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Blessure de Wembanyama : C’est quoi cette histoire de thrombose veineuse à l’épaule ?

Les blessures sont le lot de beaucoup de sportifs de très haut niveau, y compris les basketteurs NBA, soumis à des rythmes extrêmement soutenus. Muscles et articulations sont mis à rude épreuve, si bien que personne n’arrive vraiment à y échapper au cours d’une carrière. Mais la thrombose veineuse de l’épaule droite de Victor Wembanyama, communiquée jeudi soir par sa franchise, est à classer parmi les raretés en la matière. Les nombreuses questions sur la dangerosité de la pathologie et les conséquences à long terme sur les performances du géant des Spurs sont légitimes. Il convient donc d’y répondre.

Qu’est-ce qu’une thrombose veineuse ?

« Une thrombose veineuse correspond à un caillot de sang qui se forme dans une veine. Elle touche le plus souvent les membres inférieurs. » La définition donnée par l’Institut de la santé et de la recherche médicale n’est pas rassurante à deux égards : 1) un caillot, c’est pas ouf ; 2) un caillot à l’épaule, c’est pas ouf ET c’est rare.

Pour ajouter à la rareté, la thrombose est un problème assez récurrent passé la soixantaine mais quasi inexistante chez les jeunes patients en bonne santé comme Victor Wembanyama (21 ans). Seule exception pour les sportifs de très haut niveau : la thrombose veineuse d’effort. « Les athlètes font des efforts physiques intenses, ils ont beaucoup de muscles dont certains pressent la veine sous-clavière [sous la clavicule] », détaille ainsi le docteur Victoria Tchaikovski, médecin du sport à la Clinique Drouot à Paris.

Faut-il s’inquiéter de la longue durée d’indisponibilité ?

San Antonio a annoncé l’indisponibilité de sa star jusqu’à la fin de la saison régulière, c’est-à-dire pendant au mois deux mois. Il y a plusieurs lectures. Celle du Dr Tchaikovski tend à dédramatiser le cas de « Wemby » : « Il y a un pronostic positif à long terme. Le risque de la thrombose est en aigu. Une fois qu’on a passé la phase aiguë, et qu’il est sous traitement, le pronostic devrait être positif. »

Le traitement anticoagulant prescrit dans ce genre de cas peut ensuite s’étaler sur quelques semaines à quelques mois. « Il se peut qu’il rejoue dans six semaines, tout est possible. Mais s’il a fait un très gros caillot, avec des douleurs, il ne faut pas oublier que cela peut gonfler, faire mal. Sa circulation dans le bras peut mettre trois ou quatre mois à revenir. Cela dépend de la sévérité et de sa prise en charge. »

Interrogé par L’Equipe, Fabien Guez, cardiologue de renom, s’inquiète justement de l’hypothétique grande taille du caillot détecté. « Là, s’il est annoncé forfait pour plusieurs mois, c’est que c’est un gros truc. Normalement, selon la taille du caillot, on peut reprendre assez rapidement. Dans ce cas précis, cela signifie que c’est assez grave. Il peut y avoir une opération, la thrombectomie, si le caillot est gros et qu’il y a un risque de migration avec le risque d’embolie pulmonaire. »

Y a-t-il eu des cas similaires en NBA ?

Oui. D’autres joueurs évoluant en NBA ont été victimes de pathologies similaires. Le plus célèbre étant celui de Chris Bosh. Champion à deux reprises avec le Miami Heat, il avait été contraint de prendre sa retraite sportive à 32 ans après plusieurs récidives. En 2015, la maladie avait atteint le stade d’embolie pulmonaire. « Les caillots à l’épaule présentent généralement un risque plus faible et sont globalement plus petits que les caillots aux jambes », rassure le chirurgien Hugh A. Gelabert, cité par Sports Illustrated. Gelabert avait opéré un autre joueur de NBA, Brandon Ingram, d’un caillot qui s’était formé dans le bras.

Aujourd’hui chez les Toronto Raptors, Ingram a pu reprendre la compétition à un très bon niveau. Tout comme Ausar Thompson (22 ans), prometteur ailier des Detroit Pistons, arrêté après la découverte d’un caillot en mars 2024, et qui a déjà pu disputer 33 matchs cette saison. Plutôt bon signe quant à la suite de la carrière du Français. Sauf maladie génétique rare comme l’homocystinurie, il ne devrait pas y avoir de rechute.

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« Les thromboses chez un sportif de haut niveau, c’est rarissime donc il va avoir un traitement préventif, anticipe Fabien Guez. Il va aussi passer des tests pour voir s’il n’a pas tendance à hypercoaguler, s’il n’a pas une maladie qui augmente les risques qui serait traitée. Mais normalement, il ne devrait pas y avoir de rechute possible. »