Justice : Accusé d’agressions sexuelles, le skipper Kevin Escoffier poursuit « Le Canard enchaîné » pour diffamation

Le Canard à la barre ! Récemment placé en garde à vue et accusé d’agressions sexuelles, ce qu’il conteste, le skipper Kevin Escoffier a décidé de poursuivre le Canard enchaîné pour diffamation devant le tribunal correctionnel de Paris. En cause, un article de fin octobre 2023 titré « #MeToo de la Voile : la fédé tire des bords », évoquant la procédure disciplinaire déclenchée par la Fédération française de voile, dans lequel l’hebdomadaire satirique affirmait notamment que Kevin Escoffier avait « reconnu les faits ».
Le navigateur de 44 ans est attendu à la barre de la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, de même que la première plaignante, qui a dénoncé des faits d’agression sexuelle à Newport (Etats-Unis) datant de mai 2023. Par ce procès en diffamation, le navigateur entend « faire acter en justice qu’il n’a jamais reconnu les faits » qui lui sont reprochés, a déclaré à l’AFP son avocat Éric Bourdot.
Il dénonce le fait d’attribuer à son client la reconnaissance de faits d’agression sexuelle sur la foi d’excuses comme un « raccourci facile ». De son côté, l’avocate du Canard, Me Camille Souleil-Balducci, fait valoir que le journal « apporte aux débats tous les éléments sérieux qui démontrent la preuve de ce qui est écrit ».
Quatre plaignantes accusent le skippeur
En octobre 2023, « compte tenu du faisceau d’indices porté à sa connaissance », la Fédération française de voile (FFVoile) avait suspendu le navigateur de toute compétition pour 18 mois et lui avait retiré provisoirement sa licence pendant cinq ans. Elle avait ensuite annulé ces mesures en mars 2024 en raison d’un « vice de procédure ».
Sur la base de témoignages, la fédération reprochait à Kevin Escoffier « un comportement inapproprié » à l’occasion d’une soirée dans un bar à Newport en mai 2023 envers une jeune femme de son équipe, qui assure alors avoir subi une agression sexuelle
Mais lors de son audition face à la commission de discipline, Kevin Escoffier n’a pas été mis face aux « témoins ayant signalé des faits relatifs à des violences sexistes ou sexuelles ».
Début février, le skippeur a été placé en garde à vue « pour des faits d’agressions sexuelles » sur quatre plaignantes, selon le parquet de Lorient (Morbihan). Cette garde à vue est intervenue dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte à Paris concernant les faits de Newport en 2023, puis transférée à Lorient.
La fin de l’aventure avec l’équipe Holcim-PRB
Ingénieur naval et membre d’une illustre famille de marins, Kevin Escoffier s’était notamment fait connaître lors de l’édition 2020/2021 du Vendée Globe. Naufragé le 30 novembre 2020 lors d’une tempête au large du Cap de Bonne-Espérance, il avait sauté dans son radeau de survie avant d’être secouru in extremis par le marin Jean Le Cam.
Peu après la médiatisation des accusations d’agression sexuelle en juin 2023, le skipper avait quitté l’équipe du monocoque Holcim-PRB alors qu’il disputait The Ocean Race, course autour du monde en équipage avec escale.