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Club Bruges : les raisons d’une crise

C’est la dernière fois, au terme de cette saison-là, que le Club n’a plus été champion, et tout est réuni pour qu’il ne le soit pas, en 2023, après trois sacres d’affilée. Mais la crise actuelle est plus profonde que celle traversée il y a cinq ans. Le top 4, que Bruges a toujours atteint depuis 2007, est en danger, et c’est un géant qui tremble. Comment les Blauw en Zwart en sont-ils arrivés là ?

Verhaeghe-Mannaert, officiellement, tout va bien…

Bart Verhaeghe est président du Club Bruges depuis février 2011. Vincent Mannaert en est le directeur général depuis mars 2011. En douze ans, le duo a patiemment construit la réussite brugeoise, pour en faire un modèle du genre sur les plans sportif et financier (sous la réserve du footgate, pour lequel les deux dirigeants ont négocié une transaction pénale devant la justice).

Au début de cette saison, quand Carl Hoefkens est nommé entraîneur, Mannaert espère refaire le coup réalisé avec Philippe Clement, avec un adjoint qui prend le pouvoir. Verhaeghe n’est pas totalement convaincu, mais il suit son directeur, qui a vu arriver Tom Caluwé, en provenance de Malines, début octobre, pour le soulager dans le domaine sportif.

Caluwé ne restera peut-être pas au bout de cette saison, car Mannaert a une certaine tendance à vouloir tout contrôler alors que Verhaeghe a une certaine tendance à se mêler de tout. Officiellement, les deux hommes, actionnaires du club, entretiennent toujours de bons rapports et font front commun dans la crise.

Mais il se dit en coulisses que l’usure du temps a fait son œuvre. Vincent Mannaert, qu’on a dit un temps dragué par l’Ajax en début de saison, cherche-t-il un second souffle, après plus de dix années sous pression ? La direction est à un tournant, avec un choix crucial à faire pour le poste d’entraîneur.

Club's interim head coach Rik De Mil pictured during the weekly press conference of Belgian soccer team Club Brugge KV, Friday 10 March 2023 in Knokke-Heist, to discuss the next game in the national competition. BELGA PHOTO KURT DESPLENTER
Rik De Mil va assurer l’intérim à Bruges, à la place de Scott Parker, et en attendant un nouveau technicien.

Scott Parker, le cinquième choix

Débarqué au lendemain de l’élimination en huitième de finale de Ligue des champions contre Benfica (0-2 ; 5-1), Scott Parker ne sera resté que l’espace de douze rencontres. Il en a remporté deux et le technicien anglais ne laissera pas un souvenir fameux dans la Venise du Nord.

Il était le cinquième choix, après Roberto Martinez et Domenico Tedesco notamment, et si le choix a été validé par Bart Verhaeghe, plus que par Vincent Mannaert, il a été cautionné à la suite de plusieurs tours de table. Mais Parker ne s’est jamais fait au style brugeois, et a modifié trop souvent son équipe de départ – il n’a jamais aligné deux fois les mêmes titulaires.

Parker était arrivé pour remplacer Carl Hoefkens, dont les résultats en début de saison, et notamment en Ligue des champions, avaient surpris beaucoup de monde. Mais l’élimination en huitième de finale de Coupe de Belgique contre Saint-Trond et l’impatience de Bart Verhaeghe ont eu raison de l’ancien défenseur, qui espérait avoir suffisamment capitalisé sur la réussite européenne de la première partie de saison, pour mieux se concentrer sur le volet belge en deuxième partie.

Rik De Mil va assurer l’intérim, peut-être jusqu’en fin de saison, le temps de trouver un successeur à Parker. Alfred Schreuder était le candidat numéro un, mais la direction lui proposait un contrat pour finir la saison, quand le technicien néerlandais espérait un contrat de deux ans et demi. Schreuder, s’il a permis à Bruges d’être champion la saison passée, n’a pas que des soutiens dans le vestiaire, ce qui explique que la direction voulait se donner quelques mois avant de faire un bilan.

Club's Roman Yaremchuk and Club's Hans Vanaken look dejected during a game between Portuguese club Sport Lisboa e Benfica and Belgian soccer team Club Brugge KV, at the Estadio da Luz, in Lisbon, Portugal, Tuesday 07 March 2023, the return leg of the round of 16 of the UEFA Champions League competition. Benfica won 2-0 the first leg. BELGA PHOTO BRUNO FAHY
Roman Yaremchuk est le symbole du mercato raté du Club Bruges.

Des Mondialistes fatigués, un mercato moins réussi

Le Club a envoyé huit joueurs à la Coupe du monde, le plus haut total dans le championnat belge. La plupart n’ont pas beaucoup joué (Mignolet, Vanaken, Lang, Odoi et Sowah ont été plus souvent remplaçants ; seuls Skov Olsen et Buchanan ont été titulaires), mais la fatigue, mentale plus que physique, a pu avoir un impact sur des joueurs qui ont dû aussi gérer une déception avec leur sélection.

La reprise de la saison, marquée par l’élimination en Coupe de Belgique, a acté un état d’urgence en championnat, aux yeux de la direction. L’urgence est toujours là et certains joueurs, trois mois après, n’ont pas retrouvé leur niveau, à l’image de Skov Olsen, un temps écarté, ou de Jutgla.

Longtemps mis en avant pour sa réussite sur le marché des transferts, le Club a aussi tapé à côté avec Yaremchuk, recruté pour 17 millions €, alors que Boyata ne sort presque plus de banc.