Assemblée nationale : VAR, « prison », tour de pénalité… Les solutions venues du sport pour mieux encadrer les députés

Ambiance de derby au Palais Bourbon. Alors que l’atmosphère est électrique à l’Assemblée nationale depuis 2022, à coups d’insultes, d’interventions coupées et de « coups d’éclat » permanents, l’idée est de calmer le jeu. La présidente, Yaël Braun-Pivet, a donc convoqué une réunion des présidents de groupe cette semaine et des propositions ont été émises, comme le port de la cravate obligatoire ou la fin des sessions de nuit. Paul Christophe, chef des députés Horizons, a même évoqué l’idée de « sanctions intermédiaires », imaginant une sorte de carton jaune, comme au football.
En voilà une bonne idée ! Piocher dans le domaine sportif les méthodes pour rester fair-play. Et ça donnerait quoi si on en transposait certaines à l’Assemblée ? Voici les pistes à explorer (ou pas) :
La VAR, joue-la comme au foot
L’idée la plus évidente, c’est bien sûr l’assistance vidéo. En plein débat dans l’Hémicycle, Yaël Braun-Pivet siffle et dessine un rectangle imaginaire avec ses doigts. Un arbitre assistant présent dans la régie vidéo lui signale dans l’oreillette un comportement suspect sur un des bancs. Faut-il sévir ? Pour en avoir le cœur net, la présidente part revisionner les images de LCP sur un petit écran installé à l’écart.
Le + : On peut tout vérifier, et les anti-VAR du foot auront un nouveau terrain de jeu pour se vautrer dans le « c’était mieux avant ».
Le – : Les débats à l’Assemblée sont déjà très longs, alors avec la VAR…
La « prison », joue-la comme au hockey sur glace
Une solution que l’on aurait pu piquer au rugby ou au hand. Mais rendons au patin ce qui appartient au patin : la « prison », ça vient du hockey sur glace. Un mauvais comportement ? Une fake news martelée ? Hop, 2, 5 ou 10 minutes au « frigo » pour le ou la députée sanctionnée.
Le + : Ça vous donne pas un peu envie de la voir, cette petite cage en plexiglas, juste à côté du perchoir ?
Le – : Attention à ne pas garder toutes les règles du hockey, notamment les mises en échec ou les échanges de coups de poing sous les yeux des arbitres.
Le recul sur la grille, joue-la comme en Formule 1
La F1 vient de reprendre, profitons-en ! Une sortie de piste dans un discours ? Un moteur trafiqué en commission ? Boum, c’est pénalité avec recul sur la grille de départ. Le ou la député fautive dégringole dans l’ordre de passage au micro, au risque de prendre la parole à 3 heures du matin devant… personne.
Le + : Netflix aura plein de matière pour la prochaine saison de Formula 1.
Le – : Vu l’empreinte carbone de la F1, on va mettre cette idée de côté.
Le tour de pénalité, joue-la comme au biathlon
Aie, aie, aie ! Un député essoufflé qui perd ses nerfs et rate la cible plusieurs fois au moment de voter ? Avant de repartir sur les skis, il va devoir faire un ou deux tours de pénalité (sans les sons de cloche de vache dans le public).
Pour la distance à effectuer, partons sur un petit tour du Palais Bourbon en courant. Départ du pont de la Concorde, puis rue Aristide-Briand. Virage à droite rue de l’Université. Re-à droite rue Robert-Esnault-Pelterie, et sprint final sur le quai d’Orsay.
Le + : Un bon moyen de faire du sport gratuitement à l’heure des coupes budgétaires.
Le – : Le biathlon implique la présence de carabines dans l’Hémicycle. Pas certain que ce soit une si bonne idée, finalement.
Le dernier éliminé, joue-la comme au cyclisme sur piste
Parmi les multiples disciplines du cyclisme sur piste, prenons la fameuse « course à l’australienne ». Tous les coureurs font des tours en peloton et à chaque sprint intermédiaire, le dernier qui passe la ligne est éliminé. Puis on recommence jusqu’à épuisement. A l’Assemblée, ça marcherait bien pour l’absentéisme, cet autre fléau. Qui a été le plus absent cette semaine ? Dehors !
Le + : Parions que les bancs de l’Hémicycle seraient plus souvent garnis avec cette méthode.
Le – : Le principe veut qu’à la fin, il n’en reste qu’un. Pas facile pour le ou la survivante d’orienter les politiques de toute une Nation.
Les 3 « mordus », joue-la comme au saut en longueur
Et l’athlétisme, dans tout ça ? Il y a bien l’idée d’utiliser le faux départ – « I did not move ! » –, mais partons plutôt sur la mythique planche d’appel du saut en longueur. Un mot interdit prononcé par un député ? Mordu. Un deuxième mot interdit ? Encore mordu. Un troisième ? Fin des qualifs, adieu la médaille.
Le + : On imagine déjà les députés demander l’appui du public avant leur discours en frappant dans leurs mains.
Le – : Il faudrait donc installer un bac à sable dans le Palais Bourbon. Mais vu que c’est déjà la cour de récré…