Conflit LFP-DAZN : « Une situation d’extrême danger »… Les clubs ne seront pas payés avant le 28 février
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Les clubs devoir faire ceinture et bretelles jusqu’à la fin du mois. Appelé à se prononcer sur le litige qui oppose la LFP à DAZN, la plateforme britannique détentrice des droits TV de la Ligue 1 ayant bloqué la moitié du versement qu’elle doit au foot français (35 millions), le tribunal de commerce de Paris ne rendra son ordonnance que le 28 février prochain.
Après avoir entendu les avocats des deux camps pendant près de deux heures vendredi matin, le président du tribunal Patrick Sayer a jugé que c’était là le temps nécessaire pour « faire les choses bien » et éplucher les conclusions du dossier, au grand dam de la LFP qui juge ce délai bien trop long pour les clubs de Ligue 1 déjà pas franchement à la rigolade d’un point de vue financier.
« Les clubs attendent l’argent au jour même, à la minute même, dans la vraie vie ils calent toutes leurs obligations à l’échéancier des droits TV, a rappelé l’un des avocats de la LFP, Me Yves Werhli. Permettre à un diffuseur de se faire justice lui-même c’est mettre les clubs dans un extrême danger. »
« Les clubs sont dans une situation d’extrême danger »
Pour justifier la rétention du magot, la plateforme de streaming sportif évoque des conditions d’exploitation difficiles en partie liées au piratage et au manque de coopération de certains clubs qui n’auraient pas fait leur part de marketing en ne mettant pas, par exemple, de liens directs vers un abonnement DAZN sur leurs réseaux sociaux.
Selon l’avocat de DAZN Jean-Luc Larribau, la LFP « a gravement manqué à son obligation de fournir les droits exclusifs, notamment avec l’importance du piratage » via les détenteurs des droits de la L1 à l’étranger, et « gravement manqué à ses obligations de soutien marketing ».
« Ils nous ont constamment dénigrés. Leur absence de soutien a rendu impossible le succès de cette première année, leur manquement à l’exclusivité (à cause du piratage) également. La coupe est pleine. La LFP recherche une immunité en s’exposant à des dommages et intérêts qu’elle ne pourra pas payer », a-t-il poursuivi, n’hésitant pas à parler de « l’immense mauvaise foi » de la Ligue de football professionnel dans ce dossier.
Pour l’avocat de la LFP Thibaud d’Alès, l’obligation pour DAZN de payer la somme restante « n’est pas contestable ». « Il n’y a aucun manquement suffisamment grave pour suspendre l’exécution. Elle a été notifiée le 3 février. Elle est non-proportionnée : le manquement de quelques clubs ne peut pas justifier la rétention de 35 millions d’euros, a-t-il martelé. Elle n’est pas de bonne foi : le PDG de DAZN Brice Daumin a pris cette décision pour créer un électrochoc mais surtout comme mesure de rétorsion parce que la Ligue a refusé d’amender le contrat en y intégrant une part variable. Ne pas payer, c’est mettre les clubs dans une situation d’extrême danger. » Plus que d’habitude, vous voulez dire ?