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Brian Riemer, entraîneur du RSCA: “Une femme ? Non, je suis marié avec Anderlecht !”

Voici Riemer comme vous ne le connaissiez pas encore.

1. Célibataire et pas d’enfants : “Avant, j’ai eu des copines”

”J’ai mené plusieurs vies, j’ai eu des copines. Mais là, je me donne à 100 % à mon job. Certains hommes disent que leur métier est leur femme. Eh bien, je suis marié avec le foot et en l’occurrence avec Anderlecht. Ce n’est pas évident d’avoir une relation. Quand je rentre de l’entraînement, je veux voir les U23 ou un match de Premier League. Oui, je suis un obsédé du foot. Ce soir (NdlR : l’interview date de jeudi), je vais regarder Real – Barça, puis Antwerp – Union et ensuite encore des séquences de Gand. Non, je ne me sens jamais seul. Sauf peut-être la soirée de Noël. J’étais seul à l’hôtel Martin’s Red à Tubize, j’étais en contact avec la famille via FaceTime. Mais je suis heureux ici. En trois mois, je ne suis rentré qu’une fois au Danemark. Si je vois notre CEO Jesper Fredberg hors du club ? Rarement. On n’est pas des amis proches. Il est venu deux fois chez moi, pour voir le Danemark devenir champion du monde de handball. Il est fou de handball, moi pas trop.”

2. Mordu par le foot : “Je revois chaque match la nuit”

”Je pars de chez moi à 6h30 et je rentre vers 18h. Quand je rentre chez moi après un match, je revois la rencontre en intégralité, quelle que soit l’heure. Je rembobine parfois pour être sûr d’avoir bien vu certaines choses. Revoir un match de 90 minutes me prend deux heures. Mais aucun détail ne m’échappe. Quand j’étais adjoint de Thomas Frank à Brentford, il m’appelait le matin : ‘Qu’est-ce qui t’a frappé en revoyant le match ?’ Lui, il ne le faisait pas. Quand je rentre chez moi après une journée de travail, je me repose pendant une heure. Puis, je me remets en marche. Je n’arrête jamais. Oui, je suis un accro au travail, même si je ne considère pas mon métier comme un travail.”

Thomas Frank et Riemer, qui se sentait pratiquement T1 à Brentford.
Thomas Frank et Riemer, qui se sentait pratiquement T1 à Brentford. ©PA Wire/PA Images

3. Pas un grand ex-arrière gauche : “La D2 danoise ne m’intéressait pas”

”Mon papa trouvait que j’étais un bon joueur de foot. Et ma maman me trouvait encore meilleur que lui. (Rires) Mais en fait, j’étais un joueur moyen. J’ai suivi une formation élite, mais je sentais que je n’étais pas au top. Alors que je voulais toujours être le meilleur. Je ne voulais pas une carrière de footballeur en D2 danoise. Ma position ? J’étais arrière gauche. Au fond, j’aurais pu me titulariser ici à Anderlecht, il y a quelques semaines, quand on avait un problème à ce poste. (Rires) Le coaching, par contre, m’a passionné dès le début. J’ai commencé dans de petites équipes de jeunes au Danemark. En même temps, je travaillais pour Norwich, en 2003 (il avait 25 ans). Je faisais tout : entraîner, scouter, accompagner les joueurs. Et après avoir bossé pendant dix ans au FC Copenhague, notamment avec Ariël Jacobs comme T1, j’ai rejoint Thomas Frank à Brentford, que j’avais déjà côtoyé en jeunes.”

4. Ancien enseignant : “Et j’ai voulu étudier la médecine”

”J’ai fait des études d’enseignant. J’ai donné cours à des enfants de huit à onze ans. Mais je ne suis pas allé au bout de mes études, parce que la combinaison avec les entraînements d’équipes de jeunes était trop compliquée. Mais j’aimais ce métier. Le jour où aucun club ne veut plus de moi, je retourne dans l’enseignement. Vous savez que j’ai même voulu faire des études de médecine ? Mais quand j’ai entendu qu’il fallait étudier 3000 pages, j’ai compris que ce n’était pas faisable. Je partageais un appartement avec un ami qui a fait de la médecine et un autre qui a fait des études de droit. Finalement, c’est peut-être moi le plus connu des trois, mais le médecin peut me sauver la vie. (Rires).”

ANDERLECHT, BELGIUM - FEBRUARY 26 : referee Jonathan Lardot and Riemer Brian head coach of Anderlecht during the Jupiler Pro League match between RSC Anderlecht and Standard de Liege on February 26, 2023 in Anderlecht, Belgium, 26/02/2023 ( Photo by Jimmy Bolcina / Photonews
Riemer ne comprend pas toujours l’arbitrage en Belgique. ©JIMMY BOLCINA

5. Son amour d’Anderlecht : “J’aime quand vous me mettez la pression”

”Jamais, je ne croyais que je quitterais si vite Brentford. J’avais énormément de responsabilités et je me sentais à moitié T1, même si Thomas prenait les décisions finales. J’ai eu cinq propositions pour devenir T1 ailleurs – dont un club de D2 anglaise – mais je n’y ai même pas réfléchi. Or, quand Anderlecht s’est manifesté, j’avais l’impression de devoir sauter sur ce train, parce qu’il ne passe qu’une fois. J’avais toujours eu une énorme admiration pour Anderlecht. Les Danois Olsen, Frimann, Andersen et Brylle étaient des héros au Danemark. Mardi, j’ai d’ailleurs parlé avec Frimann. Et je vais inviter Olsen à Neerpede. À des tournois de jeunes partout en Europe, Anderlecht était toujours parmi les meilleurs. Et je voulais retrouver cette culture de la victoire. Je veux ressentir la pression de devoir être premier, comme à Copenhague. Je vais vous raconter une anecdote. Lors de mon premier match comme T2 à Copenhague, j’avais célébré notre victoire 4-2 parce qu’on avait été mené 0-2. Le club m’a fait comprendre qu’on ne fête pas des victoires à Copenhague, seulement des trophées. C’est ce que je veux. Je ne veux pas que vous, journalistes, me dites aux conférences de presse : ‘Bravo pour la 12e place, Brian, c’est mieux que la 13e.’ Non. Il faut me pousser à monter au classement. Et c’est ce que vous faites. (Rires) À Brentford, par contre, le public applaudit toujours. Même après une défaite ou après une relégation. La moyenne d’âge des fans est de plus de 60 ans. C’est un superbe club, mais je voulais sentir la pression.”

6. Klopp, Guardiola, Mourinho… “Ils nous ont complimentés”

”Je garde d’excellents souvenirs de mes cinq ans à Brentford. On a battu presque tous les grands. Mon dernier match avant de venir à Anderlecht était le 1-2 à Manchester City. Notre préparateur physique m’avait dit : ‘Comme cadeau d’adieu, tu n’aurais pas pu rêver mieux.’ Notre tactique était parfaite, on avait sorti De Bruyne du match. En Angleterre, les entraîneurs se rejoignent après la conférence de presse dans le managers room, où ils papotent un peu du match en buvant un verre de vin rouge ou une bière. Guardiola nous avait complimentés. On a souvent reçu des commentaires positifs des plus grands, comme Klopp, Ancellotti, Mourinho, Tuchel, Arteta… C’est intéressant de les entendre parler, par exemple de la façon de construire avec une défense à trois, ou de la façon de battre Everton la semaine d’après. Les joueurs, eux, aiment moins ce moment informel entre les entraîneurs. Ils sont déjà dans le car et sont fâchés parce qu’ils veulent partir. (Rires)”

Eriksen en action avec Brentford la saison passée.
Eriksen en action avec Brentford la saison passée. ©BELGA Nieuwsbrief

7. Le protégé d’Eriksen : “Bizarre, vu qu’il avait été mort”

”J’ose dire que sans Thomas Frank et moi, Christian Eriksen n’aurait pas joué à Brentford. Il voulait un endroit sécurisant après ce qui lui était arrivé à l’Euro. Nous, les deux Danois, pouvions lui offrir cet environnement. C’était une situation bizarre, parce qu’il avait été mort. Je me souviens de son discours devant le groupe lors de son arrivée à Brentford. Il avait dit aux autres : ‘Traitez-moi comme un autre joueur. Ne m’épargnez pas.’ J’étais dans le stade à Copenhague quand il a eu son arrêt cardiaque. Et j’y étais aussi lors du match qui a suivi, contre la Belgique. L’ambiance était chaude mais bizarre. Et entre parenthèses, quand vous avez fait basculer le match en faisant monter De Bruyne, Witsel et Hazard, je pensais que vous deviendrez champions d’Europe.”

8. Fan de Tottenham : “Je veux un Gascoigne à Anderlecht”

”Mon grand-père et mon père étaient fans de Tottenham, et donc moi aussi. Vous vous souvenez de l’époque d’Ardiles et Hoddle ? Les Spurs jouaient à leur propre façon, j’adorais ça. Ils voulaient divertir le public. Le football, c’est un spectacle. Parfois, en Belgique, on oublie cela. Les arbitres ne sanctionnent pas les équipes qui gagnent du temps en début de match. Cela m’énerve. Mais pour en revenir à Tottenham, ma plus grande idole – encore plus grand que Maradona – était Paul Gascoigne. Si je voudrais un Gascoigne dans mon équipe à Anderlecht ? Oui ! Il y a trop peu de personnalités dans le football actuel. Les jeunes sont formatés, ils deviennent des robots. Il y a trop peu de leaders comme Olsen ou Kompany. Si Gascoigne ne serait pas pire que Raman, qui n’a bu qu’une bière ? (Rires) Le football a changé. J’aime l’honnêteté de Benito, et il est très important pour le groupe. Mais il faut être plus intelligent. Boire des bières en public, ce sont des choses qui ne se font plus.”

Brian Riemer, né le 22 septembre 1978 au Danemark, est un entraîneur de football danois. Il est l’actuel entraîneur du RSC Anderlecht
Riemer se sent comme un poisson dans l’eau à Anderlecht et à Bruxelles. ©cameriere ennio

9. Riemer le collectionneur : “Un de mes préférés est Cancelo »

”Normalement, je ne suis pas du genre à demander des maillots d’adversaires. Mais notre responsable du matériel à Brentford s’est chargé de remplir ma collection. J’ai des maillots portés par les meilleurs joueurs de Premier League. Mon maillot préféré? Disons Cancelo, un joueur que j’adore. Bien sûr que j’en ai aussi de Tottenham. Je n’ai pas dû demander à Vertonghen pour en avoir: Hojbjerg et Eriksen m’en avaient déjà filé quelques-uns… »

10. Riemer le cuisinier : “J’adore faire mes courses à Bruxelles”

”J’adore cuisiner, cela me détend. Je coupe mes légumes pendant que je parle via FaceTime avec ma famille et surtout avec mes nièces de trois et quatre ans, que j’adore. J’adore faire mes courses à Bruxelles. L’été passé, un ami danois m’avait dit qu’il venait habiter ici. Je me demandais ce qu’il y avait de si spécial ici. Maintenant, j’ai compris. Bruxelles a un côté touristique et historique mais aussi un côté moderne. J’habite à ‘Voulez-vous’ Saint-Pierre (Il regarde le chef de presse Mathias pour la prononciation exacte) En effet : Woluwe Saint-Pierre. Mon français est nul. Mais j’adore la cuisine française et le vin français. Et vos gaufres. Je sais qu’on vous le dit 100 000 fois, mais Bon Dieu, qu’est-ce qu’elles sont bonnes !’”