Le Shuffleboard va-t-il remplacer les fléchettes et le billard ?

Si vous êtes nuls aux fléchettes ou que vos amis vous battent systématiquement au billard et au baby-foot, réjouissez-vous ! Vous allez pouvoir vous faire humilier à un nouveau jeu (alors que vous avez eu la gentillesse de les inviter) : le Shuffleboard ! Ce jeu d’adresse venue d’Angleterre (et du tréfonds des temps, il remonterait au Moyen Âge) est en passe de devenir très populaire en France.

Après l’ouverture de Shuffled en septembre à Boum Boum Villette, un second lieu parisien dédié à ce « jeu de galets » est inauguré : le Pucks ( « palet » en anglais). Mis à part quelques lieux avant-gardistes, comme le bar 1001 bières à Troyes ou la Shuffle Factory à Tours, le Shuffleboard souffrait jusque-là d’un cruel manque de popularité. Ces nouveaux lieux parisiens pourraient-ils changer la donne ? 20 Minutes fait le point.

Un jeu difficile mais pas trop

Croisement entre la pétanque et le curling, le Shuffleboard consiste à faire glisser, sur une longue piste de bois, des palets lestés (et plutôt lourd) pour qu’ils s’arrêtent pile poil avant de retomber de l’autre côté de la table. Plus vous êtes près du bord, plus vous marquez de points, bien sûr. Comme à la pétanque, vous pouvez dézinguer les palets adverses, en prenant le risque de les rapprocher de la zone qui marque…

il existe plusieurs façons de décompter les points, on peut jouer en équipe, et différents formats de manche… Mais tout ça ne compte pas vraiment. D’autant que les nouveaux lieux dédiés au Shuffleboard disposent de pistes électroniques qui comptent les points automatiquement, pour les plus paresseux. Ce qui compte, c’est que la prise en main est très rapide. Après deux ou trois lancers, on a pris le coup. Il faut apprivoiser l’inertie du palet, et savoir lire la piste, légèrement recouverte d’un voile de sable pour des glissades en douceur. Plus stratégique qu’un bowling, plus facile qu’un billard et moins encombrant qu’une piste de curling, le Shuffleboard séduit aussi par la dimension et l’élégance de ses tables.

Des lieux attirants

La beauté des deux lieux qui viennent d’ouvrir à Paris (voir encadré) fait pour beaucoup dans la qualité de l’expérience. L’un et l’autre ont misé sur une ambiance de bar à cocktails et bières, et visent les groupes d’amis et les soirées afterwork. Le Shuffleboard est ainsi plus convivial qu’un jeu de fléchettes puisqu’on peut se balader autour de la table et que l’espace de jeux est plus ouvert.

« Ce qui est plaisant, c’est qu’on peut jouer à quatre sans s’ennuyer en attendant son tour, explique Alexis, un habitué du Shuffled. Je suis déjà venu avec plusieurs groupes d’amis, et ça a toujours plu. » Comme pour tous ces jeux d’adresse, il faut aussi savoir gérer sa frustration et sa maladresse. « Je ne suis pas venue pour gagner, juste pour passer une bonne soirée dans un lieu sympa. Et de ce côté-là c’est réussi, l’ambiance est cool, on s’entend parler, la musique est chouette. Mais je n’ai pas marqué un point, c’est un peu la honte… », rigole Drissia, venue avec ses sœurs à Shuffled.

Une communauté à construire

Extrêmement populaire au Canada et aux Etats-Unis, le Shuffleboard peut, là-bas, compter sur une communauté sportive qui organise des championnats, des tournois… Pour peu qu’on s’y intéresse, le Shuffleboard est ainsi beaucoup plus qu’un loisir de bar. Certains se procurent même une table pour chez eux (comptez au moins 2.500 euros…), pour élever leur niveau de jeu.

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Bien sûr, il n’y a pas besoin d’être une star du lancer de palet pour s’amuser, mais comme pour tout loisir, la scène compétitive est essentielle pour populariser la pratique. Ainsi, depuis que la chaîne L’équipe diffuse les championnats professionnels de fléchettes, la pratique a explosé, selon de nombreux observateurs. Chez Shuffled, les télévisions diffusent des parties compétitives de la scène anglo-saxonnes. Et c’est franchement euphorisant de pouvoir se comparer (même si la comparaison fait mal…) aux meilleurs joueurs du monde. Pour vraiment s’implanter en France, le Shuffleboard aura sans doute besoin que des joueurs très motivés lancent une compétition nationale.