« Ils ont grandi très vite, mais ça reste nos enfants »… Plongée dans la vie de Dominique, la maman des frères Lebrun
Moment so cute, ce jeudi de fin novembre à la Maison à la Radio, quand Félix et Alexis Lebrun apparaissent sur l’écran géant du Studio 104. Les deux pongistes, nouvelles stars du sport français depuis les JO de Paris, ont enregistré un message pour leur maman Dominique, intervenante de choix dans le cadre du festival « Demain le sport ». « C’est l’occasion de te dire merci, pour tout ce que tu fais pour nous », disent les frangins. Dominique, émue, avoue avoir été un peu séchée.
C’est qu’elle ne s’y attendait pas du tout, même si ses deux fils sont la raison de sa présence dans la « Maison ronde ». Dans cette journée de réflexions et d’échanges sur le sport et son avenir, elle est là, aux côtés de Virginie Portal (la mère d’Alex et Kylian, tous les deux médaillés lors des Jeux paralympiques en natation), pour évoquer son rôle dans la carrière de ses deux enfants, âgés de 18 et 21 ans.
Notoriété galopante
Affable et souriante, Dominique Lebrun se prête au jeu de bonne grâce. Comme ses fils, elle apprend sur le tas à gérer la notoriété galopante de la famille. « C’est sûr, notre vie a changé, reconnaît-elle. Alexis et Félix ont du mal à sortir sans se faire reconnaître, mais pour l’instant on s’interdit de se cacher. C’est très bienveillant, donc on veut les pousser à garder une vie quasi normale, et on verra petit à petit, si ça devient vraiment compliqué, ils le sentiront d’eux-mêmes. »
L’engouement, déjà palpable avant les Jeux, a totalement explosé depuis Paris. La médaille de bronze en individuel de Félix, grande première pour le ping français depuis Jean-Philippe Gatien en 1992, puis celle du même métal remportée en équipe avec Alexis et Simon Gauzy, ont marqué le grand public. La France s’est prise de passion pour ces deux gamins à lunettes talentueux et pour ne rien gâcher très attachants, qui montrent leurs émotions et savent faire le show.
Dominique Lebrun se souvient des débuts, de Félix qui faisait déjà 100 jongles à 3 ans, des journées à explorer tous les sports possibles, avant de s’orienter définitivement vers le tennis de table. Il faut dire que le terreau était là, entre le papa Stéphane, ex-numéro 7 français, et le tonton Christophe Legoût, qui a fait partie de la génération des « Mousquetaires » dans les années 90, avec Gatien, Chila et Eloi. Institutrice en maternelle, la mère de famille s’est mise au service de ses fils à mesure que leur niveau montait, veillant à la logistique, aux transports… et aux devoirs.
Une entreprise désormais familiale
« C’est une adolescence un peu particulière, la scolarité est différente aussi, raconte-t-elle. Il faut les convaincre, par exemple, de travailler pendant les trajets, leur montrer que c’est important pour réussir, aussi. » Et dans tout ça, il faut veiller à ne pas mettre à l’écart les deux sœurs, un peu plus âgées. L’état de santé de Roxane, l’aînée, ne laissait de toute façon pas le choix. Souffrante d’une importante malformation congénitale, elle a dû être opérée du cœur à six reprises dans sa jeunesse. Un aléa de la vie qui aide à relativiser, si jamais il y a parfois besoin.
Aujourd’hui en tout cas, toute la famille est engagée dans le projet des frangins. Roxane, si elle doit faire attention, va bien et apporte une aide précieuse au sein du club de l’Alliance Nîmes-Montpellier, dont le papa est manager et où les deux frères sont licenciés. Margaux, la cadette (24 ans), s’est spécialisée dans l’événementiel. Elle travaille également au sein du club, et était aux manettes par exemple pour l’organisation des championnats de France en mars dernier. Elle gère aussi le fan club, de plus en plus conséquent, de ses frères.
« Elles sont très investies, on encourage Alexis et Félix ensemble, on se réunit pour regarder les matchs, confie Dominique. C’est vraiment une histoire familiale, et une aventure humaine aussi, avec toute la team qu’on emporte avec nous. » Avec elle en chef de meute. Après s’être occupée comme elle a pu des sollicitations médiatiques pendant la saison pré-JO, la mère de famille a pris une disponibilité auprès de l’Education nationale pour toute cette année, afin de gérer toute la gestion administrative et financière, en plus des relations presse.
« Après, petit à petit, quand on sent la limite arriver, on ouvre le cercle, détaille-t-elle. Pour les sponsors et la gestion du patrimoine, par exemple, on a pris un avocat. On essaie de trouver les bonnes personnes qui vont nous accompagner, toujours dans ce souci de l’humain. Ce ne sont pas forcément les meilleurs, mais ceux qui sont les plus motivés, qui vont se lever le matin en pensant à nos enfants, qui pourront presque venir dormir à la maison. Parce qu’on est comme ça. »
Vivement Noël !
Dominique Lebrun ne perd jamais de vue sa mission première : « Les accompagner, être là avec le sourire, de l’optimisme, ne jamais leur donner l’impression que c’est un poids pour nous. Il faut optimiser leur temps, qu’ils n’aient pas de charge mentale par rapport à ça. » Car dans tout ça, organiser l’emploi du temps d’Alexis et Félix n’est pas le moindre des défis. Alors que nombre de médaillés olympiques ont pu débrancher quelques semaines, les frangins ne s’arrêtent jamais, au cœur d’un calendrier absolument infernal.
Après la grande parade sur les Champs-Elysées début septembre, ils ont enchaîné le Grand Smash de Pékin à la fin du mois, puis les championnats d’Europe au mois d’octobre, où Alexis a été sacré en simple. Pas le temps de roupiller, Félix a remporté l’étape de Coupe du monde de Montpellier dans la foulée, avant de s’envoler pour Francfort puis Fukuoka, théâtre des Masters de fin d’année, où ils ont remporté l’or en double, devenant les nouveaux numéros 1 mondiaux de la spécialité.
La coupure de fin d’année sera la bienvenue, mais elle n’est pas encore pour tout de suite. Les frères Lebrun jouent ce mardi avec leur club face aux Loups d’Angers, pour la 9e journée de Pro A, puis basculeront sur les 8es de finale de Ligue des champions les 14 et 22 décembre. Pfiou. Heureusement pour Dominique qu’il reste le repas de Noël pour passer un peu de temps avec eux. « Ils ont grandi très vite, mais ça reste nos enfants, dit-elle avec émotion. C’est important pour nous de préserver ces moments qui sont devenus rares. » Et d’autant plus précieux.