Sport

JO d’hiver 2030 : « Un champ de bosses de cinq ans »… Edgar Grospiron lance avec passion son défi à la tête du Cojop

Au Parc OL de Lyon-Décines,

« C’était le boss des bosses, et c’est maintenant le seigneur des anneaux. » La punchline de Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en dit long sur l’envie partagée par tant d’acteurs de voir Edgar Grospiron réussir, à la tête du Comité d’organisation olympique et paralympique (Cojop) Alpes françaises 2030. Quasiment sept mois après avoir officiellement obtenu l’organisation de ces JO d’hiver 2030, le Cojop s’est constitué pour de bon mardi, via son assemblée générale au stade de l’Olympique Lyonnais à Décines.

S’en est suivie la première apparition publique, devant plusieurs dizaines de médias, de l’homme de la semaine. « Le rodage a été un peu plus long que prévu, reconnaît David Lappartient, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Il reste cinq ans et jamais on a organisé des Jeux dans un temps si court. Mais en même temps, on sait relever les défis en France. » La flamboyante réussite des JO de Paris 2024 semble avoir donné des ailes à tout le sport français, malgré les atermoiements en cascade autour de ces Jeux 2030 depuis le 24 juillet 2024.

« Endurance, résilience et ténacité »

« Là, on y est, Edgar Grospiron a fait consensus, poursuit David Lappartient. Je venais d’avoir 18 ans en 1992 et c’était l’athlète iconique des JO d’Albertville. Il a l’intelligence et la clairvoyance, on a tous mis notre confiance en lui. » A commencer par Michel Barnier, représentant spécial du CIO en vue de la constitution de ce Cojop.

« Edgar Grospiron est authentique, il dit ce qu’il pense, indique l’ancien Premier ministre, qui avait coorganisé les JO 1992 en France aux côtés de Jean-Claude Killy. Comme tous les grands champions, il a déjà préparé pendant quatre ans des Jeux. Il a l’habitude de l’endurance, de la résilience et de la ténacité, des qualités dont on a impérativement besoin pour réussir à la tête du Cojop. »

Médaillé d’or en ski acrobatique à 22 ans à Albertville, puis de bronze aux JO de Lillehammer en 1994, Edgar Grospiron est devenu consultant en management puis conférencier après sa carrière d’athlète de haut niveau. Il s’est aussi distingué en claquant la porte de la candidature d’Annecy 2018, dont il était directeur général, quelques mois avant le vote du CIO en 2011.

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« La magie de la passion m’a envahi »

Un accroc qui n’a pas empêché David Lappartient de le contacter après avoir appris il y a deux semaines le refus de Martin Fourcade, pressenti à la tête du Cojop. « Je suis passé par tous les états, à commencer par la sidération et la stupéfaction, a d’emblée confié Edgar Grospiron pour sa première prise de parole devant la presse mardi. Je vous avoue que j’ai eu peur : comment faire en sorte d’arriver à conjuguer une responsabilité aussi importante avec une vie de couple et une vie de famille ? Et puis la magie de la passion m’a envahi. » Les conseils et le soutien de Martin Fourcade et de Tony Estanguet, boss de Paris 2024, ont compté dans cette période haletante.

« Déterminé à livrer des « Jeux impeccables » », pour reprendre une expression chère à Jean-Claude Killy, l’ancien athlète de 55 ans dévoile ce qui serait un rendu idéal à ses yeux : « des sites extraordinaires, des ambiances incroyables – créer de la ferveur chez les spectateurs ne se fait pas en claquant des doigts-, et des performances de nos athlètes français ». Un peu plus tard en zone d’interview, le président du nouveau Cojop tricolore a pris le temps de développer ses priorités absolues. On sent que sa sensibilité d’ex-champion olympique prend le dessus.

« On pourrait se dire que des « Jeux impeccables », ce sont des Jeux sobres sur les plans budgétaire et environnemental. Oui, mais on veut avant tout voir des athlètes et partager des émotions. On va le faire dans de bonnes conditions mais ça, c’est sous-jacent. Ce qui est important, c’est de partager une fête sportive et populaire incroyable. Je voudrais aussi qu’il y ait une attention toute particulière sur les staffs. Il faut se rendre compte qu’un athlète n’est rien sans son entraîneur. C’est la passion qu’a l’entraîneur qui permet à l’athlète de faire ses performances. »

Le voilà « doté de l’intégralité des pouvoirs exécutifs »

A chacune de ses interventions, l’état d’esprit de « conquête » du Haut-Savoyard saute aux yeux. Mais son champ d’action sera-t-il réellement le même que pour Tony Estanguet sur les JO de Paris 2024, malgré le timing serré et les nombreux parasitages politiques entre les deux régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes, qui avaient initié la candidature française ?

Edgar Grospiron a été bluffé par le fort engouement médiatique entourant ses premiers pas en tant que président du Cojop, mardi au Parc OL de Lyon-Décines.
Edgar Grospiron a été bluffé par le fort engouement médiatique entourant ses premiers pas en tant que président du Cojop, mardi au Parc OL de Lyon-Décines. - O. Chassignole / AFP

« Edgar Grospiron est un président exécutif doté de l’intégralité des pouvoirs exécutifs, assure David Lappartient. Il incarne et décide, sauf pour certaines décisions très spéciales où il faut une majorité voire une unanimité des membres du Cojop, comme pour des changements sur la carte des sites. » Il s’agit justement d’un « sujet clé » (dixit la ministre des Sports Marie Barsacq) cristallisant une partie des tensions des derniers mois.

« Val d’Isère doit être sur la carte »

Et notamment Val d’Isère (Savoie), dont le nom apparaît sur le dossier de presse fourni par le Cojop mardi… mais toujours sans la moindre épreuve des JO 2030 lui étant attribuée. « Cette question ne me hante pas, sourit Fabrice Pannekoucke, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. J’ai beaucoup d’espoir : Val d’Isère doit être sur la carte, c’est un lieu référence de ski, une station mythique, j’œuvre dans ce sens avec détermination ». Michel Barnier souhaite lui aussi une issue favorable pour Val d’Isère, mais « il faut que ça soit décidé par le Cojop ».

De même, si le site du Cojop va s’installer à côté du Parc OL de Lyon-Décines, la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) est basée à Marseille, et « présidée alternativement » par Renaud Muselier et Fabrice Pannekoucke. Un dispositif loin d’être idéal, et Edgar Grospiron le sait : il va devoir vite « fédérer », mais pas que. « Une mission sur laquelle Edgar va devoir beaucoup travailler, c’est d’aller chercher des partenaires commerciaux du projet Alpes 2030 », ajoute Marie Barsacq.

« La bosse, ça peut être l’opportunité »

Une quête de sponsoring déterminante pour accompagner « les Jeux les moins onéreux de l’histoire », tel que le martèle Renaud Muselier. Programmé entre 2 et 3 milliards d’euros, le budget de ces JO 2030 va donc être un sacré casse-tête pour le Cojop. Mais Edgar Grospiron s’estime prêt à affronter ce brutal défi des JO 2030.

« C’est un champ de bosses qui va durer cinq ans, glisse-t-il dans un sourire. Il va donc falloir avoir les cuisses, les genoux et la niaque. Ce que j’ai appris, c’est que la bosse, ça n’est jamais le problème. La bosse, ça peut être l’opportunité. Ça dépend de la manière avec laquelle on l’aborde. Je sais qu’on va rencontrer des difficultés. Mais plus l’obstacle est grand, plus l’opportunité est belle. »

Notre dossier sur les JO 2030

En pleine première conférence de presse, le Cojop a eu écho mardi du titre mondial de Julia Simon sur l’individuel femmes de biathlon. Le genre de clin d’œil victorieux auquel Edgar Grospiron et la nouvelle équipe dessinant les JO d’hiver 2030 en France pourront se raccrocher.