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PSG – Atlético de Madrid : « Une forme de désavantage compétitif »…Paris fait-il tout pour quitter le Parc des Princes ?

On ne sait pas qui sera au casting de la prochaine saison des « Loups-Garous » sur Canal+, après un premier jet de fort bon aloi, mais au milieu de mentalistes, d’espions ou d’avocats, on verrait bien arriver un membre de la direction du PSG. Cette dernière est plutôt habile lorsqu’il s’agit de faire passer des messages et de jouer avec les autres acteurs, comme la Mairie de Paris. Bref, le candidat idéal. Et, plutôt que la forêt de Thiercelieux, prenons plutôt la direction du Parc des Princes pour cette nouvelle partie.

Depuis de nombreux mois, l’arène historique du PSG est synonyme de bisbilles entre le propriétaire des lieux (la Mairie) et le locataire (le club), qui veut posséder son stade. Impossible répond la Mairie. En février, Anne Hidalgo, l’édile de Paris, réaffirmait même « l’appartenance du Parc des Princes au patrimoine de la Ville », refusant une nouvelle fois la vente du stade aux Rouge et Bleu. Alors s’il ne peut pas avoir le Parc, notamment pour étendre sa capacité d’accueil, Nasser La Menace n’a plus qu’un mot en tête : un « nouveau stade ». Et, plus les mois passent, plus la menace semble se préciser. Paris ne rate d’ailleurs pas une occasion pour le rappeler.

Comme lundi matin, dès potron-minet, lors d’une conférence de presse au Parc des Princes pour présenter une étude sur l’impact économique et social du PSG en Île-de-France. Au milieu de chiffres plus impressionnants les uns que les autres (chiffre d’affaires, valeur du club, croissance annuelle moyenne…) qui rendraient jaloux n’importe quel vendeur de rêve sur LinkedIn, Christophe Lepetit, responsable d’études économiques au Centre de droit et d’économie du sport (CDES), venu présenter l’étude, a glissé un petit chiffre en négatif qui n’est pas tombé dans l’oreille de sourds : une baisse de 1 % de « l’impact visiteurs », soit les personnes hors Île-de-France qui viennent voir le PSG au Parc.

« Capacité d’accueil à son maximum »

Alors que les revenus jours de match ont été multipliés par sept depuis l’arrivée de QSI au pouvoir en 2011 (168,5 millions d’euros rien que sur la saison 2023-2024), comment peut-on expliquer cette baisse ? « Ça s’explique notamment par le fait qu’aujourd’hui on a une capacité d’accueil qui est à son maximum, détaille Christophe Lepetit. Sur la partie visiteurs, on aura probablement un petit peu de mal à faire plus que ça. A périmètre constant, il faudra imaginer de nouvelles solutions. » Comme, par exemple, à tout hasard, un nouveau stade ? Bingo !

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Même si l’économiste a répété à plusieurs reprises qu’il n’était pas mandaté par le PSG pour s’exprimer sur un possible changement de stade, il a quand même expliqué que le Parc des Princes actuel était un frein dans le développement du club parisien. « Si on veut faire augmenter cet impact-là, il faudra trouver des relais de croissance, et les relais de croissance, aujourd’hui, ça passe par une capacité supérieure à 47.000 [places], reprend l’économiste. Il y a une forme de désavantage compétitif, par rapport au Real, au Barça ou aux grands clubs européens. Si on veut que Paris continue à croître et reste au plus haut niveau, il faut accompagner cette croissance-là, ce qui passe, je pense, par un projet autour du stade. »

D’autant que le Parc des Princes, au-delà de son nombre de places limitées, commence à se faire vieux. Et doit subir tout un tas de colmatages, assurés par la Mairie au fil des saisons. « C’est quand même un bâtiment qui a plus de cinquante ans, le béton n’est pas éternel, nous explique une source interne au club. Depuis que QSI est arrivé au PSG, le club a investi 80 millions d’euros pour le rénover. Mais les travaux dont on parle aujourd’hui, et qui touchent à la structure, seront sans commune mesure avec ce qui a été fait ces dernières années, et impliqueront forcément le propriétaire du stade. On ne pourra pas garder le Parc dans cet état-là pendant une dizaine d’années encore. »

« Ils ont acté le départ »

Alors, rassurez-vous, le Parc des Princes ne « s’écroule » pas « sur différents endroits », comme l’indiquait Mourad Sefiane, derrière le compte X pro-PSG La Source parisienne, très suivi et bien informé de ce qui se passe dans les coulisses du club. Il nous assure avoir « grossi le trait » et que ce n’était là « qu’une image pour dire que des choses n’allaient pas et que ce stade se fait vieux et à besoin d’être rénové ». « Le Parc on l’aime, c’est sentimental, mais au niveau structurel il n’est plus du tout dans le coup, il est grand temps qu’on le remette en état », ajoute-t-il.

« Cet été, le Parc des Princes a accueilli des épreuves olympiques dans les meilleures conditions possibles, rétorque la Mairie. Athlètes et spectateurs ont salué l’excellent état du stade. Le Parc a prouvé qu’il répondait aux standards les plus élevés. La Ville de Paris rappelle qu’elle se tient à la disposition du PSG pour échanger sur l’évolution, l’agrandissement et la modernisation du Parc des Princes. »

A ce petit jeu du « c’est pas moi, c’est toi », Paris semble déjà avoir fait son choix : « Le sujet est clos puisque le club va partir, ils ont acté le départ », assure Mourad Sefiane. Lundi matin, Victoriano Melero, le directeur général du PSG, qui accompagnait Christophe Lepetit, l’a encore sous-entendu : « On l’a dit, on l’a répété, une des conditions pour le futur stade, c’est d’en être propriétaire. Donc la position n’a pas changé, et aujourd’hui, on continue à travailler, à prospecter, pour voir toutes les options possibles pour avoir le stade du futur pour le Paris Saint-Germain. »

« Le PSG, c’est le Parc »

Pour accueillir cette nouvelle arène, les sites de Gonesse, Aulnay-sous-Bois, l’hippodrome de Saint-Cloud, voire Montigny-le-Bretonneux, à l’autre bout du monde, ont été cités. Sans que cela ne ravisse les supporters du PSG, qui ne veulent absolument pas quitter le Parc, dans leur écrasante majorité :

« J’ai l’impression que c’est un peu la même chose que quand on veut privatiser un service public, on le laisse un peu pourrir pour ensuite justifier sa fermeture, explique un abonné d’Auteuil. C’est un peu pareil quand on nous annonce des lieux très loin de Paris, Montigny-le-Bretonneux, pour faire peur aux supporters et finalement annoncer un lieu qui soit beaucoup moins loin que prévu, afin de mieux faire passer la pilule. On veut arriver à ce que le club et la Mairie se mettent d’accord afin que le PSG continue de jouer au Parc. On ne veut pas quitter le Parc, le PSG, c’est le Parc ». »

Loin de nous l’idée de vouloir assombrir la journée des supporters du PSG, mais cela semble bien compromis. « Il n’y a pas de discussion à l’heure actuelle entre le club et la Mairie de Paris, tout est au point mort, nous indique-t-on au sein du PSG. Le club travaille donc sur d’autres options que celle de rester au Parc. » Au point même d’avoir déjà sous le manteau des chiffres officieux sur l’impact que pourrait avoir un déménagement dans telle ou telle ville. Le départ est donc proche, il faut préparer les cartons. Et ce n’est pas le loup-garou qui parle.