Argentine : « C’est scandaleux »… L’annulation du procès sur la mort de Maradona choque ses proches

Tout ça pour rien ? Après deux mois et demi d’audience et 40 témoins entendus, le procès en Argentine sur les circonstances de la mort en 2020 de Diego Maradona a été déclaré nul jeudi. Celui-ci devra recommencer avec de nouveaux juges, après la récusation d’une magistrate pour avoir participé à un documentaire non autorisé. La conduite de la juge Julieta Makintach, qui a été dessaisie mardi, a « engendré un préjudice pour les parties accusatrices comme pour la défense », a estimé lors d’une brève audience Maximiliano Savarino, président du tribunal de San Isidro, en banlieue nord de Buenos Aires.
Il a en conséquence prononcé la « nullité du procès », et acté que celui-ci devra reprendre « avec un autre tribunal », donc d’autres juges que lui-même et sa collègue Veronica di Tomasso. Il n’a pas avancé de date, mais le nouveau procès pourrait ne pas avoir lieu avant plusieurs mois. Le procureur, Patrico Ferrari, a dit espérer qu’il puisse reprendre « cette année ». Avocat des filles aînées de Maradona, Fernando Burlando spéculait lui aussi pour une reprise « avant la fin de l’année ».
Un « intérêt pécuniaire » de l’entourage soignant ?
Dans ce procès phare désormais avorté, qui fascine en Argentine et au-delà, sept professionnels de santé (médecins, psychiatre, psychologue, infirmiers) étaient jugés depuis le 11 mars pour des négligences ayant potentiellement entraîné la mort de Diego Maradona. Le légendaire champion du monde 1986 est décédé à 60 ans le 25 novembre 2020, d’une crise cardiorespiratoire doublée d’un œdème pulmonaire, après des heures d’agonie selon l’accusation, sur un lit de convalescence à Tigre (près de San Isidro), où il récupérait depuis deux semaines, après une intervention neurochirurgicale pourtant sans accroc.
Le procès devait déterminer si la mort d’« El Pibe de Oro » était évitable, et accompagnée de malveillance. L’accusation estime en effet qu’il s’agit d’un « assassinat », tandis que Me Burlando a suggéré un « intérêt pécuniaire » de l’entourage soignant. Les accusés encourent entre 8 et 25 ans de prison, et ils nient avoir eu la moindre responsabilité dans le décès. Le tribunal avait donc vécu mardi un coup de théâtre, avec la récusation d’une des trois magistrates, Julieta Makintach.
« Je les déteste »
Sa position était devenue intenable après la révélation de sa collaboration, à l’insu de tous, à la préparation d’une mini-série documentaire dont elle était la protagoniste clé. « Une mort, une idole, une juge, un procès », promettait la bande-annonce, diffusée mardi à l’audience incrédule. Après cet épisode rocambolesque, des avocats de la défense avaient demandé la reprise du procès, mais avec un nouveau trio de magistrats, considérant celui-ci entaché.
Fernando Burlando, estimait que le procès « avait une sale odeur, de rance. Pour cette raison, il faut nettoyer, tout changer ». Le procureur Patricio Ferrari avait appuyé le changement de juges, évoquant une « contamination horizontale » du procès : « Quelquefois il faut faire deux pas en arrière pour faire un pas en avant ». D’autres avocats réclamaient une reprise des débats, avec seulement un nouveau juge remplaçant Julieta Makintach. Un autre encore, avocat d’un groupe privé prestataire de soins lors de la convalescence, demandait la nullité.
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Vingt audiences en deux mois et demi, dont des témoignages des filles de Diego Maradona pendant de longues heures éprouvantes, se voient officiellement réduites à néant. L’une des filles, Jana, a exprimé sa « colère », après la nullité du procès. « Je les déteste », a-t-elle lancé à l’adresse de la justice. « C’est scandaleux », a commenté de son côté Veronica Ojeda, ex-compagne de la star et mère d’un de ses enfants.