Dakar 2025 : « J’ai toujours la poisse »… Sébastien Loeb est-il condamné à l’échec sur le Dakar, sa course maudite ?
On ne sait pas quel son motivationnel Sébastien Loeb se met dans les oreilles avant de pénétrer dans sa Dacia Sandrider, mais on lui conseillerait de se mettre en boucle un classique de Kery James, Banlieusards : « On n’est pas condamné à l’échec, voilà l’chant des combattants […] Même s’il me faut deux fois plus de courage, deux fois plus de rage. Car y a deux fois plus d’obstacles et deux fois moins d’avantages. Et alors, ma victoire aura deux fois plus de goût. »
Alors, la victoire finale sur le Dakar, Sébastien Loeb ne la connaît pas. Depuis ses premiers pas sur le mythique rallye-raid, en 2016, le nonuple champion du monde WRC n’est jamais monté sur la plus haute marche du podium (2e en 2017, 2022 et 2023 et 3e en 2019 et 2024), la faute à un enchaînement de poisses incroyables, alors qu’il était souvent bien placé pour la victoire. Des crevaisons à la pelle, des ennuis mécaniques, des enlisements dans les dunes, des erreurs de pilotage, aussi, tout y est passé.
Les ventilateurs de la mort
Alors, pour 2025, Sébastien Loeb avait mis dans sa petite liste de résolutions que la guigne se tienne bien éloignée de lui. Et comme toute bonne résolution, il n’a pas fallu une semaine pour qu’elle s’envole à tout jamais. Un gros problème de ventilateurs dans sa Dacia dimanche sur la spéciale « 48 heures chrono », qui s’étale sur deux jours pour les deux du fond qui ne suivent pas, et près de quarante minutes de perdues, quelques heures seulement après le départ de cette 47e édition du Dakar.
Des soucis qui ont obligé l’ancien pilote Peugeot et BRX, qui a perdu ses trois ventilateurs dans l’histoire, à s’arrêter à plusieurs reprises en haut des dunes afin que le bolide refroidisse, avant de repartir prendre de l’élan pour espérer passer une autre dune. Et ça, pendant 50 km. La galère. « Quand on s’est traînés au premier refueling [ravitaillement], c’était pour abandonner là-bas, expliquait, dépité, Loeb. Et c’est encore tombé sur moi, j’ai toujours la poisse. »
Mais, grâce à l’aide d’un autre équipage Dacia et la chance, avec deux ventilateurs qui remarchent sans comprendre le pourquoi du comment, l’Alsacien a finalement terminé la première partie de la spéciale. Et il a pu, ce lundi, rattraper une partie de son retard sur un terrain beaucoup plus roulant, qui ne mettait pas en surchauffe la bagnole. Bilan au terme de ces « 48 heures chrono » : un peu moins de vingt minutes de retard sur le leader du général, le pilote saoudien Yazeed al-Rajhi.
« Il faut trouver la solution »
Mais n’allez pas croire que Sébastien Loeb est sorti des ronces. On miserait quand même une belle partie de notre salaire sur une défection des ventilateurs dans les prochains jours, tant le problème persiste depuis des mois et des mois. Dès juillet, lors du rallye du Maroc, le pilote avait déjà alerté sur le dysfonctionnement des ventilateurs. Et il n’a donc pas été surpris de se retrouver avec les mêmes embûches en Arabie saoudite.
« C’est toujours pareil, c’est assez difficile à comprendre pour moi, mais c’est comme ça, expliquait Loeb sur La Chaine L’Equipe. Ils ne comprennent pas comment marchent les ventilateurs, je pense qu’on est dans un système bien trop compliqué pour un ventilateur, mais pour l’instant c’est ça. J’espère que ça va marcher. On en a trois, si on en perd un, on roule avec une puissance dégradée. Si on en perd deux, faut s’arrêter Dans les dunes, ça ne passe pas avec deux. Puis, avec un, c’est fini. Il faut trouver la solution. »
D’autant que les dernières étapes de ce Dakar 2025 se disputent dans les dunes aux alentours de Shubaytah. On imagine déjà la scène où Loeb, se voyant enfin prince du désert après être revenu d’entre les morts lors des précédentes étapes, voit la victoire lui échapper sur le fil, observant du haut d’une dune, capot ouvert, moteur fumant, ses adversaires le déposer un à un.
Gagner sans gagner
Alors, si par miracle, l’électronique tient la route, que les crevaisons ne s’enchaînent pas ou qu’une roue décide de ne pas se faire la belle sans prévenir, tout sera entre les mains de Loeb et son copilote pour enfin décrocher le graal. Enfin, il faudra encore se montrer intraitable au niveau navigation. Car, cette année, le Dakar a innové. Les organisateurs ont compliqué la tâche des voitures en dissociant sur 45 % du kilométrage des spéciales leur parcours de celui des motos pour éviter que ces dernières ne laissent des traces, facilitant le boulot des autos.
Les équipes jouent donc un peu à cache-cache pour éviter d’ouvrir la route à leurs adversaires. Et ça devrait être encore le cas mercredi lors de l’étape marathon. Alors, hors de question de finir la spéciale mardi dans les premiers. « Il ne faut pas ouvrir [la route], assurait d’ailleurs Tiphanie Isnard, team principal Dacia Sandriders. Personne ne veut ouvrir la marathon. » Il ne faudra donc pas s’étonner si Sébastien Loeb ne finit pas dans le peloton de tête, demain. Il ne s’agira alors pas de poisse, de malchance ou de malédiction.
« Comme il n’y aura pas du tout de trace, je pense que les écarts ne vont pas être à la seconde ou à la minute comme c’était, expliquait-il avant le départ de course. Ça sera peut-être plusieurs minutes de perdues par les premières voitures par rapport à celles qui partent derrière. C’est Carlos (Sainz) qui nous a montré la leçon. Il n’a pas gagné une spéciale l’an dernier et il gagne le rallye. » Pour le moment, Loeb n’a pas gagné de spéciale. L’espoir est donc permis