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JO 2024 : « Je me suis sentie un peu comme une rockstar »…L’après Jeux olympiques vu par Lisa Barbelin

Elle est devenue, le 3 août dernier, la première archère française à être médaillée en individuel. Lisa Barbelin avait réussi l’exploit de dégager du podium l’une des nombreuses Coréennes, la nation phare du tir à l’arc. Six mois après cette explosion de joie inégalée (et sûrement inégalable), la Mosellane raconte son après JO, les énormes sollicitations, son retour à la vie normale et son rêve américain, les JO de Los Angeles en 2028 ?

Que gardez-vous des JO six mois après votre médaille de bronze ?

J’en garde toujours un souvenir assez intact de ce qui s’est passé, parce que c’était un moment charnière dans ma carrière et dans ma vie. Je suis très heureuse de tout ce qui s’est passé. Je retiens beaucoup l’engouement français, le fait qu’on était tous ensemble pendant un moment, ce qui est peut-être un peu moins le cas, du moins on le ressent moins. Et ça m’a beaucoup marquée.

Est-ce qu’on se dit qu’il ne pourra pas y avoir d’équivalent dans votre vie de sportive de haut niveau ?

C’est exactement ça. Même s’il peut y avoir l’or peut être à Los Angeles ou encore après, mais ce ne sera jamais pareil qu’à Paris. Ça, c’est certain. Après, c’est vraiment très, très loin de mes pensées, parce que j’ai vécu un moment exceptionnel et je n’ai pas envie d’être dans le passé, mais plutôt de voir l’avenir et de juste me dire que j’ai profité à fond de chaque seconde.

Ça a été compliqué de vous y remettre ?

Un peu oui. On se demande qu’est-ce qu’on fait après tout ça ? C’est quoi l’objectif après tout ça ? Et en fait, c’est revenu très vite. J’avais envie de retourner à l’entraînement et ça s’est très bien passé tout de suite. Donc oui, tout va bien aujourd’hui. Il y a l’objectif à court et moyen terme, qui sont les Mondiaux 2025. Et après, bien sûr, en ligne de mire, c’est Los Angeles 2028. Je n’ai pas encore fait de plan, mais j’avais déjà besoin de retrouver un objectif qui s’impose à moi et pas qu’on me l’impose. Donc là, c’est arrivé tout seul, et c’est comme ça que c’est le plus efficace.

Cela a-t-il été compliqué de gérer la frénésie post JO ?

J’ai beaucoup aimé. Et c’était vraiment un sentiment assez étrange, je me suis sentie un peu comme une rockstar finalement. Au fur et à mesure que le temps passait, que les emplois du temps s’enchaînaient, avec les cours, l’entraînement, les sollicitations, ça m’a fatiguée alors que j’aime beaucoup ça. Et donc, j’ai dû faire un petit peu un break des sollicitations. Ce que j’aime, ce n’est pas être à la télévision, ce que j’aime, c’est m’entraîner et gagner des compétitions. Donc, je vais pouvoir remettre l’église au centre du village. Et ça, c’est chouette.

Ça s’est traduit comment ce statut de rockstar ?

Il y avait des fois où les gens me prenaient en photo sans me le demander. Et ça, je trouve que c’est un truc de star. J’ai aussi pu défiler au Salon du chocolat avec une robe en chocolat. Jamais je n’imaginais vivre ça. Quand on les vit, on dit merci la médaille. Je me rappelle être sur les pistes de ski, avec les Etoiles du sport, et penser en moi-même : « Merci Paris 2024 pour tout ce que tu m’as apporté. »

Lisa Barbelin avec une robe en chocolat au Salon du chocolat.
Lisa Barbelin avec une robe en chocolat au Salon du chocolat. - Louise MERESSE/SIPA

Après, ça commence doucement à retomber. Et c’est tant mieux parce que ce n’est pas une vie que j’apprécie particulièrement. Mais c’est agréable quand même de se sentir soutenue comme ça, même s’il y a un côté un peu pervers là-dedans. Il faut toujours être parfait. Il faut faire attention à ce qu’on dit. Il faut faire attention à sourire souvent, même tout le temps, il faut toujours avoir une bonne posture, ne pas trop se relâcher. Et ça, ce n’est pas toujours évident.

Vous avez critiqué, il y a quelques semaines les promesses non tenues après ces JO dans l’accompagnement des médaillés…

C’est vrai qu’on a pas mal dit ça. Mais, je pense que je préfère rectifier un peu le tir en disant que c’est vrai qu’il y a certaines promesses qui ne sont pas tenues, mais on a fait notre possible et on fait toujours notre possible pour être hyper actifs de ce côté-là. Et c’est aussi ça qui nous prend du temps et qui nous demande beaucoup d’énergie pour ouvrir toutes les portes possibles. Je suis certaine qu’au bout d’un moment, ça va prendre. On essaie de faire en sorte que ça se passe bien. Pour les sponsors, on doit attendre des réponses.

Je pensais que ça serait plus facile avec une médaille au cou, et que ça tomberait un peu tout seul. En fait, finalement, non. Il faut qu’on soit dans une démarche très proactive pour que ça fonctionne. Parce que justement, on est beaucoup de médaillés. On ne s’appelle pas tous Léon Marchand ou Teddy Riner. Je suis à l’Armée des champions depuis quatre ans avec la gendarmerie nationale, c’est mon employeur, je suis professionnelle grâce à eux. C’est un soutien qui reste pendant deux ans. Ça allège beaucoup la tête à moyen terme.

Vous parlez de démarche proactive. Par exemple ?

On fait de plus en plus de séminaires en entreprise, parce qu’on estime que le sport de haut niveau et le monde de l’entreprise sont plutôt très similaires et sont transposables l’un à l’autre. On a fait aussi un book avec un graphiste, pour montrer un peu notre sport et son image.

Et avec tout ça, il y a eu la reprise de vos études de chimie…

Ça a été chaud parce que ça faisait un an que je n’étais pas retournée sur les bancs de la fac. Je m’y suis remise, je m’y suis refaite aussi. Et j’ai eu la chance d’avoir des enseignants qui étaient au taquet avec moi et qui m’ont beaucoup aidée, beaucoup soutenue pendant cette période assez compliquée, de septembre à octobre, où il fallait s’y remettre. Tous les gens de ma classe, ils savaient qui j’étais avant que je puisse leur dire mon prénom. Mais bon, ça me va bien. Au moins, ça permet d’avoir des sujets de conversation très faciles. Après, je ne m’appelle pas Romane Dicko qui est aussi dans la même fac que moi.