Avec son Campus ultra-moderne, le PSG veut renouer avec son (court) passé de grand club multisports de référence
Si le chantier du « nouveau PSG » est encore en cours sur le terrain, sous la houlette de Luis Enrique, il est un domaine où le club parisien a bien avancé en cette année 2024 : celui de son Campus, à Poissy. Ouvert en juillet 2023, il a été fignolé tout au long de ces derniers mois pour en arriver aujourd’hui à un produit fini ultra-moderne, occupant une soixantaine d’hectares entre les bureaux de la direction et du staff, les vestiaires, les salles de musculation et de balnéothérapie dernier cri, les chambres dignes d’hôtels 4 étoiles ou les salles de classe pour les jeunes.
C’est donc « l’un des centres de performance les plus innovants au monde » (dixit le PSG) en ordre de marche, regroupant pour la première fois sous le même toit toutes les équipes masculines, féminines et du centre de formation, qui a été officiellement inauguré ce jeudi matin. Mais il ne s’agit là que de la première phase d’un plus vaste projet qui doit, à terme, faire du PSG la Rolls des clubs multisports dans le monde.
Les desseins qataris ne s’arrêtent pas au football. En 2012, un an après avoir racheté la section ballon rond, les nouveaux propriétaires ont récupéré l’équipe de handball de la capitale, qui partait à la dérive. Ils ont tout de suite multiplié le budget par trois et enrôlé une bonne partie de l’équipe de France double championne olympique (Luc Abalo, Didier Dinart puis Thierry Omeyer et les frères Karabatic un peu plus tard), saupoudrée de quelques stars internationales comme le Danois Mikkel Hansen, pour en faire un club de premier plan européen.
« Cultiver le sentiment d’appartenance »
« L’objectif est de construire une grande franchise »drivée » par le football masculin », expliquait alors le directeur général délégué Jean-Claude Blanc. La section judo, qui avait existé de 1992 à 2002, a ainsi été ressuscitée en 2017, avec pour bien marquer le coup la signature de Teddy Riner. C’est en fait ce qu’on appelait à l’époque le « PSG omnisports », qui rassemblait dans les années 90 sous la présidence de Charles Biétry des équipes de haut niveau en volley, basket, hand, rugby ou encore golf, qui reprend forme. Avec une touche de modernité, puisqu’une section esport a également été lancée en 2016.
« Ça a toujours été dans l’ADN du club d’avoir des sections autres que le football », rappelle à 20 Minutes Victoriano Melero, qui a pris la suite de Jean-Claude Blanc fin 2022. Le nouveau DG du club n’est pas peu fier des résultats obtenus lors des JO de Paris, avec pas moins de neuf médaillés estampillés PSG, dont Amandine Buchard, Romane Dicko, Marie-Eve Gahié, Luka Mkheidze et bien sûr Teddy Riner. Il appuie :
« On va poursuivre notre développement dans le judo, pour passer de nos « bébés 2024 », comme on les avait appelés quand on a créé la section, aux « seniors Los Angeles 2028 ». On a la volonté de continuer sur cette dynamique. Le handball suit son cours et arrive à une nouvelle étape avec la retraite de notre joueur emblématique, Niko [Karabatic], et on devrait avoir des annonces dans peu de temps sur le développement de la section judo. » »
Ces annonces concerneront notamment le Campus. La deuxième phase du projet, à partir de 2025, doit aboutir à la création d’espaces dédiés aux handballeurs et judokas. Pour les premiers, deux terrains, une tribune de 250 places, des salles d’entraînement et de récupération ainsi que des bureaux pour le staff et des salles de réunion. Les seconds bénéficieront quant à eux de deux dojos, d’une salle de préparation physique et d’une autre de kinésithérapie. « L’ambition, derrière les professionnels, est aussi sur les jeunes, complète Melero. On a la volonté d’ouvrir une école de judo, où on pourra transmettre les valeurs propres au Paris Saint-Germain. »
Au-delà du confort matériel indispensable lorsque l’on vise le très haut niveau et de la formation des générations futures, le PSG entend ainsi construire des passerelles entre les athlètes de ses différentes sections, pour former une sorte de « grande famille PSG ». « Avoir un lieu qui regroupe tout le monde, ça aide à créer une vraie culture club et à cultiver le sentiment d’appartenance, l’envie de s’inscrire dans la durée dans le club. Ça permet aussi de s’inspirer de ce que font les autres sports, ça ne peut être que positif », témoigne Nikola Karabatic, croisé le mois dernier à l’occasion d’une rencontre entre quelques champions et des salariés du club à la Factory.
Le meilleur joueur de l’histoire du hand français, triple champion olympique, quadruple champion du monde et d’Europe, vient de mettre un terme à 22 ans de carrière. N’ayant « pas la volonté » dans l’immédiat de devenir entraîneur ou directeur sportif, il a endossé le rôle d’ambassadeur du club parisien. Il voit sa mission comme un moyen de « partager, transmettre et continuer d’être présent pour continuer à faire grandir le club ».
La multisections, l’ancien centre ou arrière des Bleus connaît bien pour avoir fait partie pendant deux saisons de ce qui constitue toujours à l’heure où se parle la référence en Europe, à savoir le FC Barcelone. Le club catalan brille non seulement en foot, mais aussi en hand, en basket, en futsal, en hockey… Un modèle diversifié qui lui a permis de développer sa notoriété en même temps que ses revenus.
« L’échange est la base dans le sport de haut niveau »
Une expérience dont Karabatic entend justement se servir, car derrière les résultats sportifs, le potentiel n’y est pas totalement exploité de son point de vue. « Ce n’était pas un point assez mis en avant, estime-t-il. La difficulté dans ce genre de cas, c’est que chaque sport est focus ce qu’il fait, et c’est aussi normal. Les plannings et contraintes ne sont pas les mêmes. Mais je suis persuadé qu’il peut y avoir pas mal de passerelles et beaucoup d’avantages à créer de la vie entre les différentes sections. »
Romane Dicko est bien d’accord. Présente elle aussi à ce rendez-vous à la Factory, la pétillante judokate, médaillée de bronze en individuel (+ 78kg) et d’or par équipe cet été, aime se nourrir des rencontres avec des athlètes de différents horizons. « Pour moi, l’échange est vraiment la base dans le sport de haut niveau, parce qu’on apprend sur soi et sur les gens, estime-t-elle. Typiquement, le foot, c’est pas comme le judo, c’est pas comme le handball. On n’a pas les mêmes saisons, on n’a pas les mêmes façons de s’entraîner, on peut apprendre de tout ça. »
NOTRE DOSSIER SUR LE PSG
A ses côtés, Arnau Tenas, gardien remplaçant de Gigio Donnarumma et titré lui aussi à Paris avec l’Espagne – en battant la France en finale, ce qu’il n’a pas manqué de rappeler –, abonde. « Tout le monde connaît le niveau de Niko, de Teddy. On a tous à gagner à s’inspirer de sportifs comme ça. En plus, ils sont de bonnes personnes, avec qui on peut discuter », apprécie-t-il. D’un naturel affable et chambreur, l’Espagnol a bien rigolé lors de cette rencontre, terminée par un quiz JO où il a pris un malin plaisir à donner de mauvaises réponses à la footballeuse américaine Korbin Albert, également présente.
Si ça ne tenait qu’à lui, il faudrait organiser ce genre d’événement au moins une fois par mois. Ils sont encore trop rares, mais promis, le club y travaille. En attendant que tout ce beau monde puisse se croiser à la cafet’du Campus.