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Liverpool – PSG : Du poteau à Vitinha, ces moments où on a manqué d’oxygène à Anfield

De notre envoyé spécial à Liverpool,

Un grand soupir, un regard dans le vide et un sentiment d’épuisement partagé par tous les confrères. Pas un témoin de ce Liverpool – PSG en 8e de finale retour de Ligue des champions n’osera affirmer en être ressorti intact. Combien d’années d’espérance de vie a-t-on perdues dans l’affaire ? Une ? Cinq ? Dix ? « Je croyais que mon cœur allait s’arrêter [pendant la séance de tirs au but] », plaisantait Nasser Al-Khelaïfi en zone mixte après la qualification parisienne (0-1, 1-4 aux t.a.b.), encore sous le choc.

Personne n’a semblé en mesure de comprendre ce qu’il venait de vivre, à part éventuellement Arne Slot. « Je pense que c’est le meilleur match de football dans lequel j’ai jamais été impliqué », a déclaré l’entraîneur vaincu en conférence d’après-match. Son appel à un Anfield bouillant a été largement suivi par les supporters des Reds, au moins pendant le temps réglementaire, transformant ce match retour en véritable cauchemar par salves récurrentes. Le souffle coupé, le cœur à 200 à l’heure, on a bien cru y rester à de nombreuses reprises. Top 5 des moments les plus stressants.

Le tir au but de Vitinha

« Oh, la, la, la, la, mais le but c’est de nous tuer en fait. » La phrase, sortie par un confrère blasé, les mains sur le visage, traduit bien l’idée. Le penalty pas franchement convaincant de Vitinha, habituellement intraitable dans l’exercice, a eu le mérite de rentrer comme tous les autres. Mais il l’a fait plus lentement que les autres. A deux à l’heure, détourné par Alisson Becker dans son propre but, il y avait de quoi rendre fou. Une séance de t.a.b. est déjà suffisamment stressante en soi, pareil pour un match à Anfield, ce coup de chaud n’était pas vraiment nécessaire. Et puis cette course d’élan, petit Victor, elle n’est pas du tout adaptée aux cœurs fragiles.

La tête sur le poteau de Quansah

Le coup franc concédé par Désiré Doué à la 78e minute est le genre de mauvaise idée qu’on voir arriver gros comme une maison. Et ça n’a pas manqué. Sur la séquence suivante, un long ballon arrive au deuxième poteau jusqu’à l’entrant Quansah, qui s’était transformé en Mario Jardel prime pour l’occasion. Sa tête puissante, non sans rappeler un certain João Neves contre City, n’a pu être arrêtée que par le poteau. Poteau intérieur, hein, sinon c’est pas drôle. Il fallait bien que le ballon roule tout doucement derrière le dos de Donnarumma pour qu’on comprenne rien à la situation – pas aidés par la rangée de fans de Liverpool qui se levait devant nous dans les moments chauds.

Le but refusé à Szoboszlai

Là, on s’adresse à l’arbitre, à l’UEFA, à l’IFAB bref à tous les organes compétents en matière d’arbitrage et de football. L’action du but refusée au Hongrois des Reds était clairement entachée d’un hors-jeu au début de l’action. A quoi bon laisser jouer, sinon à des fins de torture psychologique ? Alexander Arnold a eu le temps de toucher le poteau (le même, intérieur avec le ballon qui roule devant la ligne) et Szobozlai de marquer. Même pour les Scousers, persuadés de tenir enfin l’égalisation qui arrivera finalement comme un 30 février, c’était pas cool.

Si l'arbitre avait sifflé à ce moment, des vies auraient probablement été épargnées
Si l’arbitre avait sifflé à ce moment, des vies auraient probablement été épargnées - Capture d’écran

Les dix premières minutes du match

On a à peine eu le temps de s’émouvoir du You’ll Never Walk Alone et se dire que ce stade et ce public étaient vachement chouettes que l’on s’est retrouvés pris dans une rage collective comme rarement on en a vécu. Des ahuris du ciboulot, des dégénérés des cordes vocales. L’AMA devrait se pencher sur les effets dopants procurés par le fait de jouer devant des supporters qui poussent aussi fort car pendant les dix premières minutes, les Parisiens n’ont pas gagné un seul duel et concédé trois occasions franches, dont la seule de Mo Salah pour ouvrir le bal. Il fallait avoir le cœur bien accroché pour survivre à la frappe de l’Egyptien contrée de justesse par Nuno Mendes, qui avait respecté le thème de la soirée, à savoir la rédemption. Dix minutes où tout allait trop vite, où le ballon, à peine parti, revenait. « Il y a eu quelques moments de difficultés mais on a su tenir grâce au collectif », félicitait Marquinhos en zone mixte. Et une intervention divine, certainement.

Gianluigi Donnarumma demande l’aide du staff médical

Quand le gardien italien a posé son postérieur de super-héros sur la pelouse d’Anfield pour se plaindre d’on ne sait quelle douleur, on s’est dit que les dés étaient jetés. Dans une projection hyper réaliste dont est capable notre cerveau angoissé, l’entrée de Matvey Safonov ne pouvait que tourner au vinaigre. On ne rentre pas dans un tel match, dans une cocotte-minute pareille avec l’espoir de faire aussi bien que le gardien de but titulaire qui a eu le temps de s’imprégner du contexte et monter en puissance. C’était couru d’avance. D’autant plus que Gigio venait de sortir la tête de Luis Diaz d’un arrêt dont lui seul était capable, avec son énorme main armée du gant de Thanos. L’Italien s’est finalement relevé, notre rythme cardiaque est reparti. Pénible de bout en bout, vraiment.