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Liverpool – PSG : Pardon pour tout Donnarumma, tu es le grand gardien que tu penses être

De notre envoyé spécial à Liverpool,

« J’n’ai confiance qu’en mon desert eagle et en Gigio pendant les tirs au but. » L’histoire nous dira si le rappeur Kaaris osera une réédition de son célèbre couplet, en tout cas, elle ferait sens. Par ses deux arrêts décisifs devant Darwin Nuñez et Curtis Jones, Donnarumma a envoyé le Paris Saint-Germain en quarts de finale de Ligue des champions, confirmant son invincibilité dans le domaine. L’Italien en est à six victoires pour autant de séances de tirs au but auxquelles il a participé. Un chiffre qui évoquait jusqu’ici la victoire de la Nazionale à l’Euro 2021. Il englobe aussi, à compter de ce jour, la plus incroyable qualification du Paris Saint-Germain, novice dans l’exercice en Ligue des champions.

Plus qu’acteur, Gianluigi Donnarumma a tenu le rôle principal à Anfield, épousant à la perfection toutes les facettes de son personnage. Hésitant, d’abord, il avait été sauvé par Nuno Mendes en tout début de match. Résilient, ensuite, pour repousser les assauts infinis des Reds, de Konaté à Luis Diaz, dont on se demande encore comment il a sorti la tête piquée sur un corner en début de seconde période. Dramatique, quand pour une raison ou une autre, il s’est allongé au milieu de la pelouse pour demander l’intervention du staff médical, ouvrant la porte de l’éternelle infortune parisienne. Héroïque, enfin, en tournant en ridicule les tireurs de Liverpool, exception faite pour Salah, pour conduire ses coéquipiers vers la gloire d’une victoire de prestige dans un bastion imprenable.

Donnarumma saoulé par les critiques du match aller

Pour ça et bien d’autres choses que l’on oublie probablement, le football doit des excuses à Gigio, érigé en coupable idéal de la défaite au Parc des Princes, mercredi dernier (0-1). Dans un monde plus juste, L’Italien aurait partagé les torts avec Marquinhos et Nuno Mendes. Dans le nôtre, il lui a été donné de porter le poids d’un résultat que tous jugeaient rédhibitoire. Ah, si seulement c’était la première fois, mais il y avait déjà eu le Bayern en 2023 parmi les mille et une erreurs, grosses et moins grosses, qui lui ont été reprochées, souvent à juste titre d’ailleurs. « Donnarumma a un mauvais jeu au pied », ou encore, « Donnarumma ne sort jamais sur corner malgré sa carrure de frigo américain », et puis bien sûr « prendre un but sur un seul tir, c’est scandaleux », sans prendre en considération le degré de difficulté de l’action. « J’ai vu beaucoup de critiques fuser de la part de journalistes, si on peut les appeler ainsi, sans savoir en quoi consiste mon métier, a pesté l’Italien au micro de Sky Italia après la qualification mardi. Après le match aller, nous avons encaissé un but sur un tir et on m’a tout mis sur le dos. »

En contrepartie, accordons à Donnarumma tous les lauriers du succès en guise de dédommagement. C’est mérité. Mardi, à Liverpool, il a fait tout ce qu’on attend d’un gardien de but. Non, on n’est jamais très serein sur ses relances au pied, oui, certaines des chandelles sorties de sa chaussure n’auraient pas fait tache dans le dernier Irlande-France du tournoi des 6 nations, mais il n’a pas plus déjoué que beaucoup de joueurs de champ au plus fort de la pression des Scousers en première période. Les autres reproches habituels ont également été balayés, dans la lignée de ce qu’il produit depuis le début de l’année 2025. « Aujourd’hui il a montré combien il était important, appuie Marquinhos. Pendant le match, il a été très agressif, il sortait de ses buts, sur tous les coups francs il était actif sur sa ligne. Il a montré ce dont il est capable et on est très heureux pour lui. »

Donnarumma en discussions pour prolonger

En discussions avec le Paris Saint-Germain, « [sa] maison » où il aimerait prolonger au-delà de 2026, Donnarumma tient dans cette qualification un argument de poids pour convaincre les dirigeants du club de lui faire confiance et les supporters de lui accorder plus d’amour. Il est temps que sa relation poussive avec le PSG née de l’interférence entre son arrivée et la triste fin de Keylor Navas au club, franchisse un nouveau cap. L’international italien mérite mieux que d’être boudé pour les mauvais choix passés, où d’être envoyé sur Neptune pour faire de la place à Lucas Chevalier, nouvelle lubie des suiveurs parisiens. On ne parle pas de remplacer Bernard Lama dans les cœurs, seulement de l’affection qui lui est due. Le CUP a scandé son nom à plusieurs reprises après ses arrêts décisifs à Anfield, c’est un bon début.