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PSG – OM : Le retour de Rabiot et les insultes pathétiques du Parc, symbole d’un classique en quête d’une ferveur perdue

Au Parc des Princes,

Il a fallu attendre la 82e minute de PSG-OM (3-1) pour qu’une idée de génie traverse l’esprit des 47.000 spectateurs du Parc des Princes. Un moyen simple d’exprimer son hostilité envers Adrien Rabiot, coupable de trahison en rejoignant l’OM, sans basculer dans l’indécence crasse. Un truc tout bête, utilisé dans les stades les plus chauds d’Europe, en Grèce, en Turquie, en Allemagne : siffler le joueur sur chacune de ses prises de balle. Dans le genre déstabilisation, on fait difficilement mieux. Ça met la pression, ça pète les tympans et c’est garanti sans dérapages.

C’était possible, mais dimanche, les supporters du Paris Saint-Germain ont trop souvent choisi la voie de la bouffonnerie et de la misogynie en ciblant à de nombreuses reprises la mère-agente du joueur, Véronique Rabiot, à travers des chants et des banderoles affligeantes. Un exemple : « loyauté pour les hommes, trahison pour les putes, telle mère tel fils. Véro, lequel est son vrai père ? Déhu, Fiorèse, Cana ou Heinze ? »

Loin de nous la volonté de verser dans le puritanisme, mais il y avait sûrement moyen de tourner en dérision la tradition de judas parisiens et la rupture douloureuse entre Rabiot et le PSG sans insulter la mère du joueur comme des ados prépubères. La subtilité dans la punchline fait aussi partie de la culture ultra. A ce titre, on préférera mille fois une autre banderole déployée à Auteuil, bien plus dans l’esprit de la vanne : « OM : 32 ans sans corruption, votre palmarès en dit long ».

PSG-OM, « pas un classique » pour De Zerbi

Pour le reste, les supporters parisiens se sont appuyés sur leurs tristes fondamentaux. Un chant sur les « rats » marseillais qu’ils refusent d’abandonner malgré son caractère discriminatoire évident et les injonctions homophobes dont le Parc des Princes n’a toutefois pas le monopole, il est bon de le rappeler. Preuve que la crainte de sanctions était bien réelles, le club a diffusé à plusieurs reprises – avant le match et pendant la première période – un message à l’attention de ses fans (« les insultes doivent cesser immédiatement sinon le match pourrait être interrompu ou arrêté »), rarement avec l’effet escompté.

Malgré les protestations du staff marseillais, Clément Turpin n’a jamais manifesté l’intention d’interrompre le match. Tout se passait dans le calme sur la pelouse, à quoi bon importer la tension extérieure. Le décalage entre l’hostilité des tribunes et le pacifisme du jeu, bien loin des tacles à la gorge de l’époque Di Meco a le mérite de raconter ce qu’est devenu le classique. C’est Roberto De Zerbi qui en parlait le mieux après la rencontre.

« « Le niveau du PSG fait penser qu’on a fait un très bon match que vous appelez Classique mais qui ne l’est pas, selon moi. C’est quoi un Classique ? Parce qu’on ne peut pas faire une comparaison entre l’effectif et les moyens financiers du PSG. Un Classique ça doit être une lutte, se rendre les coups, ce n’est pas la réalité de cette confrontation. » »

Une hostilité désuète en décalage avec l’indifférence du terrain

Quelque part, l’agressivité exagérée des messages en tribunes doit être vue comme les gesticulations d’un spectacle à l’agonie, une forme de nostalgie mal placée d’une époque révolue, que l’on situerait entre 1995 et 2010, où l’on se rendait coup pour coup dans un Parc qui sentait bon le fumigène. Le paradigme a changé, la réalité du classique n’est plus celle-là.

Au Parc, le PSG n’a plus d’adversaire à sa hauteur. Ni sur le terrain – l’OM est incapable de rivaliser avec une équipe lourde de 120 minutes à Anfield – ni en tribune – il y a bien longtemps que les supporters phocéens n’ont plus accès au Parc. Certes, souffler sur les braises du passé pour maintenir en vie la ferveur du passé est la raison d’être du CUP. Et Luis Enrique a eu raison de se satisfaire « qu’il n’y a pas eu de jets, rien de notable », dimanche. Mais à choisir, on vibrera toujours plus sur le magnifique tifo qui a accompagné l’entrée des Parisiens et Marseillais dimanche que sur des insultes forcées.