Départ de Didier Deschamps : Le timing de l’annonce était-il le bon pour l’équipe de France ?
Aussi insignifiante soit-elle à côté des commémorations des attentats de 2015 et du décès de Jean-Marie Le Pen, l’annonce du départ de Didier Deschamps de l’équipe de France en 2026 a fait basculer le 7 janvier 2025 dans la boulimie émotionnelle. Personne n’a d’ailleurs vraiment digéré l’information avant le lendemain matin, preuve s’il le fallait que le dernier plat du soir servi sur la table des Français était celui de trop. Il convient aussi de convoquer la morale sur la question du moment choisi : même si elle a attendu 22 heures l’annonce s’est faite sur un jour de recueillement. Pas besoin d’être un as de la communication pour comprendre que, dix ans après 2015, il y avait mieux à faire.
La question du timing s’invite aussi, forcément, sur le terrain sportif. Principalement, même. Elle intervient à deux ans du terme du contrat de DD, dont on sait désormais qu’il ne sera pas renouvelé, à la veille des quarts de finale de Ligue des nations – on s’en fout – et à l’approche de la Coupe du monde 2026 – on s’en fout moins. Deux avenirs possibles se dégagent dès lors : un premier où Deschamps perd un vestiaire en reconstruction, désorienté par ce départ programmé, et un autre salvateur, théorisé par le président de la FFF dans L’Equipe, Philippe Diallo. « Cela va libérer tout le monde, à commencer par lui, parce qu’il subit des critiques très injustes depuis des années. Il a le souhait de protéger les joueurs. Cela va clarifier la situation. »
Du brouhaha avant Croatie-France, et c’est tout ?
Sur RMC, Jean-Michel Larqué s’inquiète de l’appel d’air provoqué par cette porte ouverte, promesse de conférences de presse animées avant Croatie-France, mi-mars en Ligue des nations. « On va parler accessoirement de la composition d’équipe, du match. On ne va parler que de ça. Ça risque de troubler le jeu, notamment lors de la phase finale. »
Si ce n’est que ça, passe encore… Même s’il l’a gagnée en 2021, Didier Deschamps, n’a, comme beaucoup de gens en France, que peu d’estime pour la coupe en bois de l’UEFA. Exception faite pour le retour de Benzema pour l’Euro 2021, il a toujours préféré sacrifier la LDN sur l’autel de ses grands chantiers plutôt que d’empiéter sur la période d’avant Coupe du monde. Et s’il est vrai qu’une élimination contre les Croates aurait une influence sur la composition de son groupe de qualification pour le Mondial, elle ne changerait rien à ses chances de voyager en Amérique dans un an et demi.
Quant aux retombées médiatiques, DD est habitué à faire le dos rond en conférence de presse. Récemment, il a eu plus dur à gérer avec l’automne tumultueux de Kylian Mbappé et sa mise à l’écart. Il survivra bien à deux semaines de questions relous sur son avenir, qui se seraient étendues et accentuées à l’approche de la Coupe du monde 2026 en l’absence de prolongation de contrat.
La pression sera désormais sur les épaules de celui dont dépendra la nomination du successeur, Philippe Diallo. « La question de sa succession ne se pose pas [pour le moment]. […] Je verrai. Je veux que Didier travaille dans la sérénité. Nous avons des échéances importantes. »
Didier Deschamps s’achète un peu de paix
L’optique d’une fin ouvre les perspectives d’une résilience perdue chez les supporters. Après la Coupe du monde 2018, les amateurs rassasiés par la 2e étoile ont commencé à réclamer du beau jeu au sélectionneur, volonté renforcée par un Euro 2024 infâme sur le plan esthétique. Ils savent désormais que ce virage ne viendra pas de Deschamps, et la carotte Zinédine Zidane 2026 les aidera à mieux accepter les compos à base de Rabiot-Koné-Guendouzi d’ici là. « C’est vrai que l’équipe de France, malheureusement, est souvent l’objet de critiques de certains observateurs », regrette le boss de la 3F.
Sportivement, l’idée qu’un DD sans plus aucun levier pour fédérer son groupe joue un dernier joker afin de rassembler les joueurs autour de lui autour de 2026 n’est pas tout à fait délirante, non plus. « Je pense que même les joueurs qui peuvent avoir envie d’autre chose voudront tout donner pour espérer peut-être continuer avec un autre sélectionneur, anticipe Christophe Dugarry, également sur RMC. Je pense que ça va apaiser les choses. Même avec Mbappé, alors que ça pourrait être compliqué quand il va le récupérer au mois de mars avec tout ce qu’il s’est passé, même là il va y avoir un commun accord. » Un dernier pari.