Hippisme : La fin des coups de cravache va-t-elle donner « une meilleure image des courses » ?

Une nouvelle ère s’ouvre ce mardi dans le monde des courses hippiques. A partir du 1er avril 2025 (non, ça n’est pas un poisson d’avril), les coups de cravache sur les chevaux ne sont plus autorisés dans les courses de trot (monté ou attelé). Les drivers et jockeys pourront conserver leur emblématique ustensile, mais seulement pour donner des signaux à leur animal, ou pour l’écarter d’une situation de danger.
« On ne tapera plus un cheval », résume Guillaume Maupas, directeur des courses et de l’association Société d’encouragement à l’élevage du trotteur français (SETF), conscient de la portée symbolique forte de suivre la récente décision de l’Union européenne du trot (UET).
Une mise à pied de deux jours et une amende en jeu
Celle-ci avait choisi à l’unanimité, le 15 juillet 2024, d’en finir avec la réglementation permettant de donner jusqu’à sept coups de cravache par course. Les nouvelles règles sont les suivantes : les mouvements de bras et de coude sont proscrits, seuls les coups de poignet restant acceptés. La dimension de bien-être animal franchit du même coup un cap, neuf ans après l’instauration d’un pad en mousse sur la cravache.
Mais au juste, quelles seront les sanctions pour les drivers et jockeys entravant cette nouvelle règle ? Pour le moment, il n’est pas prévu qu’un cheval puisse être disqualifié d’une course en cas de coup de cravache inapproprié. Par contre, les personnes prises devant le fait accompli risquent une mise à pied de deux jours et une amende à hauteur d’1 % du prix touché par le vainqueur, avec un barème plus sévère en cas de récidive.
« Ça ne va pas être un changement drastique »
Plus la compétition est prestigieuse et plus les sanctions seront dures, avec par exemple six jours d’interdiction de compétition et 4.500 euros d’amende pour le Grand Prix d’Amérique. Comment cette mesure est-elle accueillie par les principaux intéressés ? « Ça ne va pas être un changement drastique, estime l’entraîneur et driver Pierre Vercruysse, interrogé par RMC Sport. Au fur et à mesure du temps, les chevaux ont évolué et les hommes avec. Les chevaux étaient un peu rudes, et le temps faisant, ils ont été plus dociles, plus fins. Les hommes se sont adaptés et sont beaucoup moins durs qu’ils ne l’ont été. »
Avec en tête un objectif non dissimulé pour les décisionnaires. « Pour nous, cette décision est un enjeu majeur, explique ainsi Benoît Fabrega, directeur des opérations et à la direction des courses de l’association du trot. Cela doit participer à donner une meilleure image des courses. On veut conquérir une nouvelle clientèle et surtout donner un spectacle qui ne comporte pas d’éléments qui pourraient faire fuir un nouveau public. Cette décision a été prise en lien avec l’évolution de la société et son regard sur le bien-être animal. On sent bien qu’il est de moins en moins acceptable de voir un animal se faire frapper pour réaliser ce qu’on lui demande. »
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D’autant qu’une étude montrait en début d’année qu’il n’existait pas de corrélation entre un coup de cravache et une accélération du cheval. En vrai, pourquoi a-t-on mis si longtemps pour en arriver à interdire ces coups de cravache permanents sur les courses hippiques ?