Coupe Davis : Mélodrame en Belgique, remontada danoise… Ressusciter le format domicile-extérieur, l’idée du siècle
De notre envoyé à Orléans,
Il est encore tôt pour dire si le retour des deux premiers tours au format domicile-extérieur suffira à ressusciter une Coupe Davis malmenée à en perdre sa substance, mais les premiers matchs ont offert un spectacle prometteur. En plus d’avoir récupéré une partie de l’attention de fans blasés par la relation à distance imposée par des instances du tennis mal inspirées avec leur idée de tournoi dans un pays unique, la compétition a renoué avec les ambiances électriques, supplément mélodrame pour certains matchs, qui ont construit sa légende. Retour sur un week-end prometteur.
Bergs tamponne Garin, le Chili proteste et perd
Dans quel autre monde que celui de la Coupe Davis un joueur part célébrer comme un fou un break à 5-5 dans le 3e set d’un match de simple ? Alors que la Belgique menait 2-1 contre le Chili et que Zizou Bergs était aux prises avec Cristian Garin dans une dernière manche de feu, le Belge a percuté son adversaire du jour dans son élan d’effusion. Dans son élan tout court, en l’occurrence. Touché à la pommette, Garin demande en vain à l’arbitre de sanctionner Bergs, lequel estime qu’il s’agissait d’un fait de jeu involontaire. Le Chilien refuse de reprendre et sera sanctionné d’un jeu de pénalité. Jeu, set et match Belgique.
« Sincèrement, je ne pouvais plus jouer, j’ai tout donné pendant 2h40, regrettait le 132e mondial. […] Ils voulaient que je continue le match alors que j’avais des vertiges et que j’aurais été désavantagé ». Son capitaine, Nicolas Massu, dénonce de son côté l’absence d’excuses formulées par la Belgique à ce moment de la soirée. « En une heure et demie, personne n’est venu nous voir dans le vestiaire pour demander comment allait Cristian.]
La fédération chilienne a déjà annoncé dans un communiqué sa volonté de porter réclamation auprès de l’ITF. « En raison de cette injustice, nous annonçons que nous allons engager toutes les actions nécessaires auprès de la Fédération internationale de tennis (ITF) pour obtenir justice et défendre les intérêts de nos athlètes et du tennis chilien. »
Rune en mode diesel et un 152e mondial héroïque qualifient le Danemark
Même privée de Novak Djokovic après sa blessure contractée à l’Open d’Australie, la Serbie restait favorite sur le papier contre le Danemark d’Holger Rune, seul point fort de son équipe (avec l’avantage du match à domicile). Comme il sait si bien le faire, le 14e mondial a réussi à paumer son premier match face à Medjedovic (6-2, 3-6, 1-6). Avant lui, le 152e mondial Elmer Moeller n’avait pas démérité face à Kecmanovic, remportant aussi le premier set avant de s’effondrer.
A 2-0 pour la Serbie la suite semblait compromise pour les Danois, qui ont joué leur va-tout en envoyant Rune sur le double avec Johannes Ingildsen. Un pari gagnant (6-4, 6-4) suivi du réveil de la tête de file danoise en simple contre Medjedovic (6-2, 6-4) pour offrir à Moeller un match pour la remontada contre Medjedovic, classé 50 places plus haut. Fossé technique comblé par une salle en fusion qui accompagnera l’équipe du Danemark jusqu’à l’exploit final (victoire 1-6, 6-4, 6-3 de Moeller et 3-2 sur les cinq matchs).
Après le match, Holger Rune se dira conquis par le retour du contexte à domicile. « Cette foule me va droit au cœur. Elle me réchauffe le cœur. J’ai la chair de poule. C’est spectaculaire. C’est un sentiment unique que je n’ai jamais ressenti de ma vie. » Difficile de faire meilleure pub.
Les jeunes Bleus heureux de jouer devant leur public pour la première fois
Joie des premières fois partagée par les Français Arthur Fils et Giovanni Mpetshi Perricard, qui a eu droit à son baptême dans un match pour du beurre dimanche en fin de journée face à Pucinelli De Almeida. « J’ai eu un beau cadeau de bienvenue. C’était un match spécial, merci », s’est enthousiasmé le servebot.
Fils s’était un peu plus épanché sur la question, les frustrations passées lui avaient laissé un goût amer et l’envie de vider son sac était grande. « Ça fait du bien. J’avais joué contre le Royaume-Uni à Manchester, puis contre l’Espagne à Valence et aujourd’hui [samedi] c’est l’inverse. Ça fait du bien de se faire pousser. C’est rare de jouer en France, on joue à Bercy on joue à Roland… On sent que le public ne me soutient pas que moi mais aussi la nation, et ça fait plaisir. »
De là à dire que la Coupe Davis est définitivement de retour, il y a un pas qui demande confirmation avant d’être franchi. Mais le témoignage de Pierre-Hughes Herbert, qui a aussi connu le tournoi dans sa forme la plus pure, est prometteur. « Depuis que je suis arrivé à Orléans, j’ai ressenti des choses qui ressemblent à ce qu’est la Coupe Davis. A Valence (en Espagne), je n’avais pas ressenti ça. J’ai eu cette sensation, et je pense que toute l’équipe l’a eue. Ça fait du bien au moral de voir les spectateurs vibrer. Tous les joueurs qui sont là méritent de vivre ça en France. » Pour ça, il faudra attendre septembre et le 2e tour contre la Croatie.