Baisse du budget des sports : « On assiste à un enterrement », fustige le patron du hand Philippe Bana
Au lendemain des vœux agités au Comité olympique (CNSOF), où une vingtaine de personnes ont quitté la salle au moment où la ministre des Sports Marie Barsacq prenait la parole, une conférence de presse était organisée ce jeudi à l’Assemblée nationale. Autour de Belkhir Belhaddad (député de Moselle) et Jean-Jacques Lozach (sénateur de la Creuse), coprésidents du Parlement du Sport, étaient présents plusieurs patrons de Fédérations, des représentants du secteur économique et des athlètes. Avec pour objectif de signifier encore et encore leur indignation.
« On est tous, acteurs du sport, dans une colère froide. On nous a annoncé un héritage, on assiste à un enterrement », a ainsi résumé Philippe Bana, le président de la Fédération de handball. Le 16 janvier, en plein ajustement du budget 2025, le gouvernement a déposé un amendement instaurant une nouvelle coupe de 34 millions d’euros dans les crédits sports, faisant tomber le budget total de 909 millions en 2024 à 607 millions. Quelques mois après la grande réussite des JO de Paris, on peut dire que ça fait tache.
« Des décisions anachroniques, infondées et injustes »
« On prend les Français pour des imbéciles. Cet argent sert à fabriquer, ensemble avec les collectivités, les acteurs publics et privés, des installations sportives pour les enfants, a ajouté Bana. Au hand, on a refusé 100.000 gamins cette année. Il y a donc une forme d’acharnement et il est hors de question de lâcher ça. »
Mercredi, 435 athlètes tricolores ont signé une lettre ouverte dénonçant cet abandon en rase campagne. Lors des vœux au CNSOF, Marie-Amélie Le Fur, présidente du comité paralympique et de l’Agence nationale du sport (ANS), a de son côté prononcé un discours musclé, évoquant un « contexte d’injustice criante pour le sport français ».
« Objectivement, on marche sur la tête, a le président de la FFR Florian Grill ce jeudi. Les clubs jouent un rôle de lien social qui est absolument essentiel. Qui peut dire que les valeurs qu’on apprend au sport, le respect, la solidarité, la loyauté, l’esprit d’équipe, ne sont pas indispensables ? On prend des décisions totalement anachroniques, infondées et injustes. »
Petite lueur d’espoir, les parlementaires ont finalement rejeté l’amendement du gouvernement et approuvé celui de Michel Savin (du sénateur de l’Isère), proposant une rallonge de 80 millions d’euros à l’enveloppe des Sports puisée dans les crédits affectés au Service national universel. Et mercredi, le président Emmanuel Macron s’est joint aux critiques, donnant « raison » aux athlètes qui demandait à l’Etat de tenir les engagements pris lors des JO. La question du budget des sports est désormais du ressort de la commission mixte paritaire Sénat/Assemblée, qui se réunira le 30 janvier.