OL – Francfort : Dans quel monde Lyon pourrait-il se passer de son « fantastique » duo Cherki-Fofana en 2025 ?
Au Parc OL,
Après avoir rongé leur frein en semaine durant deux années, faute de Coupe d’Europe, les supporteurs lyonnais ont vécu une soirée de rêve jeudi contre Francfort (3-2). Enfin ça, c’était à condition de ne pas faire du rab devant Canal + jusqu’à 23h07. Car au moment de conclure sa courte interview d’après-match, Rayan Cherki n’a pas été des plus rassurants au moment d’évoquer l’hypothèse d’un transfert dès ce mercato hivernal : « Pour l’instant il reste encore deux matchs [d’ici Noël], on verra à la fin de la saison si je suis encore là ou pas ».
L’international Espoirs tricolore avait beau arborer un sourire un brin gêné au micro, l’urgence économique dans laquelle se trouve l’OL, rétrogradé en Ligue 2 à titre conservatoire par la DNCG il y a un mois, reste une réalité stressante. Surtout que rien ne garantit que les incontournables ventes de joueurs dans cet effectif (trop) fourni, lors du mercato de janvier, épargneront les deux pépites offensives Rayan Cherki (21 ans) mais aussi Malick Fofana (19 ans). Et bonne chance à Pierre Sage pour décrocher la qualif en Ligue des champions en mai prochain, si l’un des deux (ou pire les deux) venait à partir.
Fofana, un sprint magique et clinique de sept secondes
En attendant, les semaines passent et le vent de fraîcheur qui enveloppe leurs fulgurances et leur connexion technique ne s’estompe pas, bien au contraire. C’est ainsi qu’à la 50e minute de jeu de cette indécise 6e journée de Ligue Europa contre l’Eintracht Francfort, à 1-1, l’instant bonbon par excellence entre Cherki et Fofana a changé la soirée des 41.091 spectateurs de Décines. Certes, tout est parti d’une immense récupération du capitaine Alexandre Lacazette dans les pieds d’Arthur Theate, le long de la ligne de touche.
Lorsque Rayan Cherki hérite de ce ballon à 45 m des buts de Kevin Trapp, il semble être à un contre deux, sans réelle possibilité. A ce moment-là, Malick Fofana est lui encore dans son propre camp, hors course (capture d’écran ci-dessus). Sauf que le dragster d’Alost se lance alors dans un sprint d’anthologie, pour conclure avec brio un contre modèle sept secondes plus tard. Mais comment les deux feux follets de l’OL ont-ils pu aller au bout sur ce coup-là ?
« Rayan, il est à l’aise de partout »
« Je fais un sprint depuis le milieu du terrain, et Rayan me donne le ballon dans le bon timing, raconte le jeune Belge. Sa passe était parfaite et j’ai tiré en une touche du pied gauche. On se comprend avec Rayan, il sait comment je joue, et inversement. » Depuis son retour dans le groupe professionnel fin septembre (via sa prolongation de contrat), Rayan Cherki réalise des dribbles plus ébouriffants les uns que les autres. Mais c’est en fixant ses adversaires directs avant de sobrement réussir un délicieux caviar du pied droit pour son compère, dans le bon espace, qu’il a signé l’une de ses actions les plus marquantes/décisives de la saison.
La preuve éclatante d’un cap franchi, dans la vision du jeu, la simplicité et l’altruisme, chez cet ex-soliste souvent si frustrant. « Rayan fait un début de saison vraiment exceptionnel, résume Corentin Tolisso. Que ça soit sur le côté droit ou en numéro 10, il est à l’aise de partout. » Lui aussi impressionnant depuis de longues semaines, le milieu défensif lyonnais a d’ailleurs profité jeudi de la vista de Cherki sur une remise en talonnade magistrale, à l’origine de sa tentative sur le poteau dès la 7e minute.
« Ils s’améliorent chaque jour », apprécie Matic
Vingt minutes plus tard, une nouvelle frappe lointaine de Corentin Tolisso finit au fond grâce à une déviation inspirée, tout en spontanéité, de la part de l’inévitable milieu offensif de 21 ans (1-1). Mais la principale difficulté, lorsqu’on assiste à un match de l’OL de Pierre Sage cet automne, c’est de déterminer qui de Rayan Cherki ou de Malick Fofana est le plus kiffant, et le plus à même de nous réconcilier avec un football dont les talents bruts sont presque en voie de disparition.
« Ils sont durs à prendre, ils sont en confiance et ils sont dans une forme étincelante », liste Corentin Tolisso. Même l’hypra expérimenté Nemanja Matic (36 ans) ne sait plus trop quelle posture adopter face au détonant tandem. « Ils sont bons mais je ne veux pas dire trop de choses sur eux car ils sont tellement jeunes qu’ils peuvent encore s’améliorer », glisse ainsi d’abord le milieu serbe. Avant de lâcher prise, lui aussi : « Mais soyons honnêtes, ils ont des qualités fantastiques et ils s’améliorent chaque jour. Leur potentiel est grand, dans notre club comme pour beaucoup de grands clubs dans le monde ».
Cherki appelé par Deschamps en mars 2025 ?
Et allez, voilà une pièce remise dans le jukebox des rumeurs mercato à montants juteux. Il ne manquerait plus que Didier Deschamps se décide à convoquer Rayan Cherki pour faire grimper encore sa valeur. « Je pense qu’aujourd’hui, Rayan est regardé et il est considéré, a réagi sur le sujet Pierre Sage jeudi soir. Son expérience aux JO n’avait pas été très positive pour lui. Je pense que là, il a d’autres arguments. S’il est appelé, il le méritera. »
Notre dossier sur l’OL
La prochaine sélection des Bleus étant en mars, celui-ci sera-t-il encore lyonnais à ce moment-là ? Que ça soit pour sa nouvelle masterclass contre Francfort ou pour sa conférence de presse d’avant-match mercredi (« J’ai trouvé l’homme et le footballeur que j’avais envie d’être. Aujourd’hui, le football est moins regardé car il est robotisé, et moi, je veux donner du plaisir aux gens »), on ne l’imagine pas avec un autre maillot en 2025. Pas plus que son coéquipier belge au visage juvénile, qui ne semble pas pressé de quitter son club.