Ligue des champions : 60 pions en 90 minutes, vers une overdose de buts sur le multiplex du siècle ?
Le frisson virera-t-il à la séance de torture auditive ? Canal+ s’apprête à diffuser le plus grand multiplex de son histoire à l’occasion de la 8e et dernière journée de la phase de ligue de la Ligue des champions : 34 équipes (dont quatre clubs français) représentées dans 17 matchs simultanés à travers l’Europe, pour 58 buts potentiels (correspondant à la moyenne de buts marqués lors des sept premières journées).
Ça aurait pu être pire, si la 18e rencontre, celle des Young Boys contre l’Etoile Rouge de Belgrade n’était pas privée de diffusion en France à cause du sponsor interdit de l’équipe suisse. Sans grand regret toutefois. Pour ne pas sombrer dans la cacophonie et nous dégoûter du mythique « tutululutututut », le diffuseur va devoir arbitrer, et nul doute que cette rencontre entre le 32e et le 36e dénué d’intérêt narratif aurait été coupée au montage. Un sort auquel ne devrait pas échapper le non moins délicieux Sturm Graz – Leipzig (30e et 33e), duel là encore hors de portée de la 24e et dernière place qualificative pour les barrages.
Dans une interview à L’Equipe, l’illustre animateur du multiplex de Canal+, le journaliste Éric Besnard, mesure l’ampleur du défi. « On devra être partout mais sans se noyer, en donnant du sens à la soirée et en sachant où sont les priorités. La première de ces priorités est de suivre les quatre clubs français (PSG, Brest, Monaco, Lille) mais pas seulement… Être là où il y a de l’enjeu ! » Le problème est bien là : à 12 équipes près qui n’ont rien à jouer car qualifiées ou éliminées, l’enjeu sera partout mercredi.
Les enjeux en question
Qualification pour les 8es de finale : 14 équipes se disputent encore la qualification directe pour le tour suivant sans passer par la case barrages. Un éventail qui s’étend d’Arsenal (3e et quasiment qualifié) à Bruges (20e avec 11 points et une chance infime de finir dans le top 8). Lille, Monaco et Brest sont concernés.
Barrages : Très peu de places restent à pourvoir. Derrière Stuttgart, dernier qualifié provisoire, seuls Manchester City, le Dinamo Zagreb et le Shakhtar peuvent encore bousculer la hiérarchie. Le PSG est concerné par cette lutte, bien qu’Opta évalue à 86 % ses chances de passage.
Un rendez-vous d’un autre temps ?
Pour gérer l’événement, Canal+ peut compter sur un savoir-faire millénaire, parfaitement rodé depuis l’apparition du concept en mai 1993. Mais son bon déroulement dépendra plus que jamais de deux personnes, les « watchers ». « [Leur] job est de regarder tous les matchs. Ils seront deux demain soir dans ce rôle-là, plus toutes les autres personnes présentes en régie qui restent en alerte. Mais un seul watcher appuiera sur le bouton pour lancer la petite musique que vous connaissez tous. » Avec le risque de plonger des centaines de milliers de Français dans la folie et la surdité en abusant du jingle.
Bon, on exagère un peu. Un, l’option couper le son existe – mais c’est pas sympa pour Besnard et ses équipes. Deux, le multiplex est moins un rendez-vous madeleine de Proust qu’un outil vital pour suivre la dernière journée de Ligue des champions, dans la mesure où le groupe proposera en parallèle chaque match sur une autre chaîne de sa plateforme (le PSG sur Canal+ Foot et Canal+ Live 1, Brest sur Canal+ Sport 360 et Canal+ Live 2, etc.). En 2025, l’abonné peut choisir le match qui l’intéresse ou, si ça lui chante, faire lui-même son multiplex en zappant frénétiquement. Le jingle historique reste encore le plus dur à reproduire. Et si tout compte fait, la dernière raison d’être du multiplex se situait dans cette petite musique ?