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L’affaire des matches de tennis truqués, impliquant 28 personnes dont sept joueurs belges, pourra bien être jugée, “malgré des failles dans le dossier”

Plus précisément, le juge admet que l’inventaire n’est pas conforme. Il donne au parquet jusqu’au 19 avril pour déposer des pièces additionnelles (NDLR. dont les casiers judiciaires des prévenus)”, nous détaille l’avocat Walter Van Steenbrugge, qui défend trois joueurs belges. “Ainsi les plaidoiries pourront reprendre les 26 et 27 avril. Il restera certes des failles dans le dossier mais le juge a estimé qu’elles n’étaient pas suffisantes pour annuler le procès. L’annulation du procès aurait été une véritable catastrophe pour le parquet. De notre côté, nous sommes prêts à plaider.

Dans cette affaire, un réseau international aurait empoché d’importants gains de paris en truquant au moins 375 matches de tennis de plus petits tournois, où aucune caméra ne filme généralement les rencontres. L’enquête a ainsi révélé qu’entre 2014 et 2018, une bande arméno-belge aurait activement soudoyé des joueurs de tennis professionnels pour perdre un match, un set ou un jeu, et se conformer de la sorte (moyennant paiement) à un résultat fixé à l’avance.

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Les suspects ont presque tous le même profil : sans revenus ni travail, leurs finances étaient au plus bas. Parmi les sept joueurs belges poursuivis se trouve Arthur De Greef, qui fut en son temps le 3e meilleur joueur belge mondial. Celui qui est passé pro en 2010 à l’âge de 18 ans avait notamment défendu les couleurs belges en Coupe Davis. Il avait mis un terme à sa carrière début 2021. Participant à des tournois faiblement dotés, mais nécessitant d’engager beaucoup de frais (billets d’avion, hôtel), ces professionnels étaient vus comme des cibles faciles par les corrupteurs présumés.

Parmi les prévenus, un Arménien de 32 ans arrêté à Bruxelles en juin 2018, Grigor S., est soupçonné d’avoir orchestré cette fraude qui s’étend, outre la Belgique, en France, Bulgarie, Slovaquie, Allemagne, aux Pays-Bas et aux États-Unis selon le parquet. L’homme était en contact avec “un réseau international de 181 joueurs”, dans le but de “manipuler des matches”, d’après l’accusation.

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Cette affaire n’est pas en état” d’être jugée”, avait lancé vendredi dernier Me Walter Van Steenbrugge. “Certaines pièces du dossier ne sont pas inventoriées ou sont manquantes. C’est le fouillis […] je n’ai jamais vu ça”, avait poursuivi le pénaliste, qui avait demandé au tribunal d’ordonner l’inventaire du dossier. “Cela devrait être possible en six semaines. Ou bien vous pouvez décider de l’irrecevabilité des poursuites”, libérant de facto l’ensemble des suspects”, avait-il plaidé.

Également à la défense, Me Thomas Gillis avait abondé : “Les traductions ne sont pas fiables et les déclarations d’origine introuvables”.

De son côté, la Fédération internationale de tennis, partie civile dans ce procès, avait balayé ces arguments, estimant que les avocats de la défense s’étaient mal préparés. Elle s’opposait à tout report.