OL – Montpellier : « Pâle » comme jamais malgré un Lacazette combatif, Lyon a frôlé un couac XXL
Au Parc OL,
En croisant très tard samedi Alexandre Lacazette au bout de la zone d’interview du Parc OL, Jean-Louis Gasset s’est contenté de glisser à son adversaire du soir un « Général » rempli de respect et d’admiration. Le si expérimenté entraîneur montpelliérain (71 ans) sait bien que le capitaine lyonnais a été d’autant plus déterminant que ses troupes étaient aux abonnés absents pour la grande reprise de la Ligue 1 à Décines.
A l’image de son colossal travail dos au but sur l’unique but du match, en plein temps additionnel (1-0, 90e + 1), l’ancien Gunner a été avec Lucas Perri l’unique motif de satisfaction d’un groupe lyonnais hors sujet. Et ce même s’il refusait de se dissocier de la bouillie collective. « Toute l’équipe a été mauvaise sur ce match, il n’y a pas un joueur qui est sorti du lot », a-t-il en effet insisté, après ce succès aussi laborieux que précieux, avec une remontée à hauteur du Losc, 4e avec 28 points en 16 journées mais un meilleur goal-average.
Cinq faits de jeu très favorables
Et si Lucas Perri était le seul à nuancer un peu cette idée de « hold-up à domicile » (contre la lanterne rouge de Ligue 1) validée par Pierre Sage, en pointant « un jeu plus haut en seconde période », cinq faits de jeu sont là pour prouver à quel point l’OL a eu besoin d’une réussite dingue pour battre une équipe balayée par Le Puy en Velay (National 2) deux semaines plus tôt en Coupe de France (4-0).
- 3e : Débordée après une boulette d’Ainsley Maitland-Niles, la défense lyonnaise est d’emblée sauvée par la transversale de Lucas Perri sur une frappe quasiment parfaite de 20 m de Jordan Ferri.
- 5e : Sur le corner qui suit, Lucas Perri sort le grand jeu avec une manchette réflexe décisive sur un coup de tête de Becir Omeragic. Peut-être la plus grande parade de sa saison jusque-là.
- 53e : Validée dans un premier temps par l’arbitre Jérémy Stinat, l’ouverture du score de Jordan Ferri est annulée par le VAR en raison d’une poussette de l’ex-Lyonnais sur Malick Fofana avant qu’il n’hérite du ballon.
- 74e : Toujours à 0-0, le joker héraultais Khalil Fayad (20 ans) manque un but tout fait après un caviar de Mousa Al-Tamari. Totalement seul au point de penalty face à Lucas Perri, il trouve le moyen d’expédier sa frappe au-dessus.
- 90e + 1 : Maudit samedi, Khalil Fayad ponctue son horrible rentrée en inscrivant un but contre son camp tout à fait évitable sur un centre d’Alexandre Lacazette. Inconsolable, le jeune milieu de terrain a peut-être fait tourner en un quart d’heure le destin de la saison de l’OL, ainsi que celle de son club formateur.
Tous ces faits de jeu très favorables n’ont en tout cas pas adouci l’autocritique acerbe dans le camp lyonnais, à commencer par l’inévitable Alexandre Lacazette, malgré son euphorique célébration sur le but.
« Tous conscients qu’on n’a pas été à notre niveau »
« C’était une libération, confie-t-il. Mais on n’a pas mis notre jeu en place et on n’a pas respecté les consignes du coach dans l’utilisation du ballon, dans le positionnement, les espaces et les courses. On est tous conscients qu’on n’a pas été à notre niveau ce soir, qu’on a manqué d’initiative et qu’on a eu de la réussite. Je n’arriverai pas à expliquer pourquoi on n’a pas réussi à se reprendre. Le coach a gueulé à la mi-temps mais ça n’a pas marché. »
Dans une colère froide après la rencontre, Pierre Sage a ainsi révélé son discours de la pause n’ayant pas eu l’effet escompté. Celui-ci s’est adressé à ses joueurs en pointant un formidable outil bien rempli (48.162 spectateurs), surtout pour un 4 janvier soir froid et pluvieux contre le 18e de Ligue 1 : « Si on se respecte, si on respecte les gens qui viennent au stade, on n’a pas le droit de livrer une prestation aussi pâle que ça ».
« Quand certaines attitudes commencent à s’installer »
La suite s’est révélée aussi « pâle », malgré les entrées en jeu de Corentin Tolisso, Rayan Cherki (hors du coup samedi) puis Georges Mikautadze. La deuxième lame critique est venue de Jordan Veretout, aussi quelconque dans l’entrejeu que tranchant au micro de DAZN : « Ce soir, on ne va retenir que la victoire. On n’a pas créé de jeu, on n’a rien démontré. Il a manqué l’agressivité, et techniquement on n’était pas au rendez-vous. Il n’y avait pas nos courses vers l’avant, le contre-pressing… Ça nous sourit ce soir mais ça n’est pas une victoire méritée ». Place à Pierre Sage pour l’ultime uppercut en conférence de presse.
« On a vraiment eu du mal à développer notre jeu offensif. On a été très bien payés ce soir. Quand dans une équipe, certains se mettent à courir partout, les autres sont forcément tirés vers le haut. A l’inverse, quand certaines attitudes commencent à s’installer, elles ont des effets sur les partenaires, que ça soit dans la prise d’initiative, dans la mobilité, dans la création de lignes de passe, dans la réaction à la perte de balle… Tous les basiques qui faisaient notre jeu ont été totalement laissés de côté ce soir. On a fait beaucoup de choses à l’envers. Si on veut être ambitieux, on ne peut pas se permettre d’afficher une si pauvre qualité de jeu. J’aimerais pouvoir dire que c’était un avertissement sans frais. »
Si Pierre Sage exhorte son groupe à « se remettre au travail », c’est aussi car il est pleinement conscient que la thèse de l’accident ne tient pas vraiment, puisqu’il s’agit du troisième match raté de rang après le PSG (3-1) et l’Entente Feignies-Aulnoye en Coupe de France (1-2) fin décembre.
« Le grand exploit de gagner notre premier match »
De quoi pousser « Stone Wise » à une note aussi positive qu’ironique, au vu des difficultés de l’OL à lancer la machine après les longues trêves, avec depuis un an et demi des défaites systématiques à Strasbourg (2-1 en août 2023), au Havre (3-1 en janvier 2024) et à Rennes (3-0 en août dernier).
Notre dossier sur l’OL
« On a fait le grand exploit de gagner notre premier match, mais sans la manière », lâche ainsi l’entraîneur lyonnais. Déterminé à « agir sur les attitudes », il reste l’autre « Général » laissant augurer des lendemains meilleurs à cet OL quasiment forcé de retrouver la Ligue des champions à la fin de cette saison.