Sport

Cyclisme : Pourquoi huit équipes professionnelles se sont-elles retirées de l’Etoile de Bessèges ?

Une telle révolte dans un peloton cycliste pourrait faire date. Comment huit équipes ont-elles en effet pu se retirer purement et simplement vendredi de l’Etoile de Bessèges ? Celles-ci ont voulu protester sur cette troisième étape contre une nouvelle intrusion d’une voiture sur le parcours de la course cycliste, la deuxième en deux jours. Cette décision radicale et rarissime a été prise par les formations les plus puissantes du plateau.

A savoir Soudal Quick-Step, dont le coureur français Paul Magnier occupait la tête du classement général, Ineos, Red Bull-Bora, Lidl-Trek, Decathlon-AG2R, Uno-X et EF Education, tandis que l’équipe française ProTeam (2e division) Unibet Tietema Rockets a pris la même décision.

« Les conditions n’assurent pas la totale sécurité »

Toutes ces formations se sont dites ulcérées par les conditions de sécurité qui, selon elles, n’étaient plus garanties sur cette course de cinq étapes dans le Gard, un des temps forts du début de saison. « Suite à de multiples incidents impliquant des véhicules pendant la course sur l’Etoile de Bessèges, et compte tenu des conditions n’assurant pas la totale sécurité de nos coureurs, l’équipe a décidé, comme la quasi-totalité des autres équipes World Tour présentes, de se retirer de l’étape du jour », a indiqué la formation Décathlon-AG2R, dans un message repris quasi à l’identique par les autres formations rebelles.

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Alors que le débat sur la sécurité est omniprésent dans le cyclisme depuis quelques mois, les incidents se sont multipliés sur cette édition 2025 de l’Etoile de Bessèges. Les coureurs s’étaient déjà émus jeudi de l’irruption d’une voiture à contresens de la course, entre une échappée et le peloton, à vingt kilomètres de l’arrivée de la deuxième étape.

Trois coureurs échangent avec la direction de course

Se retrouvant nez à nez avec les coureurs, le véhicule avait reculé vers une route perpendiculaire mais ce ralentissement avait provoqué une chute impliquant notamment Maxim Van Gils (Red Bull-Bora). Grand favori à la victoire finale dimanche à Alès, le Belge a dû abandonner, touché au flanc droit. Rebelote ce vendredi lorsqu’un nouveau véhicule s’est présenté à l’entrée d’un rond-point alors que le peloton roulait derrière une échappée de trois coureurs.

Eberlué, le peloton a mis pied à terre vers 12h30 et les coureurs ont désigné trois représentants – le Français Benjamin Thomas, le Belge Dries De Bondt et l’Espagnol Oier Lazkano – pour discuter avec la direction de course et les commissaires de l’UCI. Après 1h20 de négociations, les coureurs sont repartis mais le parcours a été amputé de la dernière boucle

L’étape en version écourtée n’a pas convaincu

Le peloton était alors partagé entre ceux qui voulaient arrêter et ceux qui voulaient continuer. Les organisateurs ont opté pour un nouveau départ donné dans la plaine après la descente du col des Brousses, qui a été neutralisée, pour une troisième étape finalement écourtée de 27 kilomètres. Mais plusieurs formations ont affiché leur désaccord avec la reprise de la course et au moins huit d’entre elles ont décidé de regagner directement leurs bus. Dans ces conditions, la victoire au sprint du champion de Belgique Arnaud De Lie (Lotto) est presque anecdotique. Car voir autant d’équipes quitter d’un coup une course pour raisons de sécurité est rarissime.

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Signe que les coureurs sont de plus en plus sensibles sur ce sujet, une autre course avait récemment été arrêtée par la volonté unilatérale du peloton, le 1er février lors le Trophée Andratx-Pollensa. Lors de cette quatrième manche du Challenge de Majorque, le peloton avait définitivement mis pied à terre après seulement 23 kilomètres à cause de conditions météorologiques très sévères. Le directeur de l’événement, Manuel Hernandez, avait déploré cette décision qu’il dit avoir vécue comme un « manque de respect » de la part des coureurs, « convaincu que cela ne serait pas arrivé sur la Vuelta ou le Tour de France ». Ce vendredi, on peut avoir de véritables doutes quant à la pérennité d’une course professionnelle sur des routes ouvertes comme l’Etoile de Bessèges.