Coupe Davis : La paire Bonzi-Herbert achève le Brésil et veut s’inscrire dans le temps long
De notre envoyé à Orléans,
Avec Humbert, Fils et Mpetshi Perricard, l’équipe de France de Coupe Davis est ressortie gagnante de sa cure de jouvence, mais un doute subsistait sur la qualité de son double. Pierre Hugues-Herbert est toujours là, oui, mais la case laissée vide par Nicolas Mahut (blessé mais pas à la retraite), n’est pas facile à remplir. Contre le Brésil, le capitaine français Paul-Henri Mathieu a choisi d’associer le briscard à Benjamin Bonzi. Un petit clin d’œil pour l’histoire : ce dernier avait remporté le challenger d’Orléans en double en 2024 (avec Sascha Gueymard Wayenburg). Avoir des références sportives, c’est bien, les saupoudrer de superstition, c’est encore mieux.
La nouvelle paire tricolore a eu cinq jours pour se préparer, mais il leur manquait une manche pour parfaire le rodage. Ça s’est ressenti dimanche contre Rafael Matos et Marcelo Melo, vieux couple parfaitement huilé quoique intrinsèquement inférieur, un genre d’oxymore tennistique de nos Français du jour. Après un premier jeu prometteur, Bonzi et Herbert se sont enlisés dans des erreurs diverses allant du placement hasardeux pour le bizut et des jeux de service médiocres pour P2H, auteur d’un hat-trick de doubles fautes fatal au milieu de la première manche, de quoi s’arracher les cheveux.
« Quoi qu’il arrive c’était notre première en double, l’exercice n’était pas évident, reconnaissait. On était confiant mais on ne savait pas comment réagir. Il y a un jeu où je fais 3 doubles et je pénalise l’équipe. Mais plus on a passé du temps sur le terrain mieux on jouait. »
La cohésion a fini par arriver au 2e set
La perte du premier set n’a eu aucune incidence sur l’entente au sein du duo, très investi dans sa communication sur le terrain. Pierre-Hughes Herbert n’a pas arrêté d’encourager son partenaire, Bonzi s’est efforcé de s’imposer dans l’échange en criant « LAISSE » – souvent suivi d’une faute de longueur en revers – et, le match avançant, la paire a fini par prendre la mesure d’une adversité rarement brillante, il faut le dire. « Le double c’est de l’énergie, c’est du positivisme, c’est se lâcher. Ce n’est pas un exercice facile, mais ça s’est fait naturellement. » A tel point que l’égalisation à une manche partout puis la victoire finale apparaissaient comme évidentes au fil des jeux.
Incarnation de la symbiose naissante, les Français s’y sont pris à deux pour chercher un point miraculeux sur un smash timide de Melo à 4-4 dans le 3e set sur le service des Brésiliens. « A 4-4, on a ressenti beaucoup d’énergie, confessera Bonzi. On est montés très haut en énergie et en émotion. » La foule en délire au niveau des plus belles heures de la Coupe Davis s’est chargée du reste. Tenaces, les Brésiliens finiront par concéder le break et s’incliner après un dernier jeu de service difficile du cadet. « A 5-4 j’ai essayé de faire le vide, j’ai bien servi tout le match, j’ai essayé de garder mon gros pourcentage en première. J’en ai pas eu beaucoup (rires). Mais on l’a fait ensemble, PH a couvert deux points. »
Bonzi et P2H ont demandé une wild card à Marseille
Il y avait beaucoup de soulagement dans cette victoire. La paire tricolore ne voulait pas salir la copie parfaite rendue par Ugo Humbert et Arthur Fils la veille et encore moins relancer l’adversaire dans un scénario catastrophe où João Fonseca retournait sur le court à 21 heures pour un match 5 décisif. Gagner était la voie le plus facile vers la victoire et ils l’ont fait. « Le double était une rencontre piège et on peut être fiers d’avoir sécurisé le 3-0 », se félicite Bonzi.
Les deux joueurs – qui se retrouveront l’un contre l’autre au premier tour du challenger de Lille, mardi – envisagent désormais un avenir commun en Coupe Davis. Ils ont déjà demandé une wild card pour l’Open 13 à Marseille (10-16 février 2025). « L’idée est de trouver des moments pour passer du temps ensemble, de rendre cette équipe performante. On a plein de paires potentielles, Pierre-Hugues reste un pilier de ce groupe et encore plus du double. Bien sûr, il faut qu’on passe plus de temps sur le terrain, qu’on fasse plus de matchs et qu’on apprenne à se connaître. L’objectif de tous les joueurs c’est de rendre le travail de Polo [Paul-Henri Mathieu] compliqué. » En l’occurrence, ce serait lui simplifier la vie que de former une paire performante en double.