NBA Paris Games : « Comme en play-offs »… A-t-on vraiment vu des « matchs en bois » entre les Spurs et les Pacers ?
A l’Accor Hotel Arena,
On a beau le connaître un peu, après quelques années dans le métier, on arrive encore à être surpris. Connu pour avoir des positions (très) arrêtées sur le foot, et notamment le niveau de Marco Verratti au PSG, sa marotte préférée pendant des années, Daniel Riolo ne manque pas de détracteurs. Mais, comme s’il manquait au journaliste de RMC une petite dose d’adrénaline, le membre permanent de « l’After » s’est dit que ça allait être une bonne idée de se farcir les fans de basket, en évoquant les NBA Paris Games.
« On n’est pas obligé de tomber dans la stratégie marketing de la NBA qui nous envoie deux matchs en bois. Ce sont des matchs qui ne servent strictement à rien. Les gens s’excitent sur ces deux matchs que les Américains nous donnent par pitié, et des bobos parisiens se retrouvent au bord du parquet. Quand ils enverront un match de play-offs on les respectera. La NBA nous donne des restes et on se jette dessus comme Jacquouille la Fripouille ? Vous n’avez pas honte ? »
Suffisant donc pour déclencher les enfers chez les passionnés de la balle orange, prêts à descendre les Champs-Elysées avec fourches et barres de fer. Passons sur les « bobos parisiens au bord du parquet », même si un petit souffle de dépit est sorti de notre bouche en voyant l’ancienne Miss France Maëva Coucke se lever de son siège, faire le tour d’une rangée de fauteuils pour prendre la pose au bord de la ligne de touche pendant plusieurs secondes en plein temps mort, et venons-en aux « deux matchs en bois ».
« Avoir conscience de la chance qu’on a »
Il est vrai, sur le papier, le commun des mortels s’exciterait un peu plus sur un Celtics-Lakers qu’un Spurs-Pacers, mais, que voulez-vous, Victor Wembanyama évolue aujourd’hui au Texas. Et puis, on est loin du Bulls-Pistons de 2023 ou du Nets-Cavaliers de l’année dernière, qui pouvaient nous laisser penser que la NBA se débarassait de deux rencontres pas très alléchantes. « La NBA a évidemment un intérêt, pour mieux vendre ces matchs, à ce qu’il y ait un lien entre l’un des deux clubs et le pays hôte, relève Clément, maillot des Spurs sur le dos. C’est tout bénef pour la NBA, pour les Spurs, pour Victor et pour la France, qui est quand même le seul pays à accueillir un match de saison régulière. Il faut avoir conscience de la chance qu’on a. La NBA se déplace chez toi. »
Et quand elle se déplace, elle fait les choses en grand. On a ainsi pu voir samedi un chihuahua ballon au museau, avec un maillot des Spurs, marquer dans un minipanier sous l’ovation du public ou assister à des danses un peu cheloues des mascottes des Spurs, Coyote et Coyote Jr. De quoi nous laisser un peu circonspect, mais c’est le « show à l’américaine », qu’ils disent. Et si, sur le parquet, le premier match nous a fait un peu peur de par son manque d’intensité et ses défenses laxistes, le deuxième affrontement nous a un peu rassuré. Non, les deux équipes n’étaient pas là en exhibition.
« Ils ont été beaucoup plus agressifs ce soir qu’ils ne l’étaient l’autre jour. C’était un très bon match, relève Chris Paul, le meneur des Spurs, qui sait un peu de quoi il parle, avec ses vingt ans passés dans la Ligue. C’était un bon test pour nous, car ils ont joué comme dans les play-offs. » Et qui dit play-off, dit franchise player qui prend ses responsabilités et éclabousse de son talent, comme l’a fait Tyrese Haliburton, le champion olympique des Pacers. Au milieu du troisième quart-temps, pendant un peu plus de deux minutes, le n°0 a marqué 16 points, donc 4 tirs consécutifs à 3 points pour tuer les espoirs des Spurs de revenir dans le match.
Les play-in en objectif
« C’est ce genre de performance que tu peux voir qu’en NBA, indique David, présent à Bercy. Un peu comme celle de Victor [30 points, 11 rebonds] jeudi. Franchement, malgré l’écart, c’était un bon match ce soir [samedi], même si on aurait aimé que ça s’accroche un peu plus pour enflammer la salle. Après, il ne faut pas croire que les matchs de saison régulière aux Etats-Unis sont tous incroyables, même ceux entre les grosses équipes. »
Et puis ces matchs dans la capitale française revêtaient quand même d’un intérêt sportif majeur pour les deux équipes. Indiana est bien parti pour se qualifier pour les play-offs, alors que San Antonio se bagarre pour atteindre les play-in dans la très disputée conférence Ouest. « Au milieu d’une saison, cela permet de carburer pour le reste, commentait VW après la rencontre. Cela va grandement me servir et en tant qu’équipe je pense qu’on a grandi aussi pendant ce voyage. »
Et n’allez pas croire que toute l’agitation qu’il y a eue autour des Spurs et des Pacers cette semaine, et des distractions qui vont avec, va s’arrêter une fois le retour au pays effectué. « La NBA, c’est un empilement de distractions, tout le temps, cela devient une chose normale, a réagi le coach des Pacers, Rick Carlisle. Les joueurs s’en sortent bien. Ils ont l’habitude de compartimenter bien mieux que les générations précédentes. Si vous êtes extérieur à ce monde, c’est facile de vous demander comment vous vous concentrez sur le basket avec tout ce qui se passe autour. Mais il y a toutes ces choses aussi aux Etats-Unis. » Il y a même parfois le Trophée des champions de foot qui y est organisé, comme en 2012 avec un sublime OL-Montpellier qui s’est terminé aux tirs au but. Et, là, on peut vraiment parler de match en bois.