Sport

Echecs : Le jeans de Magnus Carlsen, symbole d’un jeu enfin prêt à se débarasser de ses vieilles coutumes ?

Un dernier baroud d’honneur en guise d’épilogue pour le jeans de la discorde. Le grand maître international d’échecs Magnus Carlsen s’apprête à récolter ce samedi en début de soirée les fruits de la mise aux enchères du pantalon qui lui a coûté 200 dollars d’amende et une interdiction de participer à une ronde aux championnats du monde à New-York, la tenue étant jugée inadéquate par La Fédération internationale des échecs (Fide). Démarche taquine d’un homme lassé par l’univers poussiéreux du jeu qu’il domine, rattrapée, cela dit, par ce qu’il faut de noblesse d’esprit : le produit de la vente sera versé à l’organisation caritative Big Brothers Big Sisters.

Vendredi soir, la plus haute des 64 offres formulées depuis la publication de l’annonce sur eBay, le 19 février, s’élevait à 14.100 dollars (13.560 euros sans les frais de port). Ça fait cher le Corneliani coupe regular pas lavé depuis le 28 décembre 2024, sauf à considérer qu’il s’agit moins d’un bout de tissu que d’un « morceau d’histoire des échecs », comme le veut l’offre certifiée par Magnus Carlsen en personne.

Le jeans de la discorde porté par Magnus Carlsen lors des championnats du monde d'échecs 2024 a été mis aux enchères
Le jeans de la discorde porté par Magnus Carlsen lors des championnats du monde d’échecs 2024 a été mis aux enchères  - Capture d’écran

Plus qu’une histoire de vêtements ?

La Fide s’était résolue à assouplir son code vestimentaire pour les championnats du monde face à l’ampleur du scandale, alors que Carlsen venait de se retirer du tournoi de partie rapide et menaçait aussi de claquer la porte du tournoi de blitz, dont il était le tenant du titre, dans un climat de suspicion : le Norvégien y voyait un acharnement pour punir ses velléités novatrices – il a investi dans une variante du jeu, les échecs 960, en visant la création d’un circuit parallèle.

Selon lui, les instances des échecs auraient carrément menacé les joueurs qui souhaitaient participer au Freestyle Chess Tour, dont la deuxième étape aura lieu à Paris au mois d’avril, ce dont la Fide s’était défendue. « Nous nous soucions des joueurs et de leurs opportunités, en améliorant constamment les prix et les conditions de tous nos événements, et en travaillant avec de nombreux partenaires qui organisent leurs tournois en dehors de la Fide. »

Les jeans, oui, les baskets, non

Plus qu’un pas dans la modernité, le bouleversement du code vestimentaire est donc également un geste de bonne foi de la part de la Fédération internationale envers son meilleur ambassadeur et ses soutiens, comme le numéro 3 mondial Hikaru Nakamura. « Il n’y a pas une seule personne qui ne veut pas regarder parce que Magnus joue en jean, ou en sous-vêtements ou en Speedo ! Je ne pense pas qu’il y ait une seule personne au monde qui se soucie de ces choses-là. C’est le meilleur joueur du monde, et c’est ce que tout le monde veut voir. » L’Américain évoquait par ailleurs des traditions en décalage avec les moyens économiques limités dont disposent une grande partie des joueurs.

L’assouplissement de la Fide a toutefois ses limites. Il ne s’agit pas de permettre au premier venu de débarquer en Lacoste TN l’année prochaine. « Il est toujours nécessaire de respecter le code vestimentaire officiel, mais des écarts mineurs élégants (qui peuvent, en particulier, inclure un jean assorti à la veste) sont autorisés », précisait le président Arkadi Dvorkovitch dans un communiqué.

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Les échecs continuent en revanche de résister à l’inéluctable montée en puissance des sneakers. Le jour du « jeans-gate », Ian Nepomniachtchi avait lui aussi été sanctionné pour tenu non conforme alors qu’il s’était pointé face à l’échiquier baskets aux pieds, à la seule différence que le Russe avait accepté de se changer sans faire de bruit. Ironie de l’histoire, les deux hommes se sont retrouvés en finale du tournoi de blitz, où ils ont accepté de partager le titre mondial après sept parties des plus serrées. Une première dans l’histoire. Une de plus. Le temps de Karpov et Kasparov est bel et bien révolu.