Manchester United – OL : L’arbitrage de Sandro Schärer a-t-il précipité le cauchemar lyonnais ?
Derrière toute désillusion mémorable du football français se cache le visage d’un arbitre. Demandez donc aux supporteurs de l’OM si, même 35 ans après, ils ont oublié Marcel Van Langenhove, l’homme derrière la main de Vata lors d’un cruel Benfica-OM (1-0). La même pour les Lyonnais, floués en 2005 par le penalty évident sur Nilmar zappé par Kim Milton Nielsen à Eindhoven (1-1, 4-2 aux tirs au but). Et évidemment par les fans du PSG, toujours les nerfs à vif lorsqu’ils entendent le nom de Deniz Aytekin depuis LA remontada de 2017 au Camp Nou (6-1).
Alors, l’arbitre suisse Sandro Schärer a-t-il mérité sa place dans ce prestigieux panthéon, au lendemain de ce quart de finale retour de Ligue Europa Manchester United-OL (5-4) d’ores et déjà entré dans la légende des pires traumas de notre football ? On peut remarquer que l’entraîneur Paulo Fonseca (il est vrai vacciné par sa suspension en Ligue 1 jusqu’en novembre), comme les joueurs lyonnais, ont été très soft dans la zone d’interview d’Old Trafford à son sujet.
Il y a un mois, le président lillois Olivier Létang avait été bien plus tranchant concernant ce même Sandro Schärer, à l’issue du 8e de finale de Ligue des champions retour perdu contre le Borussia Dortmund (1-2). L’arbitre avait fait preuve de clémence envers le latéral du Borussia Waldemar Anton, qui aurait pu être expulsé, et il avait surtout accordé un penalty très généreux aux Allemands, à 1-0 en faveur du Losc.
« Pour moi, il n’y a pas faute. A la désignation de l’arbitre, quand j’ai vu qu’il était suisse allemand, j’ai trouvé ça assez particulier. A la mi-temps il parlait avec les joueurs de Dortmund exclusivement en allemand… », dénonçait alors Olivier Létang. Mais revenons à nos moutons, et sur trois décisions qui ont pu influencer le scénario épique du Man U-OL de jeudi soir.
89e : L’expulsion (très sévère) de Tolisso
Revigoré par ses deux buts inscrits en seconde période (2-2), l’OL semble capable de faire plier Manchester United dans les dernières minutes du temps réglementaire. C’est alors que sur un service de Mason Mount en direction de Leny Yoro sur le côté droit, ce dernier chute, visiblement après un croc-en-jambe de Corentin Tolisso. Logiquement averti en première période (45e + 1), le capitaine lyonnais est expulsé par Sandro Schärer.
Mais au ralenti, on voit bien que Corentin Tolisso fait tout son possible pour ne pas faire trébucher l’ancien défenseur lillois. Certes, le numéro 8 lyonnais était dans le viseur de l’arbitre après une précédente intervention limite, mais en aucun cas ce (très) léger accrochage involontaire ne méritait des conséquences aussi lourdes.

« Malheureusement, je prends ce deuxième carton qui nous fait du mal, a débriefé l’intéressé au micro de Canal +. Je n’ai pas revu les images, je ne sais pas s’il y a faute ou pas, si le carton est mérité ou pas. Avec l’expérience que j’ai, je pense que je dois être plus intelligent et ne pas être dans sa course. » Chapeau à Corentin Tolisso de ne pas davantage polémiquer sur cette décision qui a rendu fous tous les supporteurs lyonnais.
111e : Penalty pour Casemiro, vraiment ?
Même à 10 contre 11, l’OL a réussi le petit miracle de mener de deux buts (2-4) grâce à Rayan Cherki et Alexandre Lacazette. Il ne reste que dix minutes à tenir dans cette prolongation et Lyon semble être plutôt serein, jusqu’à ce centre de Luke Shaw dévié de la tête par Casemiro. Dans la confusion, le ballon revient sur l’ex-Madrilène, qui tente de reprendre et est touché par Thiago Almada.
Sur le coup, Sandro Schärer laisse le jeu se poursuivre malgré les protestations de Bruno Fernandes… mais l’arbitrage VAR l’interpelle. Pour une erreur manifeste donc, vraiment ? OK, Thiago Almada a le mauvais réflexe de toucher le pied de Casemiro, mais était-ce suffisant pour siffler un penalty relançant totalement le suspense dans ce match, à un moment où Old Trafford commençait à se vider ?
On ne le pense pas par ici, et l’ironie de l’histoire est là : l’absence de VAR a été fatale à l’OL en 2005, tout comme son existence vingt ans plus tard. « Ce penalty nous a fait mal », reconnaît Malick Fofana. Il s’agit même du tournant d’une prolongation ahurissante.
120e+ 1 : Une poussette de Maguire sur Niakhaté ?
Totalement dans les cordes après le penalty de Bruno Fernandes (3-4, 114e) et l’égalisation de Kobbie Mainoo (4-4, 120e), l’OL recule et peine à sécuriser la séance de tirs au but. Sur un centre de Casemiro, Moussa Niakhaté est à la lutte dans les airs avec un Harry Maguire s’improvisant attaquant de pointe. L’improbable pilier des Three Lions échappe au Sénégalais, crucifie Lucas Perri de la tête et fait chavirer Old Trafford comme jamais cette saison (5-4, 120e+ 1).
Notre dossier sur l’OL
Y est-il parvenu grâce à une poussette, comme le réclament aussitôt Lucas Perri et Duje Caleta-Car ? On a prié pour que le VAR vienne sauver l’OL sur ce coup, mais soyons honnêtes : en aucun cas la mini-poussette de Maguire dans le dos de Niakhaté ne méritait d’être sanctionnée. Sur ce coup, Sandro Schärer a bien eu raison de laisser le jeu se poursuivre et de ne pas se laisser piéger par le plongeon de Niakhaté, coupable d’une air-défense sur l’action. Comme il avait en partie raison de ne pas siffler à chaud la chute exagérée de Casemiro dix minutes plus tôt. Amis lyonnais, on est avec vous.