Sport

Le skate et la mode : une relation de plus de 50 ans

La relation entre skate et mode, initiée au début des années 1970, s’est consolidée avec l’émergence du streetwear, devenant un modèle de longévité. En 2017, l’esthétique skate a été propulsée par une première collaboration entre Supreme et Louis Vuitton.


Une histoire en mouvement. Débutée au début des années 1970, marquée par des shorts et des chemises colorées, la relation entre le skate et la mode s’est renforcée avec l’avènement du streetwear, devenant ainsi un modèle de pérennité. Les riders présents le 11 octobre aux abords de Roland-Garros pour la Street League Skateboarding (SLS), la plus grande compétition de skate, en témoignent.

Leurs tenues, qui font partie intégrante de la culture skate, seront (presque) autant observées que leurs figures acrobatiques. En effet, « le skate agit comme un catalyseur des tendances émergentes chez les jeunes », se révélant comme « une source d’inspiration pour l’univers de la mode », analyse Arthur Croisey, responsable des partenariats chez Decathlon. Autrement dit, le phénomène est réciproque. Le style skateur n’a jamais été aussi populaire, tant auprès des initiés que du grand public, y compris des fashion addicts qui ne savent pas équilibrer sur une planche.

Une expression stylistique maîtrisée

Autrefois vindicative et provocante, la culture skate s’est démocratisée dans les années 1990 et 2000, devenant bien plus qu’un simple sport, mais un véritable style de vie. Cela passe notamment par un style vestimentaire distinctif. « C’est avec l’émergence du streetwear que le skate s’est imposé comme une véritable référence stylistique. Ce mouvement est né de la rue, en mêlant les contre-cultures du skate, du surf, du punk rock et du hip-hop », précise Arthur Croisey. Ces décennies ont vu le style skateur conquérir le grand public, avec un intérêt marqué pour les t-shirts, court et pantalons amples, entre autres.

La culture skate est alors omniprésente, soutenue par des séries comme « Hartley, cœurs à vif », les films « Wassup Rockers » et « Les Seigneurs de Dogtown », ainsi que la pop star Avril Lavigne. Cette montée en puissance est également accompagnée par un engouement pour les marques de vêtements et de chaussures spécialisées, telles que Dickies, Vans, DC Shoes, Element, Osiris et Supreme. Cette dernière marque a particulièrement contribué à « élever le style skateur vers encore plus de prestige et de désirabilité », selon Edouard Keller, directeur général du bureau de tendances Carlin International. Il ajoute : « Supreme a joué un rôle essentiel en étant la première à établir la relation entre le skate et le luxe ».

« Tout le monde surfe sur la vague du skate »

En 2017, l’esthétique skate atteint un niveau inattendu grâce à une première collaboration entre Supreme et Louis Vuitton. Peu attendu, mais pourtant réel. Cela a été suivi par des collections telles que Gucci x Palace ou Palm Angels x Vans, qui ont placé le skate au premier plan des défilés de mode, renforçant encore les liens entre ce sport et la haute couture. L’engouement n’a pas faibli, en grande partie grâce à l’inclusion de la discipline aux Jeux olympiques de Paris l’an dernier et le lancement de nombreuses collections grand public.

« Tout le monde surfe sur la vague du skate », observe Edouard Keller. « Le luxe a adopté les codes de la culture skate, tout comme des marques très grand public. L’intérêt pour cette esthétique s’étend à tous les secteurs ». Il mentionne notamment la marque Nike SB, entièrement dédiée au skateboarding, les nombreuses gammes proposées par adidas et le « travail remarquable » réalisé ces dernières années par Decathlon sur sa gamme skate.

L’enseigne sportive a collaboré avec Joseph Garbaccio et Roos Zwetsloot pour créer des capsules autour du skate, et collabore aussi avec l’ONG Make Life Skate Life pour établir des skateparks dans des régions dépourvues. Ce partenariat a donné naissance à une collection textile consacrée à la discipline, soutenue par son équipe Decathlon Skateboarding, qui travaille également sur la création d’équipements pour les riders et le grand public. Le tout visant à « rendre le skate accessible sans compromettre la performance ».

C’est quoi le look skateur ?

Que ce soit des novices ou des initiés souhaitant assister à la Street League Skateboarding ce samedi, ou simplement adopter le look skateur, il est indispensable de sortir son plus beau baggy – taille basse et extra-large. « C’est la base », affirme Edouard Keller. À porter avec un t-shirt ample ou un débardeur, rehaussé d’une veste ou d’une chemise large. En ce qui concerne les chaussures, il y en a pour tous les goûts : des grandes languettes de la Nike Dunk et de la Campus d’adidas, ou des modèles de chaussures très fines qui se fondront sous le baggy. Une esthétique qui devrait perdurer et être vue encore et encore ces prochaines années, tant elle est devenue emblématique.