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OL – Ludogorets : « C’est dur à suivre »… La transition Sage-Fonseca a pris le dessus sur le nouvel accroc de Lyon

Au Parc OL,

Hors chants insultant le rival stéphanois à la 42e minute de jeu, il est rare de voir les deux virages du Parc OL totalement à l’unisson. Mais jeudi soir, deux jours après la brutale éviction de Pierre Sage, et un communiqué commun aux neuf groupes de supporteurs lyonnais, les « Pierre Sage, Pierre Sage, Pierre Sage » ont été scandés de partout avec une sacrée ferveur, et ce déjà de longues minutes avant le coup d’envoi contre Ludogorets (1-1).

A vrai dire, hormis quelques dribbles inspirés de Rayan Cherki et des parades déterminantes de Lucas Perri, la véritable raison de participer à cet ultime match de la première phase de Ligue Europa ne passionnant pas les foules (35.448 spectateurs) était là : rendre hommage aux treize mois de folie vécus avec Pierre Sage, d’une relégation statistiquement actée en Ligue 2 à une qualification directe pour les 8es de finale de la Ligue Europa (en tant que 6e).

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Le « respect éternel » du virage nord pour Sage

« Pierre Sage, nous te donnons notre respect éternel » pour les Bad Gones, « P. Sage, tu as redonné espoir à toute une ville, merci pour tout ! » côté Lyon 1950, l’unanimité est telle au sujet de l’ancien directeur du centre de formation que la page sera difficile à tourner à l’OL, n’en déplaise à John Textor. Plus détendu que jamais au moment de prendre des selfies aux côtés de supporteurs, au bord de la pelouse après la rencontre, le controversé propriétaire américain a dû se faire traduire la banderole que lui avait réservée le virage nord en début de soirée, « Textor, ton management nous laisse sans voix ».

Celui-ci a assisté à toute la rencontre aux côtés de son nouvel homme fort Paulo Fonseca, qui sera présenté ce vendredi après-midi devant les médias. Installé et apprécié au Losc (de 2022 à 2024), puis éphémère à l’AC Milan (six mois tumultueux), le Portugais a pu se rendre compte de l’ampleur du chantier dans le Rhône, au vu de l’interminable série en cours de six matchs sans victoire. Mais comment cette équipe si longtemps enthousiasmante, y compris en Ligue Europa, a-t-elle pu à ce point déjouer jeudi, et surtout offrir autant d’opportunités offensives au champion de Bulgarie (2,48 expected goals !), 34e sur 36 dans la compétition avant cette ultime journée ?

« Il faudrait déjà avoir une bonne pelouse »

La réponse tout en spontanéité de Rayan Cherki sur le sujet prête à sourire : « Il faudrait déjà avoir une bonne pelouse, car là, c’est pratiquement un terrain impraticable. » S’il faut bien ajouter un dossier pelouse du « formidable outil » dans le marasme actuel, la suite de l’analyse du meneur de jeu lyonnais en est flippante malgré lui.

« On a vraiment mis tout ce qu’on avait, on a tout donné pour remporter ce match. On était des chiens sur les premiers et deuxièmes ballons. Il va vraiment falloir rester sur cette ligne de conduite car il y a de bonnes choses à garder. Et quand le petit plus passera de notre côté, je suis sûr qu’on fera mal à tout le monde. »

OK, donc on a eu droit à un OL à 100 % dans ce match fadasse de Ligue Europa, à en croire Rayan Cherki. Celui-ci assure par ailleurs que le changement d’entraîneur de la semaine, couplé aux derniers jours du mercato, ne chamboule pas un groupe très attaché à Pierre Sage : « Je ne pense pas que ce contexte nous pèse. On est vraiment concentrés sur ce qu’on a à faire, on essaie de rester focus ».

« Impatients de tout donner pour Paulo Fonseca »

Notamment auteur d’une parade décisive dans le temps additionnel jeudi, pour sécuriser le Top 8 de C3, Lucas Perri reconnaît simplement : « C’est un moment compliqué pour notre équipe mais il faut travailler pour s’améliorer ». Rayan Cherki et lui ne s’en cachent pas : ils étaient Team Pierre Sage ( « une belle personne »), comme beaucoup d’autres dans le vestiaire.

Les Bad Gones ont tenu à la fois à remercier Pierre Sage et à tacler le propriétaire américain John Textor, juste avant le coup d'envoi d'OL-Ludogorets.
Les Bad Gones ont tenu à la fois à remercier Pierre Sage et à tacler le propriétaire américain John Textor, juste avant le coup d’envoi d’OL-Ludogorets. - J. Laugier / 20 Minutes

« Pierre nous laisse une image exceptionnelle : quand on voit où il a récupéré le club et où il l’a mis, il a gagné le respect de tous, résume le médaillé d’argent olympique. Très peu d’entraîneurs ont pu faire ce qu’il a fait. Je lui souhaite le meilleur pour la suite et j’espère qu’il retrouvera un projet à sa hauteur. » En parlant de projet, où en est exactement celui d’étendre une série d’invincibilité avec un jeu attrayant comme cela a été le cas en Ligue 1 entre les revers contre l’OM (2-3 le 22 septembre) et le PSG (3-1 le 15 décembre) ?

La fébrilité folle de Duje Caleta-Car, Ainsley Maitland-Niles and co jeudi soir n’incite guère à la confiance quant à l’objectif crucial du club : retrouver la Ligue des champions (la 4e place n’est qu’à 3 points). Et ce même si Rayan Cherki est parfait pour tenter de nous « hyper » avec cette nouvelle ère qui s’ouvre officiellement ce vendredi, avant d’aller à Marseille « pour gagner » l’Olympico dimanche : « On sait que Paulo Fonseca est un très grand entraîneur, qui aime avoir le ballon, jouer, attaquer, défendre. On est impatients de tout donner pour lui. J’espère qu’il donnera tout pour nous aussi ».

Des supporteurs lyonnais sur la ligne Mourinho

Adoubé par « Stone Wise » en février 2023 dans un post Twitter (après une interview à So Foot) remonté en flèche sur les réseaux sociaux cette semaine, Paulo Fonseca est celui qui doit vite replacer l’OL sur la carte de la Ligue des champions, après avoir eu un 8e de finale de Ligue Europa à sa portée en mars. La dernière trace lyonnaise de C1 remonte à la demi-finale inattendue à Lisbonne en 2020.

Et oui, prime Covid, Aouar on fire, Rudi Garcia en chef de meute apprécié (même à Lyon), vous remettez ? Une chose est certaine : de nombreux supporteurs de l’OL étaient aussi remontés que José Mourinho sur le « Sagegate », jeudi soir dans les travées de Décines.

« Si Sage n’a pas eu les résultats attendus en janvier, c’est la faute aux choix de Textor sur les mercatos, avec notamment Niakhaté en défense centrale, estime ainsi Paul (32 ans). Cette décision de le dégager me fait mal au cœur. De même à la fin de cette saison, il n’y aura peut-être plus Lacazette, Tolisso et Cherki. On va encourager des joueurs qu’on n’a pas vu grandir, alors que c’est le principal truc qui nous accroche à notre club depuis plus de quinze ans. Quelle est l’identité de l’OL dans ce projet multiclubs de Textor ? »

Buteur jeudi soir, Corentin Tolisso mais aussi Georges Mikautadze et Rayan Cherki (ici derrière lui) font partie des Lyonnais évoluant cette saison avec leur club formateur. Mais combien de purs produits du centre de formation de l'OL seront encore là dans un an ?
Buteur jeudi soir, Corentin Tolisso mais aussi Georges Mikautadze et Rayan Cherki (ici derrière lui) font partie des Lyonnais évoluant cette saison avec leur club formateur. Mais combien de purs produits du centre de formation de l’OL seront encore là dans un an ?  - O. Chassignole / AFP

« Comme nous voulons gagner la Coupe d’Europe… »

Une question qui revenait beaucoup au Parc OL jeudi soir, où Pierre Sage était perçu par plusieurs fans comme « le meilleur coach de l’OL depuis Rémi Garde ». C’est le cas de Béranger (29 ans), très agacé par le traitement réservé au désormais ex-entraîneur lyonnais.

« Pierre Sage nous a sauvés l’an passé puis il est viré comme un malpropre. Tout ça parce que ce n’est pas un nom dans le foot, mais un gars simple qui vient coacher en survet. Ça fout les boules ! Il était le seul à ramener de l’identité à l’OL. Là, on va être un hall de gare, avec des transferts, des joueurs surpayés qui défilent, et des jeux financiers à tout-va. D’un coup, on a moins envie de suivre son club. Textor joue à « Football Manager », c’est dur à suivre et ça fait peur pour la suite. Et puis ça faisait du bien, la simplicité de Sage dans le foot moderne, non ?  »

Notre dossier sur l’OL

Difficile de ne pas approuver, même si on a trouvé LA voix discordante du « formidable outil ». « Je suis plutôt pour ce changement car si on veut passer une étape, il faut un entraîneur comme Fonseca, avec de l’expérience, confie Fabrice (58 ans). On a vu que les méthodes à l’américaine de Textor avaient obtenu des résultats au Brésil. Là, Sage a fait du super boulot mais on ne savait pas ce qu’il pouvait donner au très haut niveau. Et comme nous voulons gagner la Coupe d’Europe… » Qui a dit que l’ambition avait fui les supporteurs lyonnais, treize ans après le dernier trophée remporté par le club ?