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France – Ecosse : « Gagner plus de titres »… Merci Fabien Galthié, maintenant il ne manque plus que la Coupe du monde

Au Stade de France,

Dix-huit mois plus tard, la douleur est toujours aussi vive. Et revoir, au gré d’un zapping matinal aléatoire, les visages d’Eben Etzebeth ou Ben O’Keefe nous replonge parfois dans une profonde tristesse, ponctuée de quelques mots doux susurrés à l’oreille de notre téléviseur. La cicatrice de cette défaite d’un point en quart de finale de « notre » Coupe du monde 2023 n’est pas encore refermée malgré le temps qui passe. « Rien n’effacera cette déception, mais ça fait partie de l’histoire de cette équipe de France, de notre chemin », rapportait même Romain Ntamack.

L’ouvreur du Stade Toulousain, blessé, n’était même pas de la partie, mais il a bien compris comment soigner ce traumatisme pour le rugby français. « Tournoi après Tournoi, on essaiera de gagner des trophées pour engranger de la confiance pour arriver à la Coupe du monde 2027 fins prêts », expliquait l’ouvreur dans les couloirs du Stade de France quelques minutes après la victoire des Bleus face à l’Ecosse, samedi. Un succès (35-17) qui a permis au XV de France de remporter son deuxième Tournoi des VI Nations en quatre ans.

« On regarde vers l’avant »

« On est heureux, parce qu’on a gagné la compétition et on a réussi à atteindre l’objectif », se réjouissait Fabien Galthié, qui a réussi à redonner ses lettres de noblesse au XV de France, réduit pendant quelques années à être le faire-valoir de ce Tournoi des VI Nations. Et, quitte à redevenir roi européen, autant le faire avec la manière. Un jeu collectif léché, une défense de fer, trente essais en cinq matchs, des raclées infligées au pays de Galles et à l’Italie, une victoire homérique à Dublin qui marqueront cette génération, avide de remplir une armoire à trophées encore trop poussiéreuse.

« Ce trophée, il nous permet aussi de gommer un petit peu le Tournoi de l’année dernière, qui n’était pas bon, assure Thomas Ramos. Ce qui est sûr, c’est qu’on se montre et on se prouve qu’on est capable de faire des gros matchs face à de grosses équipes, comme le week-end dernier, comme ce week-end. Et qu’on regarde vers l’avant maintenant. » Il y a la Coupe du monde 2027 en Australie, bien sûr, mais aussi une tournée estivale en Nouvelle-Zélande appétissante où les joueurs prémiums ne devraient, a priori, pas être du voyage.

A priori, oui, parce qu’au sortir de la victoire face au XV du Chardon, plusieurs joueurs comme Ntamack, qui a évoqué un « rêve » de jouer au pays de la Fougère, Ramos ou Baille semblaient plutôt partants pour faire le long voyage vers Wellington, même si cela doit se faire juste après la finale du Top 14. Les All Blacks, battus trois fois lors des quatre derniers matchs par les Bleus et mécontents de la décision initiale du staff français, pourraient donc voir les nouveaux maîtres de l’attaque presque au complet cet été.

« On a fait une grosse performance, il faut se basser là dessus pour continuer aux prochaines échéance avec la tournée en Nouvelle-Zélande, qui sera très très difficile, puis la tournée de novembre. Il faut capitaliser sur ces matchs là avant de parler de 2027. Moi, je ne suis pas à me projeter à dans deux ans, je prends les matchs les uns après les autres. »

« Continuer à gagner »

« On a une vision longue, nous les joueurs, indiquait le capitaine d’un soir, Grégory Alldritt. On a une année très chargée, je peux vous assurer que le groupe est déjà déterminé pour gagner plus de matchs et plus de titres. On va continuer comme ça, travailler dur pour continuer à gagner. On ne va pas forcément chercher à marquer l’histoire, mais chercher à nous marquer nous et prendre du plaisir. » Car, pour marquer l’histoire, il faudrait que cette équipe « devienne championne du monde », comme nous le disait Olivier Brouzet, l’ancien deuxième ligne de l’équipe de France.

Sauf qu’il reste encore plus de deux ans avant l’ouverture du Mondial chez les Wallabies. Et il ne faudrait pas que les Bleus deviennent les champions de l’entre-deux-tours, pour craquer sur la dernière marche, avec des adversaires qui auront fait des Bleus la cible à abattre.

« Aujourd’hui, on a un système de jeu qui est dur à lire. Je pense que quand les adversaires nous analysent, parfois, ils ne doivent pas trop comprendre ce qu’on fait. Après, est-ce qu’il vaut mieux arriver avec des certitudes, dans une compétition comme la Coupe du Monde, ou avec un nouveau système travaillé depuis un an ? Je ne sais pas. Je pense que si on maîtrise notre sujet sur les mois et années à venir, ça sera bénéfique. On a encore une marge de progression, c’est une certitude, notamment pour avoir des ballons plus rapides. Je pense qu’on peut faire évoluer notre jeu. »

« On se construit »

Dans cette quête de l’objectif suprême en Océane, la victoire dans le Tournoi des VI Nations va presque devenir un rite de passage, d’autant que, la saison prochaine, les Bleus recevront l’Angleterre et l’Irlande. De quoi espérer un Grand Chelem, qui aurait encore plus de saveur que ce succès en 2025, pourtant assez unique. C’est seulement la deuxième fois depuis l’instauration du Tournoi à six équipes que les Bleus terminent premiers en année impaire.

Notre dossier sur le XV de France

« Je crois qu’on se construit, rappelle Galthié. Je pense qu’on est capable de se dire des choses aujourd’hui, parce qu’on se connaît tellement bien. On se perçoit tellement bien qu’on est capable de réagir très justement dans des situations qui sont parfois chaotiques. » Comme la nomination de Ben O’Keefe comme arbitre du prochain quart de finale du Mondial ?