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La première de Tedesco vue par les anciens: “Pour un premier choix, c’est réussi”

Trois anciens sélectionneurs, Paul Van Himst, Georges Leekens et Aimé Anthuenis, dans l’ordre chronologique de leur prise de fonction, donnent leur avis, de même que Jos Daerden, international au début des années 80.

Un nom sort du lot, dès le début, et tout le monde l’a vu : Dodi Lukebakio. “Pour un premier choix, c’est réussi”, glisse Leekens, rejoint par Anthuenis : “Je n’ai pas vu beaucoup de matchs du Hertha Berlin, mais ce qu’il a fait était très bien. J’aime ce genre de joueur, qui va chercher la profondeur. Il me rappelle Aruna, Oulare ou Ekakia, des joueurs capables de déstabiliser une défense regroupée.” Van Himst connaît bien Lukebakio, de l’époque d’Anderlecht. “Je l’ai vu certains dimanches (chez les jeunes) où il “tuait” tout le monde.

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En deux ou trois jours, il a su mettre en place des idées claires. Et les phases arrêtées ont été travaillées

Mais le quadruple Soulier d’or précise : “Franchement, c’était le seul qui sortait un peu du lot.” Paul Van Himst a vu la première mi-temps et cela lui a suffi. “La Suède était vraiment faible.” Un point de vue partagé. Mais là où Van Himst juge “qu’il n’y avait pas beaucoup à retirer pour se faire une bonne idée” de la patte Tedesco, d’autres ont vu des éléments encourageants.

”J’ai été surpris qu’en deux ou trois jours, le sélectionneur parvienne à mettre en place un système cohérent, avec des lignes claires, glisse ainsi Daerden. L’équipe jouait à quatre derrière à la perte du ballon, mais en possession, on passait à trois, pour permettre à Theate de monter d’un cran. Les transversales de Vertonghen étaient intéressantes, tout comme la manière de trouver les espaces.” Autre point qui a retenu l’attention de l’ancien joueur du Standard : “Les phases arrêtées ont été travaillées.”

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On a vu une colonne vertébrale qui tient la route

Georges Leekens pense aussi qu’il est un peu tôt pour identifier les principes de jeu, à long terme, de Tedesco. Mais il note : “On a vu une colonne vertébrale qui tient la route, avec Courtois, Vertonghen, De Bruyne et Lukaku.” Au sujet du défenseur d’Anderlecht, Leekens dit : “On dirait qu’il a rajeuni. En fait, ce n’est pas la vitesse qui compte, quel que soit l’âge. C’est l’intelligence, le placement et la confiance que tu reçois.”

La responsabilité du capitanat donnée à De Bruyne est aussi un élément fort, selon Anthuenis, qui a jugé le match de Carrasco “encourageant”. Au rayon des individualités, la prestation de Faes a été soulignée par Daerden. “Il y avait une question avant le match, pour savoir qui accompagnerait Vertonghen. Sans manquer de respect à Zeno (Debast), jouer à Leicester, en Premier League, c’est un cran au-dessus d’Anderlecht. Et le choix de Tedesco est clair.”

La confiance, après une victoire 0-3 et même contre une faible Suède, a pu gagner le camp belge, mais elle reste mesurée. “Le sélectionneur a dit après le match qu’il n’était pas content de tout ce qu’il a vu ? Mais c’est normal, tout entraîneur dirait ça, assure Anthuenis. Il regarde déjà plus loin, il sait que le vrai test ce sera contre l’Allemagne (ce mardi soir).”

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La défense à quatre offre plus de possibilités pour se déployer

À Cologne, ce sera une bonne occasion de voir d’autres têtes. Et un autre système ? “C’est toujours intéressant d’avoir deux ou trois systèmes, pour surprendre, pense Leekens. Installer un pressing assez haut est aussi une autre manière d’envisager un match.” Pour Van Himst, l’option d’une défense à quatre “offre plus de possibilités pour se déployer sur les ailes et trouver d’autres options offensives”.

”On verra demain (ce soir) comment ça se passera, mais la première impression était franchement correcte”, conclut Jos Daerden, qui sait trop bien comment les choses peuvent vite tourner en football. “De toute façon, tout le monde s’attend à ce que la Belgique se qualifie pour l’Euro, complète Leekens. Ce qui est attendu, c’est un prix.”

Le premier match et la première impression de l’ère Tedesco ne sera plus qu’un vieux souvenir, en 2024. Mais ils seront encore quelques anciens à refaire le monde, et partager leurs analyses, autour d’une bonne table, en pensant Raymond Goethals.