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Attribution du Mondial au Qatar: Nicolas Sarkozy visé par une nouvelle plainte pour corruption

La plainte, révélée par le quotidien Le Monde, vise l’ex-chef de l’Etat, son ancien bras droit Claude Guéant, François de La Brosse ainsi que l’ancien Premier ministre qatari Hamad Ben Jassem al-Thani pour trafic d’influence, corruption d’un agent public étranger, association de malfaiteurs, financement illégal de campagne électorale et recel de ce délit.

Pour étayer sa plainte, Anticor s’appuie sur un article de Mediapart, paru en septembre, faisant état de la collaboration à titre gratuit de François de La Brosse, via sa société ZNZ Group, à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, puis en tant que conseiller à la communication à l’Elysée.

En 2011, ZNZ rencontrant des difficultés financières, M. de La Brosse, qui évalue à près de 2,8 millions d’euros les prestations non facturées, sollicite l’ancien chef de l’Etat puis M. Guéant.

Toujours selon Mediapart, qui cite un document d’enquête, ZNZ et la société qatarie Q.Media auraient ensuite signé un protocole d’accord à l’été 2011 pour la création d’une webtélé, « Enjoy Qatar ». Q.Media, appartenant au gendre de M. al-Thani, aurait versé 600.000 euros à ZNZ.

Dans sa plainte, consultée par l’AFP, Anticor évoque également d’autres factures et une prise de participation de Q.Media dans la société française.

« Sommes-nous ici face à une offre de pacte corruptif qui aurait été faite dans l’objectif propre et unique de remercier François de La Brosse pour ses services, ou bien face à la réalisation partielle d’un pacte corrupteur plus vaste qui aurait été conclu antérieurement entre Nicolas Sarkozy et le Qatar ? », s’interroge l’association.

« Claude Guéant n’a fait l’objet d’aucune mise en cause sur ce sujet ancien pour lequel il n’y a rien à lui reprocher », a réagi son avocat, Me Philippe Bouchez El Ghozi.

Anticor souhaite que ces éléments soient joints à l’information judiciaire sur les conditions dans lesquelles, le 2 décembre 2010, la Fifa a attribué au Qatar l’organisation du Mondial de football, qui s’est disputé l’automne dernier dans l’émirat. Anticor est partie civile dans cette affaire.

Dans ce dossier, ouvert depuis 2019, les enquêteurs cherchent à déterminer si la désignation du pays du Golfe a donné lieu à « un marché donnant-donnant » conclu lors d’un déjeuner à l’Elysée le 23 novembre 2010 réunissant M. Sarkozy, Michel Platini, alors président de l’UEFA, et M. al-Thani, prince héritier du Qatar devenu émir en 2013.

Pour l’avocat de l’association, Me Jean-Baptiste Soufron, « il était important qu’Anticor se saisisse de ce dossier en raison de ses liens potentiels avec l’attribution de la Coupe du monde au Qatar d’une part, mais aussi en raison des potentiels trafics d’influence et actes de corruption qui auraient été commis directement en lien avec une campagne présidentielle ».

L’avocat de M. Sarkozy n’a pas répondu dans l’immédiat.