Sport

Revendre un maillot offert par un joueur contre une petite fortune, une pratique excusable ou détestable ?

Les romantiques vous diront que la naissance de nos jolies têtes blondes, ça n’a pas de prix. Un constat un peu gnangnan mais surtout PARFAITEMENT FAUX. Selon plusieurs estimations, un enfant représentait pour ses parents une charge de presque 150.000 euros par an de sa naissance à sa majorité. Dès lors, deux options s’offrent à nous : soit on accepte et on crache au bassinet – en espérant que le petit dernier fasse un jour de brillantes études pour payer notre place en Ehpad ou notre cryogénisation –, soit on se dit que finalement la vie sans marmot n’a pas que des mauvais côtés.

Ou alors on peut faire comme les parents de ce jeune fan de San Antonio qui ont revendu aux enchères le maillot que Victor Wembanyama avait offert à leur fiston fin décembre, et ainsi se payer directement sur la bête. Cette info qui a fait le tour du monde en début de semaine n’a pas manqué de choquer les fans de sport sur les réseaux sociaux. « Wemby » lui-même s’était montré déçu en apprenant la nouvelle mi-janvier, lui qui pensait avoir échangé sa tunique avec celle du petit bout de chou pour le seul bonheur de celui-ci. Raté.

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A l’arrivée, le maillot s’est vendu samedi à 70.000 euros. « Certaines pièces peuvent atteindre des sommes totalement folles comparables à celles de véritables œuvres d’art », rappelle Ildefons Lima, l’ancien capitaine de la sélection andorrane qui possède lui-même une immense collection à faire bisquer n’importe quel supporter.

Un maillot de Louiserre à 500 balles ? « PTDrrrr », se marre le joueur

Si les plus grandes ventes se font principalement dans les célèbres maisons d’enchères comme Sotheby’s, à l’image de ce maillot de Michael Jordan revendu à 10,1 millions de dollars, le marché parallèle se porte aussi très bien, merci pour lui. Les maillots de LeBron James et de son fils Bronny, après leur premier match ensemble, face aux Wolves, en octobre dernier, ont trouvé preneur à 102.000 dollars.

Mais le phénomène ne touche pas que les GOAT du milieu. Récemment, le capitaine de l’En Avant de Guingamp Dylan Louiserre s’est rendu compte que le maillot qu’il venait d’offrir à un supporter, après la qualification en Coupe de France contre Sochaux, était en vente quelques heures plus tard sur Le Bon Coin à 500 euros. Face au torrent d’insultes qu’il s’est pris, le téméraire vendeur a fini par retirer son annonce.

Une tentative aussi culottée que surévaluée qui a plus fait marrer le joueur qu’autre chose, à la différence du Caennais Alexandre Mendy, qui a décidé de ne plus offrir la moindre liquette après les matchs, de peur de tomber sur des vendeurs du dimanche voulant se faire de l’oseille sur son dos. « Les maillots, nous les payons. On les offre, vous les vendez. Plus aucun maillot ne sera donné », avait-il alors écrit sur son compte Instagram, avant de préciser à nos confrères d’Eurosport qu’il continuerait « si c’est pour une bonne cause, une association ou une personne dans le besoin. »

« J’en avais pour 6.000 euros chaque année »

« Je comprends que les joueurs finissent par être frileux et ne veulent plus les donner, réagit l’ancien capitaine d’Andorre. Ce n’est jamais agréable de voir que le cadeau qu’on a fait a terminé sur un site d’enchères en ligne… A force, les supporters ou les collectionneurs qui n’ont aucune intention de faire du business vont en pâtir aussi puisque les joueurs se méfieront de plus en plus. »

Car contrairement à ce que l’on peut penser, ce n’est pas open bar pour les footballeurs. Ancien milieu de terrain de l’OGC Nice, Alexy Bosetti se souvient qu’à l’époque « on avait droit à dix maillots gratuits par saison, les autres on devait les payer. » « On avait deux maillots par match et moi je les donnais tous à chaque fois. Deux maillots par match, 38 matchs dans la saison et 80 euros le maillot, tu fais le calcul. En gros j’en avais pour 5.000 ou 6.000 euros de ma poche chaque année. »

Mais contrairement à certains de ses collègues, Bosetti, le plus ultra des footballeurs pros, lui qui était encarté chez les ultras niçois de la Populaire Sud, se moquait de ce que les supporters pouvaient en faire. « En vrai, je m’en fous, on ne sait jamais, parfois dans la vie t’as besoin d’argent, si mon cadeau peut servir à quelqu’un pour se faire un petit billet, franchement il n’y a pas mort d’homme. »

Des parents pas toujours bien intentionnés

Ce qui choque un peu plus dans le cas de « Wemby », c’est de voir des parents se servir de leur môme pour quémander un maillot avant de le lui prendre des mains et se faire un gros billet une fois rentré à la maison. « C’est plus facile d’obtenir un maillot si c’est un petit garçon qui le demande plutôt qu’un adulte, juge Lima. Mais se servir de son enfant pour récupérer un maillot et le vendre derrière, ça, c’est moche. » Là encore, l’ancien joueur du Gym se refuse à jeter la pierre aux parents en question.

« Franchement, qui dans ce monde aujourd’hui peut dire non à 70.000 euros ? Il y a plein de gens qui ne roulent pas sur l’or et si, grâce au geste de « Wemby », ça peut aider une famille dans ses projets, c’est d’autant plus beau. Après, je ne connais pas la situation de cette famille, mais sur le papier il n’y a pas de quoi crier au scandale. »

« Ce qui me choque plus, conclut notre bon samaritain, c’est le mec qui nous demandait des maillots en prétextant que son fils était malade alors que c’était bidon », tranche Bosetti. Pris la main dans le pot de Nutella il y a trois ans de ça, un père de famille envoyait effectivement des demandes personnalisées à chaque club de Ligue 1, Ligue 2 ou National, évoquant à chaque fois une maladie différente pour son bambin de onze ans.

Pour en revenir au cas de « Wemby », Ildefons Lima préfère quant à lui envisager un happy ending à l’américaine, sans pour autant perdre son œil avisé de collectionneur spécialiste du marché. « J’espère au moins que les 70.000 euros serviront à payer les études de ce garçon ! Et quand on y réfléchit, c’est une connerie d’avoir mis ce maillot aux enchères aussi vite car s’ils avaient attendu quelques années, ce maillot aurait certainement rapporté beaucoup, beaucoup plus. » RIP les études à Harvard parties trop vite.