Procès Pogba : Mathias Pogba condamné à un an de prison ferme, de lourdes peines pour les cinq ex-amis du footballeur
Le tribunal correctionnel de Paris a tranché ce jeudi. Alors que ce procès Pogba, ouvert le 26 novembre, devait déterminer si les six prévenus étaient victimes collatérales ou coupables, dans le cadre de la retentissante affaire de séquestration de Paul Pogba, le jugement a été rendu en début d’après-midi. Tous poursuivis, le grand frère de l’ancien joueur de Manchester United et de la Juventus, Mathias Pogba, ainsi que cinq de ses amis d’enfance, ont été condamnés à des peines allant d’un an à huit ans fermes d’emprisonnement.
Mathias Pogba, le prévenu le plus connu de la bande, a écopé de 3 ans d’emprisonnement, dont 2 ans assortis d’un sursis simple et d’une amende de 20.000 euros, avec un aménagement de la peine ferme à domicile sous bracelet électronique.
Jusqu’à 8 ans de prison ferme pour l’ex-ami Roushdane
Les anciens amis de la victime, Boubacar C. (4 ans d’emprisonnement dont 2 ans de sursis), Machikour K. (4 ans d’emprisonnement dont 3 ans de sursis), Mamadou M. (5 ans d’emprisonnement dont 12 mois de sursis), Roushdane K. (8 ans d’emprisonnement avec maintien en détention) et Adama C. (5 ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt) ont ainsi tous été plus durement condamnés que Mathias Pogba.
Chantage, pressions et en point d’orgue cette séquestration en mars 2022, sous la menace d’armes à feu, dans le but de soutirer 13 millions d’euros au milieu de terrain de l’équipe de France, étaient reprochés aux six prévenus durant le procès.
« Un rôle actif » pour nuire à Paul Pogba
Cette affaire Pogba avait été révélée après la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux de Mathias Pogba en août 2022, dans lesquelles il accusait notamment son frère Paul d’avoir marabouté le footballeur Kylian Mbappé. « Comment un frère, des amis peuvent-ils s’unir pour récupérer des sommes extraordinaires auprès d’une des personnes les plus précieuses dans leur vie ? », avait demandé l’une des procureures, avant de prononcer son réquisitoire le 4 décembre.
A l’encontre de Mathias Pogba, l’accusation avait demandé un an de prison ferme aménagée sous bracelet électronique et une amende de 10.000 euros. Pour le ministère public, l’aîné du footballeur « n’a pas eu connaissance des prémices du projet » de séquestration mais il lui est reproché d’avoir rejoint le groupe et joué « un rôle actif » pour nuire à Paul Pogba et tenter de lui soutirer les 13 millions d’euros.
A l’encontre des cinq autres prévenus, les procureures avaient requis jusqu’à huit ans de prison, des amendes de 20.000 euros et l’interdiction de port d’arme pour dix ans. Pendant les trois heures de réquisitoire, les procureures avaient également évoqué la générosité de Paul Pogba, « l’ami qui a réussi » et qui finance l’achat du restaurant de deux prévenus, effectue des virements de plusieurs milliers d’euros, ou encore offre 100.000 euros à chacun de ses amis proches et à ses frères pour leur anniversaire.
« On a jeté en pâture les amis d’enfance »
« Vous avez créé à son endroit une situation de dépendance financière » qui a « gangrené votre amitié », a dénoncé le ministère public. Dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont de leur côté fait valoir que leurs clients avaient été victimes d’agressions pendant les mois ayant ont suivi la séquestration de Paul Pogba. L’un d’eux, Roushdane K. qui comparaissait détenu, a ainsi raconté s’être fait tirer une balle à bout portant dans une main, pour qu’il mette « la pression à Paul » qui ne payait pas.
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Autre argument central de la défense : une enquête et un procès menés à charge, basés selon elle sur les seules déclarations de Paul Pogba, qui n’a pas souhaité assister aux audiences. « On a jeté en pâture les amis d’enfance sous prétexte que si Paul dit quelque chose, c’est que c’est vrai… », a regretté Me Karim Morand-Lahouazi, avocat d’Adama C. Tout au long de ce procès, les amis de Paul Pogba ont mis en avant la profonde amitié qui les liait au joueur, pour certains depuis la maternelle, dans la cité de la Renardière à Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne). Un lien qui n’a pas permis aux six prévenus d’éviter de lourdes condamnations ce jeudi.