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Pogacar : « Le triplé ardennais ? Je ne suis pas un homme de statistiques… »

Tadej, diriez-vous que vous avez réussi le plan de course parfait sur cette Flèche wallonne ?

”Oui, de notre point de vue du moins. Nous avons contrôlé la course dès le début et n’avons pas reçu l’aide de beaucoup d’autres formations si ce n’est des Ineos Grenadiers. Cela a pas mal fatigué mes équipiers, mais ils ont tout de même réussi à me placer idéalement pour la montée finale. C’était ensuite à moi de jouer sur cette ascension tellement exigeante…”

Vous endossez le statut de grandissime favori lors de chacune des courses sur lesquelles vous vous alignez actuellement. Comment gérez-vous ce rôle ? Est-il pesant ?

”Non, au contraire, j’ai le sentiment que cela constitue même un certain avantage. J’évolue de ce fait le plus souvent à l’avant de la course avec mes adversaires dans la roue, ce qui me protège d’une certaine forme de danger mais me permet aussi d’être pratiquement toujours bien positionné.”

Vous avez remporté votre 12e succès de la saison au sommet du Mur de Huy et êtes en passe de réaliser le triplé Amstel-Flèche-Liège que seuls Rebellin (2004) et Gilbert (2011) ont réussi avant vous. Êtes-vous un homme de records ?

”Je ne connais pas trop les statistiques et je ne suis pas vraiment un homme de chiffres (sourire)… Je me concentre surtout sur mon truc. Ce serait évidemment incroyable de réussir la passe de trois sur les Ardennaises, mais la Doyenne m’attend encore dimanche. Il s’agit de la plus prestigieuse mais aussi de la plus difficile des épreuves de ce triptyque. Elle est très différente de la Flèche et de l’Amstel, les ascensions y sont plus longues. Or, depuis le début de ma campagne des classiques, j’ai surtout été confronté à des bosses assez courtes. Nous verrons donc comment je m’y sens face à des coureurs qui s’y aligneront plus frais. Je pense à Remco Evenepoel par exemple.”

guillement

« On ne se lasse jamais de franchir la ligne le premier! »

Vous avez gagné plus de la moitié des courses sur lesquelles vous vous êtes aligné cette année. Le plaisir et la joie de lever les bras restent-ils dès lors intacts ?

”Oui, on ne se lasse jamais de franchir la ligne le premier vous savez (rires). C’est une sensation très particulière, chaque course a sa propre histoire et devancer à chaque fois plus de 150 autres coureurs, cela reste génial.”

On vous a vu actionner les commandes de votre dérailleur à 200 mètres de l’arrivée, juste avant attaque. Était-ce pour finir sur le grand plateau ?

”Oh, non, je ne crois pas (rires). J’ai peut-être fait tomber quelques dents sur mes pignons pour mettre un peu plus gros mais un plateau de 40 sur des pentes à plus de 15 %, c’était bien assez.”

guillement

« Ai-je passé le grand plateau pour mon attaque? Oh non… »

Beaucoup d’anciens vainqueurs considèrent le Mur de Huy comme un véritable défi tactique car il faut le monter très vite dans sa dernière ascension tout en conservant une marge pour une attaque. Êtes-vous d’accord avec eux ?

”Oui, tout à fait. Je pense que ma condition de l’année dernière était assez similaire à la forme que je possède actuellement, mais je n’avais pourtant pas réussi à entrer dans le top 10 (12e) car j’avais commis une petite erreur dans ma gestion de la montée finale. Et ici, chaque faute se paie cash… L’acide lactique vous envahit alors les jambes et on finit dans ce cas comme on peut. Il faut vraiment manœuvrer intelligemment, venir de l’arrière au bon moment dans la partie la plus raide.”

Diriez-vous qu’à Huy comme sur le Tour des Flandres, ce sont vos erreurs du passé qui vous ont permis de vous imposer cette année ?

”Oui, l’expérience dans le cyclisme demeure un facteur prépondérant. L’année dernière, sur le Ronde, j’avais aussi des jambes exceptionnelles mais j’ai fini quatrième. Pour gagner, il ne suffit pas de posséder une supercondition, il faut que toutes les pièces du puzzle s’emboîtent à la perfection.”

guillement

« Il faudra que j’essaie un jour Paris-Roubaix. »

Votre dauphin Mattias Skjelmose considère que vous êtes le meilleur de ce siècle. Sentez-vous une forme d’admiration du peloton envers vous ?

”C’est très gentil mais peut-être me battra-t-il dimanche, auquel cas je deviendrai alors le second meilleur coureur du siècle (rires)… Plus sérieusement, je suis conscient du respect que les autres coureurs ont pour moi mais je ne veux pas me placer sur un piédestal et j’ai un respect réciproque pour eux.”

Votre prochain challenge sur les classiques, sera-t-il de tenter de remporter Paris-Roubaix ? Cette course vous attire-t-elle ?

”Oui, je crois que je devrai au moins essayer une fois (sourire)… Mais pour le moment, je préfère encore laisser cela de côté.”