, et mes amis, ils sont ici. »
Sa notoriété est restée longtemps intacte. Laboureur était un peu l’ami public numéro 1, en raison de sa bonhomie tout autant que de son talent.
Une vie et une carrière bien remplies, adieu et merci, Roger.

